Éditorial – Novembre 19

La mer, intemporel espace fantastique, est à la fois frontière et passerelle entre les Hommes. La mer, c’est cette promesse de l’infini qui se dresse juste derrière l’horizon et qui submerge les plus téméraires. Qu’il s’agisse des îles polynésiennes hier ou de Mars demain, chaque voyage réveille en nous ce frisson d’excitation ancestral.

Pourtant, après les téméraires viennent les cupides ; car l’exploration apporte son lot d’opportunités pécuniaires : trafic maritime, zones de pêche, extraction de ressources naturelles… Où se situe donc la limite entre exploration et exploitation??

Depuis 1973, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer définit une zone économique exclusive (ZEE) qui donne le droit aux États de «?conservation et de gestion des ressources naturelles?», s’étendant à 200 miles nautiques (370 km) du territoire. Quelques rochers inhabitables perdus dans l’océan deviennent alors théâtres de véritables conflits ; comme la guerre des Malouines en 1984 opposant l’Argentine à la Grande-Bretagne ou comme les tensions actuelles en Mer de Chine.

Le conflit le plus important reste cependant à venir, avec les disputes dans l’océan Arctique, qui recèlerait 22% des ressources énergétiques non découvertes de la planète. Le forum sur l’Arctique au printemps a encore été une démonstration d’ambition pour s’approprier cette mer septentrionale. Leurs revendications reposent sur l’idée du prolongement sous-marin de la masse terrestre, qui pourrait augmenter leurs ZEE de 150 miles nautiques et mettrait encore plus en danger l’équilibre écologique de la région. Comme vous l’avez compris, fini le temps des explorations polaires et des entreprises scientifiques. Pourquoi le désir d’exploration doit-il toujours être terni par l’envie de domination??

Alexandre Folliot

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