Site icon Alma Mater

La Playlist d’Halloween

Aux Etats-Unis, Halloween est fêtée par les plus jeunes à travers la tradition du porte à porte pour réclamer des bonbons, appelée « trick or treating ».  Mais les adolescents et les adultes ne sont pas en reste pour autant : si vous vous sentez trop vieux pour aller réclamer des bonbons, vous pouvez participer à une « House party », où vous aurez l’occasion de montrer votre penchant pour la pop culture avec un costume épique (notre guide du déguisement sera là pour vous assister dans votre transformation diabolique). Ces soirées ne seraient rien sans une bande-son atmosphérique, remplie de titres cultes. Nous vous avons donc concocté une playlist, disponible sur Spotify sous le titre « Halloween tunes Alma mater », ainsi qu’un petit guide des dix chansons les plus emblématiques d’Halloween. 

 

#1 : This is Halloween, Danny Elfman, 1993

This is Halloween est la chanson la plus connue du dessin animé de Tim Burton L’Etrange de Noël de Monsieur Jack ( The Nightmare Before Christmas en VO), sorti en 1993. Cette chanson, écrite et composée par le célèbre compositeur américain Danny Elfman, est devenue un phénomène culte et a été reprise par Marilyn Manson dans une version bien plus sombre en 2006. Elle donne la voix aux habitants d’Halloween Town, célébrant l’élection annuelle du Pumpkin King. Pleine de clins d’œil culturels et de voix gentiment monstrueuses, elle vous donnera envie de vous déguiser vous aussi ( …ou de vérifier  s’il n’y a rien sous votre lit ).

#2 : The Monster Mash, Bobby “Boris” Pickett, 1962

En deuxième place, une chanson peu connue outre-Atlantique, mais à l’influence immense. Ce titre humoristique écrit et chanté par Bobby Boris Pickett foisonne lui aussi de clins d’œil à la pop culture et au cinéma d’horreur des années 30, 40 et 50.  La chanson est narrée par un savant fou qui a la grande surprise de voir sa créature se lever soudainement de sa table de dissection pour exécuter une nouvelle danse. Le savant la baptise le « Monster Mash », une référence à la danse du « Potato Mash » qui était très populaire au début des 60s, et décide d’inviter toutes les goules du Royaume pour une fête démente. Pickett tentait alors de percer dans le cinéma et son imitation du célèbre acteur de films d’horreur Boris Karloff était très populaire. La chanson mobilise ses talents d’acteur et de chanteur à travers des effets sonores qui frisent le kitsch mais qui mettent de bonne humeur avec une galerie de monstres hauts en couleurs,  une mélodie entraînante et un refrain choral très sixties.

#3 :  The Exorcist theme song, Mike Oldfield, 1973

C’est sans contexte l’une des mélodies les plus angoissantes et les plus reconnaissables de toute la pop culture…voici à présent  le thème musical du film d’horreur révolutionnaire The Exorcist, sorti en 1973. Quand le multi-instrumentiste britannique Mike Oldfield sort son premier album :  Tubular Bells, le flop commercial menace. Par chance un extrait de l’album : « Introduction to part One », est utilisé dans le film « L’Exorciste » sorti la même année. Avec ses sons métalliques et étranges, la mélodie incarnait parfaitement la menace surnaturelle du démon Pazuzu, le grand antagoniste du film. Le succès est  énorme.

Trivia : Mike Oldfield lui-même aurait refusé de voir le film, le trouvant trop effrayant. 

#4 : Psycho Killer, Talking Heads, 1977 

Cette chanson culte est extraite du premier album du groupe Talking Heads, sobrement intitulé  Talking Heads  et sorti en 1977. Les paroles semblent relater les pensées d’un serial killer, sûrement atteint de troubles psychiatriques. La chanson est entourée d’une aura morbide dès sa sortie car elle est contemporaine des crimes du tueur en série américain Son of Sam qui terrifiait alors les New-Yorkais. La chanson traduit aussi l’obsession des années 70 pour les serial killers, amorcée près de dix ans plus tôt par le meurtre atroce de l’actrice Sharon Tate et de ses invités par la famille Manson au 10050 Cielo Drive.

Trivia : la chanson a été utilisée dans plusieurs épisodes de la série historique Mindhunter, disponible  sur Netflix,  qui retrace les progrès du profiling dans les 70s. Elle est notamment utilisée dans l’épisode où les agents du FBI interviewent le terrifiant Ed Kemper.

