Je ne ferai rien de mal pendant que tu es parti
Je ne ferai rien de mal (oo)
Car j’en n’ai pas envie (oo)
Tout ce que je demande (oo) (Hoo)
C’est un peu de respect quand tu rentres à la maison (juste un peu)
(…) R-E-S-P-E-C-T Trouve ce que cela veut dire pour moi
R-E-S-P-E-C-T Prends soin

Respect, Aretha Franklin, 1967

La scène musicale soul est en deuil depuis la disparition, le 16 août dernier, de sa reine incontestée, Aretha Franklin. Réciter une petite prière en son honneur ne suffira pas, il nous faut réveiller la ferveur politique des morceaux mythiques qui ont forgé sa renommée. C’est le morceau « Respect » qui a révélé l’étendue de son talent au grand public. Enregistrée le jour de la Saint Valentin en 1967 pour l’album I Have Never Loved a Man the Way I Love You, cette chanson est tout sauf une déclaration d’amour aveugle et dévouée.

Originellement composé et enregistré par Otis Redding en 1965 pour l’album Otis Blue, c’est grâce à Aretha et sa version revisitée que le morceau est entré dans la postérité. En modifiant le refrain, la « Queen of the soul » en transforme radicalement la signification. Le schéma traditionnel du mari rentrant du travail et s’attendant à retrouver sa femme docile se voit bouleversé par cette puissante voix féminine qui clame, répète et va même jusqu’à épeler ce qui lui est dû (ou « son dû ») : le respect.

Bien que la chanteuse s’en soit défendue, une ambiguïté persiste quant au caractère sexuel de certaines paroles telles que « sock it to me » (« vas-y, envoie »). Le producteur discographique Jerry Wexler affirme lors d’une interview pour le magazine Rolling Stones : « La ferveur dans la voix d’Aretha exigeait ce respect, et cela impliquait aussi une attention du point de vue sexuel… ».

Véritable succès commercial ( n°1 des ventes pendant plus de douze semaines et deux Grammys gagnés), « Respect » n’en reste pas moins, selon l’expression d’Aretha, « un hymne féminin, un cri de bataille, un mantra », devenu un symbole des revendications féministes et en faveur des droits civiques aux États-Unis.

Alice TIZON

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *