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Bacon en toutes lettres

   Bacon, en toutes lettres au centre Pompidou, est une exposition réunissant des chefs-d’oeuvres réalisés par le peintre anglais Francis Bacon à l’automne de sa vie. La thématique choisie par le musée se concentre sur le goût invétéré de Bacon pour la littérature de toutes les époques.

  Exposition du 11 septembre 2019 au 20 janvier 2020 au centre Pompidou à Paris.

Ne craignez pas d’être un profane devant ce psychisme pictural : faites plutôt confiance à votre intuition pour vous laisser pleinement impressionner.
Le cheminement parmi la soixantaine de chefs-d’œuvres, entraîne le spectateur dans une expérience quasi fantastique : les visages sont défigurés et les silhouettes déformées donnent à voir des amas organiques d’autant plus cohérents qu’ils sont aberrants. Pour les figures humaines, la palette du maître est à l’image de la vie : les multiples nuances se coordonnent comme dans un système vivant. Les membres du corps enchevêtrés fusionnent et leurs mouvements, décomposés, reflètent la temporalité indissociable de la matière. 

En quelques sortes, Bacon peint les contours de l’âme. Alternativement, il atrophie ou hypertrophie la mémoire,  notamment à travers les courbes toujours plus véloces de ses « études du corps humain ».
Au contraire, les « décors » saisissent par leurs aplats de couleurs extrêmement vives et leurs formes géométriques aussi figées que parfaitement dessinées. De ces espaces stupéfiés ressort un contraste flagrant entre la matière vivante spiritualisée et le monde des choses inanimées.
En parallèle, le choix du peintre de faire communiquer ses toiles en trinité renforce la dynamique temporelle et spatiale. Il y a fort à sentir que Bacon peint la face cachée de la réalité, l’origine mystique derrière un ressenti indicible. Ainsi, fasciné par les travaux de Freud, Bacon fait émerger l’inconscient dans le monde visible, phénomène illustré par les trois chimères aux bouches humaines sur un fond sanglant d’un des douze triptyques de l’exposition.

Finalement les souterrains organiques et spirituels de la vie humaine font vite oublier l’angle littéraire proposé par l’exposition. En effet, l’intellectualisme est complètement submergé par la complexité d’une vie humaine et les infinités de relations sur lesquelles elle se base. Le royaume des mots perd tout repère au milieu de ces toiles-individus, sortes de canal vers la dimension latente de notre perception de la réalité.


Juliette LEMOINE

 

Crédit photo : Exposition-parisinfo

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