#5 : Thriller, Michael Jackson, 1982 

Thriller est un single de Michael Jackson paru dans l’album du même nom sorti en 1982. La chanson s’illustre par un style pop mêlé d’éléments de funk. Elle est mise en valeur par un monologue du monstre sacré du cinéma d’horreur : Vincent Price. Le succès de la chanson s’explique aussi par son clip révolutionnaire en 1982.  Il se distingue à l’époque non seulement par son budget effets spéciaux, mais aussi par sa longueur : quatorze minutes pour la version longue. Cet hommage au cinéma continue avec une mise-en-abîme dans une salle de cinéma au tout début du clip.  Le clip parodie ensuite tous les films de loups-garous des années 50, mais aussi la mode des films de morts-vivants, lancée par le classique de George A. Romero : La nuit des morts-vivants  ( 1968).  Enfin, Thriller a dûment gagné sa place au sein de la pop culture avec sa chorégraphie de groupe montrant les talents de danseur de Michael Jackson,  souvent reproduite à la période d’Halloween. L’énorme succès de Thriller a également contribué à ouvrir MTV aux artistes de couleur américains qui souffraient alors d’un manque de visibilité sur les chaînes mainstream. 

Trivia : Michael Jackson affectionnait apparemment le surnaturel, car il remit le couvert avec la chanson  Ghosts  sortie en 1997. Son clip, digne d’un film d’horreur paranormal des années 90, dure en version longue trente-sept minutes  et associe chorégraphie de zombies et effets spéciaux fous. 

#6 : Ghostbusters, Ray Parker Jr., 1984 

L’importance d’Halloween s’est accrue à travers un nombre incalculable de films cultes et leurs bandes sons sont aujourd’hui les incontournables d’une playlist réussie. Film favori de nombreux (grands) enfants, Ghostbusters raconte l’histoire de trois parapsychologues fauchés travaillant à l’université de Columbia. Après une expérience paranormale réussie  au sein de la faculté, ils sont tous les trois congédiés par le recteur. Sans ressources, ils ont l’idée géniale de créer un service à domicile de chasse aux fantômes, une sorte de dératisation surnaturelle. Le chanteur afro-américain Ray Parker Jr., qui est alors un pionnier des clips musicaux, est aux commandes de la composition, de l’écriture et de la performance de cette chanson. Les paroles fonctionnent comme une pseudo publicité pour le service des ghostbusters, imitant les très populaires TV ads (publicités intercalaires) des années 80. Dans le clip, Ray Parker Jr. incarne un fantôme qui tourmente une jeune femme. Celle-ci fait appel à l’équipe des Ghostbusters et une série de caméos hilarants commence alors. Il est important de noter que Ray Parker Jr. n’eut que quelques jours pour écrire la chanson. 

Trivia : La chanson est restée numéro 1 du top 100 Billboard Hottest pour près de trois semaines en 1984, et revient périodiquement dans les charts.

#7 : I put a Spell on You, version de Bette Midler, 1993

Composition originale du chanteur  afro-américain Jalacy « Screamin’ Jay » Hawkins diffusée pour la première fois en 1956, la chanson a connu un immense succès et un grand nombre de covers à travers les décennies. Hawkins utilisait déjà des accessoires macabres pour ses concerts, et c’est donc tout naturellement que des chanteurs comme Marilyn Manson se sont emparés de cette chanson parlant d’occulte et de magie. La version qui nous intéresse est tirée du film Disney Hocus Pocus sorti en 1993. Elle est chantée par l’actrice et chanteuse multi récompensée Bette Midler.  Cette dernière ainsi que Kathy Najimy et Sarah Jessica Parker incarnent les soeurs Sanderson, pendues par les habitants de Salem en 1693 pour avoir pratiqué la sorcellerie et  avoir tué un enfant. Les sœurs sont en effet de puissantes magiciennes et avant leur exécution, Winifred lança un sort qui pourrait permettre leur résurrection. C’est bien entendu ce qui arriva trois siècles plus tard alors que les dites sorcières reviennent dans l’intention d’absorber l’âme de tous les enfants de la ville pour obtenir la jeunesse éternelle. Malgré son maquillage grotesque et tous les effets comiques de la scène, Bette Midler délivre, comme toujours, une performance vocale puissante et entraînante.

La chanson n’est malheureusement pas disponible sur Spotify. Voici malgré tout un extrait du film sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=gwpaA5HGo9k 

Les versions de Nina Simone et l’original sont également dans la playlist.

