Vers la fin de l’homéopathie ?

Mise au point à la fin du 18ème siècle par Samuel Hahnemann, l’homéopathie se présentait comme une nouvelle manière de guérir, alternative à la saignée qui aggravait l’état du malade plus qu’elle ne le guérissait.Bien connue des Français, elle est utilisée par plus d’un tiers d’entre eux pour soigner des problèmes courants de manière régulière ou non : le stress, le mal des transports… La présence des laboratoires Boiron en France, leader mondial dans le secteur homéopathique, n’a fait que renforcer sa popularité auprès des consommateurs. Mais depuis quelques mois, l’homéopathie fait parler d’elle, provoquant un duel entre médecins et homéopathes.

Qu’est-ce que l’homéopathie ?

L’homéopathie, par définition, est une pseudo-science. Concrètement, cela signifie qu’elle n’a ni démarche scientifique, ni reconnaissance, malgré le fait qu’elle soit présentée sous des apparences scientifiques. Elle fonctionne sur le principe de guérir « le mal par le mal ». Afin de traiter un certain symptôme, l’homéopathe va utiliser une substance provoquant le même symptôme. Pour beaucoup, homéopathie rime avec « médecine des plantes », alors que l’on peut retrouver des produits homéopathiques fait à partir de substances animales, chimiques ou bien minérales. Elle se présente sous la forme de crèmes, d’huiles essentielles, de solutions buvables ou encore de granules.

Mais comment fabrique-t-on des granules homéopathiques ?

La fabrication, assez simple, est basée sur la dilution. À partir d’une solution mère, on prélève une goutte que l’on va diluer avec 99 gouttes d’eau, obtenant ainsi une dilution « 1CH ». En reprenant une goutte de cette dilution « 1CH », que l’on dilue de nouveau avec 99 gouttes d’eau, on obtient une dilution « 2CH », et ainsi de suite. Pour vous donner un ordre d’idée, une dilution « 8CH » reviendrait à diluer une goutte de solution mère dans un lac, une dilution « 12CH » correspond à une goutte dans tous les océans du monde. Les dilutions étant très nombreuses pour l’homéopathie, il n’y a plus de principe actif (contenu dans la solution mère) dans les comprimés que l’on achète, ils ne sont donc composés que de sucre (cela étant démontré par de nombreuse études. Mais alors comment marche l’homéopathie ?

L’homéopathie fonctionne grâce à « la mémoire de l’eau », théorie stipulant que l’eau conserve les propriétés d’une substance mise en contact avec elle, même si celle-ci ne s’y trouve plus. Entre chaque dilution, le mélange est secoué afin que l’eau retienne le pouvoir du principe actif de base de la solution mère. L’eau obtenue après les dilutions est mélangée avec du sucre, puis mis dans des cuves pour faire évaporer l’eau, formant ainsi des comprimés homéopathiques. Vous l’avez donc compris, l’homéopathie fonctionne grâce à « la mémoire de l’eau », avec des comprimés ne contenant plus aucune molécule d’eau…

Pourquoi fait-elle débat ?

De nombreux médecins ont signé une tribune dénonçant l’homéopathie. Principal argument : elle n’est pas en adéquation avec l’obligation d’honnêteté inscrite dans les Codes de déontologie des professions médicales et le Code de la santé publique, ces codes interdisant « la tromperie et le charlatanisme ». Le fait que l’on nomme les préparations homéopathiques comme « médicaments homéopathiques » fait penser aux gens que ceux-ci sont tout aussi efficaces qu’un médicament traditionnel. Or de nombreuses études ont démontré que l’homéopathie a les mêmes effets qu’un simple placebo… La crainte des médecins est que l’homéopathie soit utilisée à tort afin de traiter des maladies graves, nécessitant de réels soins médicaux. Certains pensent que l’homéopathie les guérira d’un cancer, du VIH ou bien d’autres affections. L’année dernière, un enfant Italien est mort à la suite d’une otite soignée pendant deux semaines avec de l’homéopathie.

Alors que l’Assurance Maladie ne rembourse plus les médicaments anti-Alzheimer, car jugé plus nocifs que bénéfiques pour le malade, on peut se demander pourquoi certains produits homéopathiques sont encore pris en charge à 30%. Afin de mettre fin au débat entre médecins et homéopathes, le Ministère de la Santé a saisi la Haute Autorité de Santé afin de juger l’efficacité des médicaments homéopathiques et du maintien du remboursement. Les résultats de cette étude sont attendus pour février 2019.

Miguel Pinto

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