Le 6 juin 2019, les rues de Hong Kong se sont retrouvées envahies par une marée sombre : près de 2000 avocats, tous vêtus de noir, ont serpenté dans la RAS (région administrative spéciale de la république populaire de Chine), partant de la cour d’appel de Central pour se rendre aux bureaux du Gouvernement, où ils ont observé un silence de trois minutes.

Le 9 juin 2019, ce sont 1,03 million d’habitants qui manifestent dans les rues du port aux parfums… Le peuple en colère se révolte, il se lève contre le projet de loi d’extradition vers la Chine continentale, proposé en février, et publié au mois de mars. Derrière ce projet : Carrie Lam, cheffe de l’exécutif hongkongais, qui souhaite autoriser le transfert d’individus poursuivis par la justice vers la Chine, alors que la RAS dispose depuis 1997, et jusqu’en 2047, d’une juridiction distincte de celle de la Chine continentale. En reculant face à ces soulèvements, Carrie Lam s’expose au mécontentement de Pékin et pourrait encourager les manifestants, mais prend en septembre la décision d’abandonner le projet d’extradition.

Hong Kong révoltée ne s’apaise pourtant pas. C’est une crise bien plus profonde qui secoue la RAS, ponctuée de tensions politiques, économiques et sociales. Étant la deuxième ville avec le plus de milliardaires au monde d’après le Forbes, elle se distingue également par le fait que 20,1 % de sa population vivait sous le seuil de pauvreté en 2017.

Le 18 août, 1,8 million de manifestants dénonçaient la brutalité policière et demandaient une enquête sur ces violences, suite  à l’arrestation de centaines de manifestants et des tirs à balles réelles. La population demande également le suffrage universel et la démission de Carrie Lam, élue au suffrage indirect en 2017, par 1 194 membres soutenant en grande majorité les intérêts de Pékin.

La tendance s’est inversée le lundi 25 novembre, quand le parti pro-démocrate a remporté 388 sièges sur les 452 lors des élections locales, d’après Le Parisien. C’est un record : 71 % de la population a voté, contre 47 % en 2015 d’après le District Council (ou conseil de district) de Hong Kong, surprenant et même choquant les partis pro-Pékin.

Aujourd’hui, Hong Kong est toujours secouée par des vagues de manifestations et de réclamations qui peuvent prendre des tournures violentes, comme ce fut le cas lors des manifestations dans le quartier de Tsim Sha Tsu la veille de Noël. Ces émeutes ne diminueront probablement pas tant que l’exécutif ne cèdera pas aux revendications de la population hongkongaise.

Léa BOURGELY 

Illustration : Emeline CENTAURE

 

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