 

#8 : Superstition, Stevie Wonder, 1972

Superstition est tirée du quinzième album studio du chanteur-compositeur afro-américain Stevie Wonder, arrivé dans les bacs en 1972. Elle a été co-écrite par le musicien et chanteur Jeff Beck. Cette chanson énumère toutes les superstitions populaires qui nous terrifient, du chat noir au chiffre 13, tout en constituant une critique de l’obscurantisme intellectuel que peut provoquer un esprit superstitieux. « When you believe in things/ That you don’t understand, / Then you suffer, / Superstition ain’t the way” = Quand on croit à des choses/ que l’on ne comprend pas / alors on souffre / On ne doit pas se reposer sur la superstition pour diriger sa vie » scande le refrain de la chanson. Non seulement la mélodie accrocheuse de la chanson, mise en valeur par un riff désormais célèbre de Jeff Beck, rend compte d’une partie de la popularité de Supersition, mais celle-ci repose en plus dans la profondeur critique de ses paroles.  Elle correspond bien à l’esprit d’Halloween : se faire peur, soit, mais en adoptant toujours un degré humoristique et critique.

Trivia : la chanson a été utilisée dans la bande-son de nombreux films, notamment pour la bande-son du chef-d’œuvre de John Carpenter The Thing, sorti au cinéma en 1982. 

#9 : Time Warp, The Rocky Horror Picture Show, 1975 

C’est l’une des chansons les plus connues de la comédie musicale The Rocky Horror Picture Show. Forte de son succès au théâtre londonien en 1973, la pièce obtient rapidement une adaptation cinématographique en 1975; avec dans le rôle du savant fou un Tim Curry travesti respirant la confiance en lui et la sensualité. La comédie musicale oscille entre lettre d’amour et parodie de films de science-fiction et de films d’horreur à petit budget des années 30. La voiture de Janet et Brad, un jeune couple de fiancés un peu coincés et typiquement américains, tombe en panne dans la forêt. C’est sous la pluie battante qu’ils se réfugient dans le manoir inquiétant de l’excentrique Dr.  Frank N. Furter qui accueille chez lui la Convention Transylvanienne Annuelle. Création de monstre bodybuildé, plot-twist avec des aliens et criminologue pour commenter le tout :  la comédie musicale est devenue une œuvre absolument culte. Time Warp est chantée par les invités du savant, et se démarque par son rythme rapide, ses chœurs suraigus et sa bonne humeur générale. Elle est également portée par la puissance vocale du chanteur de rock américain Meat Loaf, et s’accompagne d’une chorégraphie de groupe dont les paroles expliquent les étapes simples.

#10 : Dragula, Rob Zombie, 1998 

C’est le single le plus connu de l’album Hellbilly Deluxe du chanteur américain Rob Zombie, sorti en 1998. C’est son utilisation en version remixée dans la bande originale du premier volet de la trilogie Matrix qui a contribué à rendre la chanson célèbre. Zombie incarne une créature maléfique qui parcourt en maître un monde terrifiant dans sa voiture : la Dragula.  Le nom “Dragula” est directement inspiré d’une des deux voitures du sitcom américain The Munsters,  la Drag-U-La et la Munster Koach, deux voitures tunées pour des courses automobiles. Le sitcom produit et diffusé dans les années 60 suit la vie quotidienne d’une bien étrange famille composée de monstres éclectiques. Elle fait une satire humoristique de l’idéal familial américain de la décennie précédente. La chanson concentre un certain nombres de clichés sur Halloween et sur l’occulte : monstres, sorcières, rituels sataniques… tout y est. Le clip montre Zombie dans une voiture ressemblant à la Munster Koach et est  entrecoupé de scènes tirées de l’un des premiers films d’horreur de l’histoire, Dr. Jekyll and Mr Hyde ( 1920). Il illustre bien le style riche et indéfinissable de Rob Zombie, qui mélange influences shock rock, heavy metal, samples tirés de films d’horreur cultes, et sons électros hypnotiques parfois kitsch.

Trivia : Rob Zombie n’est pas qu’un chanteur, il est également un réalisateur reconnu de films d’horreur. Ses longs-métrages les plus connus sont La Maison des mille morts sorti en 2003, et le très controversé The Devil’s Rejects  (2005), où le spectateur en vient à prendre le parti d’une famille de « hillbillies » dégénérés et sanguinaires, face à des américains « normaux » mais immensément cruels. L’actrice du film, Sheri Moon Zombie, est également sa femme, et malgré leur penchant pour le gore et la violence, les Zombies sont strictement vegans : un comble ! 

 

Nous espérons que cette playlist saura ravir vos oreilles tout en animant la plus effrayante des soirées d’Halloween. Toutefois, prenez garde aux invités surprises, qui attirés par la musique, pourraient bien faire un carnage…

Clémentine Guiol

 

Crédit photo :

Sources : 

Quitter la version mobile