La rédaction vous propose de voyager à petit prix cet été, en immergeant dans les témoignages d’étudiants qui reviennent d’une année à l’étranger. C’est tout d’abord Colleen, qui a vécu dix mois en Italie, qui nous raconte son aventure.
Colleen, pourquoi voulais tu partir ?
J’ai toujours voulu partir à l’étranger après l’obtention de mon baccalauréat, prendre une année sabbatique pour profiter de la vie, pour découvrir autre chose, pour changer et grandir. Ma mère avait fait la même chose, c’était donc comme une évidence, comme un rite de passage à l’étape supérieure de la vie.
« Rester c’est exister, mais voyager c’est vivre »
Ces paroles de Gustave Nadaud sont bien justes. Voyager nous ouvre l’esprit, nous fait grandir et nous permet de découvrir les merveilles du monde.
J’ai choisi l’Italie pour ses traditions, sa culture, ses villes et sa gastronomie. J’étais amoureuse de Vérone, du Parrain et de l’importance donnée à la famille ; et je voulais tester la dolce vita et le farniente.
Je suis partie avec AFS Vivre Sans Frontières, branche française du réseau international AFS Intercultural Programs né lors de la Première Guerre Mondiale. C’est une association de loi 1901 agréée par le ministère de l’Éducation nationale et reconnue d’utilité publique depuis 1965. Elle permet à des centaines d’adolescents et de jeunes adultes de profiter de séjours linguistiques et intercuturels uniques.
Avec AFS, les participants sont placés dans une famille d’accueil et dans une école du pays de leur choix ; le but de l’expérience étant d’être totalement en immersion. L’autre point positif, c’est que les jeunes ne sont jamais vraiment seuls, ils sont entourés de bénévoles et d’autres participants de leur âge. Pour ma part, dès que j’ai quitté mes parents, j’étais avec cinq autres français qui partaient également pour l’Italie. Une fois arrivés à Rome, nous avons rejoint les autres arrivants et nous nous sommes retrouvés à plus de 600 jeunes du monde entier dans un grand hôtel. La tristesse du départ laisse alors place à l’excitation de commencer une nouvelle vie et de rencontrer tant de nouvelles personnes d’origines et de cultures différentes.
Puis, une fois la nuit passée tous ensemble, le départ en bus vers les familles et les régions d’accueil commence. Tout se fait toujours en groupe et sous la responsabilité de bénévoles bienveillants et joviaux.
Comment ça c’est passé une fois rendue là-bas ?
Une fois arrivés à destination, nous nous sommes tous séparés, nous avons rejoint nos familles d’accueil respectives et nous avons commencé à vivre cette singulière expérience.
Tout est beau car nouveau les premières semaines.
AFS fait en sorte que les participants s’épanouissent et ne connaissent pas trop de difficultés ; il y a un suivi régulier avec des bénévoles qui deviennent bien souvent des amis, des cours particuliers d’italien avec des professeurs compétents et attentifs et un coordinateur scolaire qui favorise l’intégration dans la classe.
Ce qui aide beaucoup ce sont les autres participants qui se trouvent dans la même ville ou dans la même région. En effet, des rassemblements sont organisés par AFS pour permettre aux jeunes de ne pas se sentir seuls et pour renforcer cet esprit de tolérance et de partage que prône l’association ; des rencontres moins officielles sont également organisées par les jeunes eux-mêmes. En ce qui me concerne, je considère mon groupe d’amis AFS comme une véritable famille avec qui j’ai vécu beaucoup de choses et qui me comprend mieux que personne ; c’est ce qui est beau avec cette expérience.
La famille est également un facteur important du bien-être du participant. Si elle ne lui correspond pas, il peut en changer à raison de deux changements maximum et seulement si une autre famille peut l’accueillir – car les familles ne sont pas payées et se proposent bénévolement de recevoir les jeunes ; il n’est donc pas évident d’en trouver.
Tu t’es bien entendue avec ta famille d’accueil ?
