L’Homme a longtemps nourri ses fantasmes avec les découvertes technologiques. Les récits comportant des automates remontent à des siècles et c’est naturellement que la création de la robotique et des premières IA a grandement alimenté l’imaginaire collectif. Dans les récits de science-fiction, les robots ont très rapidement trouvé une place dans le fantasme de la création destructrice, en tant qu’œuvre ultime de l’humain destinée à le renverser. La notion d’IA étant pour beaucoup similaire à l’idée de création de la vie, le parallèle avec des œuvres telles que Frankenstein fut fait. L’idée de l’homme se prenant pour Dieu et se faisant dépasser par le fruit de son arrogance devint norme, et l’IA était crainte, terrible esprit vivant devenu maître de son créateur. Encore aujourd’hui, des œuvres majeures par leur influence et leur notoriété traitent IA et robots de cette manière. Les deux plus évidentes étant probablement Matrix et Terminator. Dans les deux récits, l’humanité est sous le contrôle des machines qui, grâce à plus d’intelligence et de pouvoir, ont pu prendre le dessus sur l’homme.

La question que l’on peut alors soulever est celle que s’est posée Isaac Asimov avant d’écrire ses premières nouvelles : imaginer une IA capable de renverser l’Homme a-t-il vraiment un sens?

C’est en se basant sur une réponse négative qu’il écrivit à la moitié du XXe siècle deux suites de nouvelles, devenues romans : Le Cycle des Robots et Le Cycle de Fondation. Les deux sagas sont liées dans leur narration et Fondation, premier roman de sa série, est reconnu comme l’un des plus importants et des meilleurs récits de science-fiction.

Le postulat d’Asimov est que l’homme ne créera pas d’IA dangereuse sans d’une part implémenter en sa racine des principes qui l’empêchent de nuire à l’humanité, et d’autre part sans l’encadrer proportionnellement à sa puissance. Il énonce ainsi les lois de la robotique, qui empêchent fondamentalement tout robot de nuire à un humain, et nous narre au début du Cycle des Robots, la manière dont les progrès en robotique sont testés et encadrés. Les robots ont alors un rôle de protecteurs de l’humanité, êtres supérieurs par leurs capacités, mais au service de l’Homme, principalement pour lui permettre de coloniser l’espace.

Il se démarque ainsi de la crainte des IA intrinsèque à un récit de science-fiction à son époque, et crée un nouvel imaginaire qui aura un immense impact par la suite.

Aujourd’hui les deux influences se mélangent et chacune a ses adeptes. Robots destructeurs ou robots accompagnateurs, IA rebelle ou IA asservie, Matrix ou Fondation.

Antonin CARDINAUD

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