Vous connaissez sûrement son nom, mais il y a peu de chance que ce soit pour son oeuvre littéraire. Alexandra David-Néel est une grande figure féminine du XXe siècle, surtout connue comme exploratrice. Célèbre pour être la première femme d’origine européenne à avoir pénétré en 1924 dans la mythique ville interdite de Lhassa, elle entreprit un périple en Asie de 1911 à 1925. Érudite, A. David-Néel prônait l’émancipation des femmes et constituait un phénomène de liberté et de vitalité à son époque : journaliste, spécialiste du bouddhisme, franc-maçonne, aventurière… une Femme hors normes. Mais on oublie souvent qu’elle fut aussi une artiste : cantatrice dans sa jeunesse (elle a suivi des cours au Conservatoire de Bruxelles), elle décide plus tard de se lancer dans l’écriture d’un roman qui n’a jamais été publié, jusqu’à ce jour…
Sous la forme d’un journal intime, Alexandra David-Néel fait résonner la voix d’une jeune femme, Cécile Raynaud, passionnée par l’art et avide de liberté. Issue d’une famille pauvre, elle parvient à obtenir un premier prix de chant au Conservatoire. Mais une fois lancée dans sa carrière, elle se heurte très vite à la réalité : le talent n’est pas un critère de réussite dans le monde du théâtre et de l’opéra de l’époque… Elle multiplie les petits contrats désavantageux (parfois impayés) et vit tant bien que mal, miséreuse. Après un moment de lutte, et de grosses difficultés, Cécile cède face au dénuement et à sa soif de reconnaissance : ne pouvant subvenir à ses propres besoins, elle suit l’exemple de ses camarades et accepte la protection d’hommes qui se succèdent. Elle devient un objet sexuel et subit leurs fantasmes et leurs caprices. Cécile décide de sacrifier sa liberté par amour pour l’art. De désillusions en échecs, elle n’a de cesse de rebondir dans l’espoir de trouver sa place dans le monde perverti du « Grand Art ».
Date de Sortie : 11 octobre 2018
Charlotte BRÉHAT