Erdogan : dictateur aux portes de l’Europe ?

Le 24 juin dernier, le président turc Recep Tayyip Erdo?an été réélu pour 5 ans avec 52,2% des voix dès le premier tour. Malgré les accusations de fraude de l’opposition et une campagne inégale, notamment à cause des différences de temps de parole accordé aux candidats (plus de 180h pour le président contre 40 pour Murrahem Ince qui obtient 31% des voix), le parti de la justice et du développement (AKP) obtient la majorité parlementaire grâce à sa coalition avec le parti d’action nationaliste (MHP). Ainsi, R. Erdo?an, en plus de maintenir le pouvoir qu’il détient depuis 2003, confirme le référendum d’avril 2017 visant à transformer le régime républicain en régime présidentiel, qu’il compare lui-même à l’Allemagne d’Hitler. Allusion inquiétante quand on pense à sa condamnation pour incitation à la haine en 1998 suite à la lecture d’un texte ultra-nationaliste.

Une régression des libertés

Cette réélection apparaît comme un choc à l’étranger où nombreux sont ceux qui le considèrent comme un dictateur, notamment suite à l’exacerbation des répressions depuis la tentative de coup d’État en juillet 2016, qu’il justifie par l’État d’urgence. En effet, la liberté d’expression a été gra-vement entachée avec l’arrestation de plus d’une centaine de journalistes pour « insulte au président » ou « propagande terroriste » et la fermeture de plusieurs chaines de télévision. Le pays est ainsi descendu au 151e rang sur 180 du classement de la liberté de la presse. De nombreux cas de torture ont notamment été relatés, ainsi que la révocation de plus de 100 000 fonctionnaires, sans compter l’emprisonnement de la directrice et du président de Amnesty International Turquie, ou encore la répression violente que subissent les kurdes et tous ceux qui soutiennent leur cause. Erdo?an avait aussi promis le rétablissement de la peine de mort s’il devait se faire réélire.

L’islam avant tout

Par ailleurs, bien qu’étant officiellement laïc, l’État, à tra-vers sa politique, s’imprègne petit à petit d’un islam modéré sous couvert du développement de la liberté religieuse, avec la suppression des notions darwinistes et l’enseignement du djihad (effort sur soi-même contre ses passions, et combat pour défendre l’islam) car partie intégrante de la culture musulmane. On ne s’étonne plus du gel de l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, dont elle a fait la demande en 2005, lorsque le fossé culturel est si grand et que le président dénigre ouvertement les droits des femmes, des journalistes, d’une ethnie entière et des défenseurs des Droits de l’Homme. Un homme qui pourtant obtient encore la majorité absolue aux élections…

Jeanne VILLECHENOUX

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