Inégalités face au travail domestique

Que disent les chiffres ?

Faire la vaisselle ou à manger, jouer avec les enfants, jardiner, réparer un meuble : toutes ces petites actions du quotidien sont du travail domestique, défini comme « tout travail gratuit effectué dans la domus (maison, famille) au sens large et sociologique » par la sociologue Christine Delphy. Depuis toujours, dans toute société, les individus se sont adonnés à cette production non marchande, qui s’est vue profondément mutée par les nouvelles technologies.

Il n’en résulte pas pour autant une équitable répartition des tâches. Plusieurs variables influent : le sexe, l’âge ou encore l’origine sociale.

Le facteur prépondérant est sans nul doute le sexe. Selon L’INSEE, c’est aujourd’hui 64% du travail domestique qui est réalisé par les femmes. Les sociologues, anthropologues et ethnologues ont toujours et sans exception constaté une spécialisation sexuée des tâches.

L’enquête « emploi du temps » de l’INSEE donne des chiffres alarmants : sur une journée en 2010 en France, une femme consacre en moyenne 3h52 au travail domestique contre 2h24 pour un homme. Ceci est loin d’être l’unique différence entre les tâches des hommes et des femmes. Les femmes sont en charge des activités intérieures (ménage) et les hommes des activités extérieures (jardinage). On pense ainsi leurs activités en termes de complémentarité, et non d’équivalence. Les tâches des hommes se trouvent valorisées quant à celles des femmes, pour lesquelles il est naturel de s’occuper du foyer et des enfants. Une sorte « d’instinct maternel »… Au contraire, quel exploit a accompli l’homme en montant ce fameux meuble IKEA !

Ces dernières années, une baisse significative du temps consacré par les femmes au travail domestique est constatée. Prise de conscience sociétale ?

L’évolution résulte surtout de la démocratisation de l’accès aux nouvelles technologies. Si le temps global consacré au travail domestique a baissé, le ratio homme/femme reste inégal. Ce phénomène est à lier directement à la vie professionnelle des femmes, bien souvent moins valorisée. Les inégalités dans la sphère professionnelle et domestique s’entretiennent réciproquement.

Le défi n’est donc pas seulement d’améliorer nos conditions de vie par le développement des technologies, mais aussi l’évolution des mentalités. Les garçons, il serait peut-être temps de se bouger !

Louise BRUNET

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