Quand l’éducation sexuelle fait débat

En août dernier, une mesure du gouvernement faisait polémique. Sur les réseaux, c’est en effet le déchaînement : des cours d’éducation sexuelle seraient au programme dès la maternelle à la rentrée 2018. Une intox peu surprenante pour un sujet malheureusement toujours sensible en France.

Une loi vieille de 17 ans

À l’origine de la controverse, on trouve la loi portée par Marlène Schiappa, Secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, renforçant la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Mais on a beau fouiller le texte de loi, on ne trouve rien concernant des cours d’éducation sexuelle. À part, peut-être, l’article 10 qui rend obligatoires la sensibilisation du personnel enseignant aux violences sexistes et sexuelles et la formation au respect du non-consentement. En fait, Mme Schiappa annonce simplement qu’elle réaffirmera dans une circulaire – parue le 12 septembre – une loi de 2001 prévoyant trois séances annuelles d’éducation à la sexualité dès l’école primaire, jusqu’alors peu appliquée. Le texte précise même qu’il ne s’agit pas pour les plus jeunes d’une « éducation explicite à la sexualité », mais plutôt d’une réflexion sur des thèmes allant du respect du corps et de l’intimité à l’égalité fille-garçon. En somme, beaucoup de bruit pour rien.

Où d’autre qu’à l’école ?

Comme d’habitude, quand l’éducation sexuelle est débattue, beaucoup de personnes mécontentes affirment qu’elle n’a pas sa place à l’école de la République. Cependant l’a-t-elle à la maison ? Il va sans dire que quand on est enfant ou adolescent, parler de sexualité avec ses parents entre le plat et le dessert n’est pas vraiment quelque chose d’admis. La peur du jugement ou simplement le besoin d’intimité installent très vite ces barrières – sans oublier que ces derniers ne sont pas forcément les plus informés en la matière.

Quand l’école met en place des séances tenues par des associations agréées pour l’intervention en milieu scolaire, proposant un travail pédagogique sérieux, ludique et adapté à l’âge de chacun, ces moments d’échanges deviennent vite une parenthèse nécessaire dans une société où il est encore très difficile de parler de sexualité. Mais encore faudrait-il que ces séances se déroulent réellement, car c’est un sujet trop important pour qu’on le laisse à n’importe qui.

Devenir le meilleur adulte possible

Ceux qui dénoncent l’éducation sexuelle à l’école sont souvent les plus virulents face à l’accès trop facile aux contenus pornographiques qu’auraient les adolescents. Mais à l’époque d’internet, il semble impossible de contrôler ce que les plus jeunes peuvent ou ne peuvent pas voir. Aborder le consentement, le respect de l’autre, parler de plaisir, des différentes orientations sexuelles, mais aussi de la diversité des corps est la meilleure des choses à faire pour donner une autre image de la sexualité et briser les clichés que pourraient véhiculer ces contenus. Oui : parler de reproduction, de maladies et de contraception en cours de SVT ne suffit pas à préparer à ce qui sera parmi les choses les plus importantes de notre vie d’adulte.

Juliette TESTAS

Illustration : Samy DARIN

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