J’ai d’abord eu une famille avec laquelle ça ne collait pas du tout, nous ne nous correspondions pas alors j’ai pu en changer au bout de trois mois. Le changement a été assez brutal et difficile car inattendu – même si désiré – et j’ai directement été hébergée par ma seconde famille d’accueil.
Mon deuxième foyer était parfait, plein de vie, d’amour et représentatif de l’idée que l’on se fait de la typique famille italienne : déjeuner tous les dimanches chez les grands-parents avec les cousins, les cousines, les oncles et les tantes, le parlé avec les gestes, la nourriture abondante, les rires, la joie et la passion toujours présente et exprimée. Grâce à elle, j’ai pu apprendre l’italien : sa langue officielle, ses expressions, son dialecte et ses gestes.
Cependant, d’autres participants n’ont pas eu la chance d’avoir une telle famille. Il n’est pas garanti aux jeunes de trouver un foyer qui leur correspond et quelques uns sont rentrés chez eux pour cette raison. C’est une expérience difficile et un certain soutien familial est nécessaire.
Était-ce facile de s’intégrer ?
Ce qui est bien en Italie du Sud, c’est que les personnes sont ouvertes et accueillantes ; il est assez facile de se faire des connaissances qui deviennent rapidement des amis.
L’école est le premier et le meilleur lieu d’intégration. On y rencontre des élèves qui sont tout autant curieux de nous que nous le sommes d’eux. Puis, avec le temps, nous nous rendons compte que ces nouvelles personnes ne sont pas si différentes de nous et que les diverses nationalités et cultures ne sont en rien un obstacle à l’amitié.
J’étais en dernière année de lycée – le système scolaire italien comprenant un an de plus que le nôtre. Ma classe n’était pas très attentive, chantait, dansait, parlait, sortait de la classe ; et même si j’avais cherché à écouter les professeurs, je n’aurais pas pu. Je n’ai pas appris grand chose de ce que j’aurai aimé apprendre au niveau scolaire mais j’ai appris bien plus au niveau personnel.
Être bienveillant, à l’écoute et patient est souvent la meilleure façon de comprendre le fonctionnement d’une société et de s’y intégrer. De plus, les italiens sont assez bavards et avides de partager leurs connaissances, leurs habitudes et leurs traditions ; il n’est pas difficile de se lier.
Je me suis donc rapidement et facilement fait des amis. Ils m’ont intégrée dès le premier jour, me charriant comme l’une des leurs en projetant en pleine classe la finale de la coupe du monde de football de 2006, par exemple. Ils ont partagé leurs moeurs avec moi, ils m’ont enseigné leur manière de profiter de la vie et ils ont beaucoup fait pour moi, depuis le début, jusqu’à la fin et aujourd’hui encore.
Comment gérer le départ et le retour au pays ?
Le départ est l’une des plus dures étapes de l’expérience. Il est plus triste que l’arrivée car nous savons que rien ne sera plus jamais identique – la vie que nous menions, le rassemblement des membres du groupe AFS en un même lieu, etc.
Il se dit que l’on pleure deux fois dans le sud de l’Italie, la première fois lorsque l’on arrive et la seconde lorsque l’on s’en va, c’est bien vrai. Il faut d’ailleurs plusieurs jours – voire plusieurs semaines – pour se remettre de la fin de l’expérience, et c’est très dur pour tout le monde, du participant à sa famille d’accueil, des responsables bénévoles aux amis.
Toutefois, la tristesse du départ est atténuée par la joie de retrouver son pays, sa maison, sa famille et ses amis. Et puis, avec le temps, on se rend compte que cette expérience est l’une des plus belles de notre vie mais qu’elle se doit d’avoir une fin. On réalise à quel point elle nous a fait grandir, ce qu’elle nous a fait découvrir et comment elle a ouvert notre esprit. On comprend que le monde est différent mais pas si mauvais ou dangereux que l’on pouvait l’imaginer, et que c’est cette différence qui fait sa beauté.
Si je pouvais revivre cette expérience, je n’hésiterais pas une seconde, et je conseille vivement à nos lecteurs d’en tenter une de la sorte. Voyagez, osez, vivez !
Témoignage de Colleen GUÉRINET