Pour échapper à l’actualité et au temps morose de Paris, vos humbles serviteurs se sont réfugiés au théâtre Pixel dans le 18e arrondissement. Ce petit cabinet d’une trentaine de sièges, allait nous offrir une curiosité capable d’ensoleiller notre journée.

La pièce « Grands-Mères » est écrite, mise en scène et interprétée par la compagnie Page Blanche, créée en 2013. Sur scène Marie, Thomas et leur deux valises vont planter le décor d’une histoire qui nous fera rire, qui saura nous saisir mais qui jamais ne nous plongera dans l’indifférence. Après cinq premières minutes d’improvisation en interaction avec le public, on abandonne la possibilité d’une pièce classique de théâtre quand on apprend que l’un des personnages semble s’être réveillé privé du souvenir de sa grand mère. Nous nous retrouvons alors témoins d’une séance de psychanalyse maladroite, aux méthodes des plus absurdes. On y découvre une multitude d’artefacts, associés à l’imaginaire de nos mémés, destinés à raviver la mémoire de l’être cher, dont le visage s’est effacé.

Au travers d’une pérégrination poétique au royaume du troisième âge, nos compères explorent la question de ce qu’est une grand-mère, et abordent par ce biais le problème de la transmission et du don des souvenirs. La tentative de soutien, trop oppressante pour notre amnésique, apportée en réponse à l’oubli les mènera à la confrontation. Celle-ci illustrera la difficulté d’évoquer autrui, alors qu’ayant un passé et des expériences propres, on ne sait jamais parler que de soi.

« Quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Avec ce proverbe, Marie nous résume la volonté qui les a poussées à exposer sur les planches, les liens que nous partageons avec nos mamies. Pour les deux acteurs, il était aussi important de pouvoir replier dans leurs valises ce petit univers, pour à tout moment faire vivre la création de la compagnie grâce au théâtre de rue. En attendant que les beaux jours reviennent et de les croiser sur les boulevards parisiens, la compagnie Page Blanche vous attend au théâtre Pixel pour découvrir cette étonnante fulgurance à 16h tous les dimanches jusqu’au 20 janvier. L’entrée est à 10 euros pour les étudiants grâce au tarif réduit, 13,5 sinon.

Guillaume MOINARD

Illustration : Yassine MAACHOU

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