Le stérilet, un contraceptif mal aimé

Il est dix-neuf heures. L’alarme du téléphone portable sonne, stridente, et dans un geste mécanique vous sortez de votre sac la petite plaquette miracle, avalez la bille rose ou blanche et n’y pensez plus jusqu’au lendemain, dix-neuf heures, où le rituel se répétera. On estime qu’environ 55% des femmes prennent la pilule en France ; difficile de dire si toutes la prenne  parce qu’elle leur convient, ou plutôt parce que c’est le moyen de contraception le plus plébiscité par le corps médical, notamment chez les adolescentes. Depuis quelques années cependant, ce chiffre recule et davantage de femmes se tournent vers d’autres moyens de contraception comme l’implant, qui reste encore minoritaire, ou le DIU (dispositif intra-utérin), communément appelé “stérilet”, qui est de plus en plus utilisé.

Le DIU : contraceptif à choix multiples

Contrairement à ce que son appellation courante suggère, le stérilet ne rend pas stérile, et le terme est désormais souvent remplacé par le sigle “DIU”, qui explique plus clairement en quoi il consiste. Comme son nom l’indique, le DIU est un dispositif intra-utérin, c’est-à-dire qu’il est posé dans l’utérus ; à la différence de la pilule, il n’est pas nécessairement hormonal. Il existe en réalité deux types de DIU, l’un aux hormones, l’autre au cuivre.

  • Le DIU hormonal est le plus courant : il contient du lévonorgestrel, une hormone qui empêche l’implantation des oeufs dans l’utérus, et empêche aussi le passage des spermatozoïdes. Particularité du modèle hormonal : il agit sur les règles ! Il peut en diminuer l’intensité, la durée, et même les supprimer quasiment totalement : il s’avère alors bénéfique pour les femmes ayant des règles très abondantes ou douloureuses.
  • Le DIU au cuivre est lui moins courant, et fonctionne différemment. Il ne contient aucune hormone, c’est le dosage de cuivre dans le dispositif qui bloque les spermatozoïdes et empêche la fixation de l’ovule. Plus il contient de cuivre, plus il est efficace : attention cependant aux allergies au cuivre (ou au nickel, aussi présent dans les deux types de DIU), certains professionnels de santé ne le précisent pas, mais il est impératif d’effectuer un test avant la pose, pour être sûre que votre corps va le supporter.

Pose et postérité du DIU : pas si anodin que ça !

Après avoir choisi le dispositif qui vous convient le mieux, il faut se le faire poser. Là encore, les rumeurs sont nombreuses et les témoignages, contradictoires : indolore pour certaines, terrible pour d’autres, rejet ou allergies, il suffit de quelques clics sur internet pour prendre peur. La prise ou la pose d’un moyen de contraception n’est jamais anodine, qu’il contienne ou non des hormones. En l’occurrence, le stérilet se pose à l’intérieur de l’utérus ; l’intervention ne requiert pas d’hospitalisation ou même d’anesthésie, cependant mieux vaut savoir comment elle se déroule.

Avant la pose du dispositif lui-même, le praticien procède à une hystérométrie qui permet d’évaluer la profondeur, la forme, et la sensibilité de l’utérus. Dans le cas d’un stérilet hormonal, la pose a lieu à la fin du cycle menstruel, au moment où l’utérus est le plus “détendu”, ce qui facilite l’intervention. Le DIU est installé à l’aide d’un spéculum : il est d’abord inséré dans le col, puis poussé dans l’utérus ; enfin, le médecin coupe les fils de manière à ce qu’ils ne provoquent aucune gêne pendant les rapports et au quotidien, et ceux-ci se rétractent.

La pose d’un tel dispositif ne tient pas de la lourde intervention chirurgicale, cependant ce n’est pas non plus une balade de santé. Elle peut être “rapide et indolore” tout comme elle peut être très douloureuse : tout est question de sensibilité et de tolérance à la douleur. Par précaution, il est souvent recommandé de prendre un anti-douleur environ une heure avant la pose, cependant cela peut ne pas suffir. Si les règles étaient déjà douloureuses par exemple, l’utérus sera très sensible et la douleur qui survient pendant la pose pourra durer quelques heures.

Après la pose, il faut attendre deux jours avant d’avoir un rapport sexuel (le temps que le dispositif se mette bien en place et fasse effet), et un examen de contrôle est à réaliser dans le mois suivant l’intervention. A noter que dans le cas du DIU hormonal, les règles peuvent ne pas disparaître immédiatement ou être remplacées par de légers saignements.

“Pas de DIU si vous n’avez pas eu d’enfants !”

Quand on discute du choix d’une première contraception avec son médecin, le stérilet est rarement présenté comme un option ; et même lorsqu’il s’agit de changer de méthode, il n’est pas toujours mentionné comme une alternative. Certains clichés concernant le DIU ont la vie dure, notamment celui selon lequel le stérilet ne convient qu’aux femmes ayant déjà eu des enfants, car leur utérus serait plus apte à recevoir le dispositif : il n’en est rien !

Comme tout moyen contraceptif, le DIU peut être contre-indiqué dans le cas de certaines pathologies, allergies ou à cause de certains antécédents médicaux, mais le fait de ne pas avoir eu d’enfant n’en fait pas partie. Le stérilet est également parfois refusé aux jeunes femmes car c’est un contraceptif “à long terme”, qui se garde en moyenne 3 à 5 ans : “imaginez si vous voulez des enfants entre temps !”. Pas de panique, le stérilet peut être retiré avant la date prévue, à n’importe quel moment. Toutefois, comme n’importe quel moyen contraceptif, il peut entraîner des effets secondaires : acné, prise de poids, baisse de libido… Chaque corps, chaque femme réagit différemment !

Finalement, le mode de contraception qui convient le mieux à une femme est celui qu’elle choisit et qui est adapté à ses besoins ; le DIU reste un contraceptif négligé car entouré de fausses informations ou de scandales, or il convient parfaitement à certaines femmes.

Avant de changer de moyen contraceptif ou d’en commencer un, renseignez-vous auprès des professionnels de santé compétents qui vous aideront à comprendre vos besoins et votre corps. 

Chloé Touchard

Pour en savoir plus :

https://www.choisirsacontraception.fr/moyens-de-contraception/le-sterilet-diu.htm (crédit image)

https://sante.journaldesfemmes.fr/sexo-gyneco/2120301-diu-cuivre-sterilet-fonctionnement-prix/

 

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