La catastrophe du mois dernier en Indonésie porte à 1 374 le nombre de tués par le séisme et le tsunami, dans une région pourtant coutumière des activités sismiques. Des dysfonctionnements du système d’alerte à la population, avec une fausse levée d’alerte tsunami, ont certainement contribué à alourdir ce bilan. C’est un facteur crucial : dans les cas de catastrophes imminentes, disposer d’une information fiable et rapide permet de limiter les pertes humaines.
Les objectifs sont clairs : éviter la saturation des réseaux de communication téléphoniques, routiers ou internet nécessaires aux secours, faire passer des consignes à la population. Différentes stratégies existent pour mener à bien cette mission. En France, le système d’alerte est testé tous les premiers mercredis du mois au cas où, d’aventure, les autorités devaient déclencher l’alerte. Ce système composé de 4500 sirènes réparties sur le territoire est un héritage de la Seconde Guerre Mondiale, bien qu’il n’ait jamais servi en condition réelle depuis. Depuis 2014, le gouvernement a fait le choix d’une application mobile répondant au doux nom de SAIP (pour Service d’Alerte et d’Informations aux Populations) en complément de cet ancien système, jugé obsolète. Malgré une mise en place jugée longue et difficile par différents rapports, elle permet théoriquement d’alerter sur tout type d’événement comme les inondations, les feux de forêt… Mais les dysfonctionnements lors des différents attentats des dernières années ont mis en lumière les faiblesses du système.
D’autres pays ont adopté des stratégies différentes : au Japon, lors des nombreux séismes qui secouent l’île, tous les habitants de la zone reçoivent un SMS géolocalisé – qui fait soudainement hurler votre téléphone – avec toutes les informations contextuelles. Ce système, très performant, permet également aux autorités d’interrompre le trafic des trains dans les minutes qui suivent, puis de le faire repartir tout aussi rapidement.
Ces questions représentent d’énormes enjeux dans les pays du Sud, là où les infrastructures nécessitent encore beaucoup d’investissements et où les informations sont souvent défaillantes. Mais un facteur vient changer la donne : le taux d’équipement croissant de la population en téléphonie mobile. Cet essor permettrait de limiter les pertes humaines dues au manque d’information, facteur souvent limitant dans ces situations. L’autre point crucial est l’entraînement et l’éducation des populations.
En amont, certains pays ne disposent pas forcément de services météorologiques dignes de ce nom. Bien qu’il existe des systèmes d’alerte internationaux, la coopération entre les pays d’une même zone géographique pourrait être améliorée afin de mutualiser les moyens, mais ces projets n’échappent pas aux réalités géopolitiques régionales.
Aurélien BILLARI