Si l’on vous dit “théâtre”, vous me répondez peut-être spontanément “ Molière ”, “Ionesco”, voire “Aristote” pour les plus aguerris. Le théâtre est en effet un art du spectacle bien ancré dans les sociétés occidentales. Mais connaissez-vous l’improvisation théâtrale ?
Cette pratique met au centre l’acteur lui-même, qui englobe les rôles de dramaturge, de metteur en scène scénographe et d’acteur. Apparue à la fin des années 1970 au Québec, l’improvisation théâtrale a rapidement conquis le public. Ainsi, Robert Gravel, comédien, dramaturge et metteur en scène québécois, fonde la Ligue Nationale d’Improvisation en 1977, dont la principale activité est d’organiser des matchs d’improvisations.
Comment se déroule un match d’improvisation ?
Généralement, un arbitre est nécessaire au bon fonctionnement du concept : il est chargé de juger les prestations des équipes qui jouent et s’affrontent sur scène, il leurs attribue une catégorie, un thème et, s’il en a envie, des contraintes à respecter. Les deux équipes (composées la plupart du temps de six joueurs) ont alors quelques secondes pour se concerter et mettre en place le décor : c’est ce qu’on appelle le cocus. Une improvisation peut se dérouler en mixte (les deux équipes jouent en même temps) ou en comparé (chaque équipe propose sa mise en scène). Une fois le cocus terminé, les joueurs entrent en scène et s’aident de leur imagination et de leur spontanéité pour aboutir à quelque chose.
Avant de participer à des matchs d’improvisation, il est nécessaire de s’entraîner avec des exercices d’arts dramatiques. Pour cela, au fil des années, des ateliers d’improvisations théâtrales ont vu le jour dans les universités, les cafés-théâtres, voire même les écoles d’art dramatique. Les exercices ont pour but d’approfondir la cohésion de groupe en travaillant notamment sur l’écoute, le partage, le respect, la confiance, l’imaginaire et la créativité. La marche dans l’espace est l’une des activités incontournables : les joueurs doivent occuper l’ensemble de l’espace en marchant d’abord normalement, puis en variant l’intensité, et lorsqu’un joueur s’immobilise, l’ensemble doit l’être aussi ; l’accent est porté sur l’écoute et la concentration. Le carré hollandais est également intéressant. Ici, quatre personnes montent sur scène, à chacun sont attribués un métier et une caractéristique, la scène se joue deux par deux, en alternant, et le but est de construire une situation, des relations et un problème à résoudre dans le temps imparti.
L’improvisation théâtrale permet donc d’effectuer un véritable travail sur soi-même, en plus d’être un bon moment à passer entre amis. Elle permet également d’augmenter la confiance en soi et d’apprendre à mieux écouter son entourage et à maîtriser son corps. Dans le monde du travail, les direction des ressources humaines et de la communication interne accordent une part de plus en plus importante au théâtre et à l’improvisation théâtrale. En travaillant sur ces exercices, les salariés fournissent une meilleure productivité et s’écoutent davantage les uns les autres. Les étudiants, quant à eux, sont moins stressés et apprennent à stimuler leur imaginaire. Alors, qu’attendez-vous pour tenter l’expérience ?
Rayane OULMANE
illustration : Mathilde HOUELLE
@mathilde_art_