OCS – The Outsider

Dans l’État de Géorgie, un meurtre des plus violents vient troubler le calme des habitants de la petite commune de Cherokee City. Le cadavre atrocement mutilé d’un enfant, Frankie Peterson, est retrouvé par un promeneur effaré par l’atrocité de la scène. Toutefois, l’enquête semble très vite conclue, les preuves désignent sans équivoque un coupable qui n’a aucun motif : Terry Maitland (Jason Bateman), entraîneur de l’équipe de baseball de la ville. Ralph Anderson (Ben Mendelsohn), l’inspecteur en charge de l’enquête, ne perd pas une seconde pour arrêter publiquement – devant une estrade remplie de parents venant assister au match de Baseball de leurs enfants –  l’homme qui côtoyait régulièrement son fils récemment décédé. Il serait évidemment bien naïf de penser que l’énigme puisse être ainsi aussi vite présentée et résolue au sein du premier épisode. Bien que le sang et l’ADN de Terry aient été retrouvés abondamment sur la scène de crime, des éléments contradictoires viennent s’ajouter au-fur-et-à-mesure et confirment sa présence le même jour à une centaine de kilomètres de Cherokee City. Il s’avérera progressivement que le fil tiré par Ralph le mènera bien plus loin que ce que sa froide rationalité est capable d’appréhender.

D’un livre moyen à une très bonne série

Si le livre du même titre est cité par beaucoup d’amateurs de Stephen King comme « ni le pire ni le meilleur » avec des mécaniques déjà vues : une affaire qui semble classée d’avance, un meurtre atroce, un coupable idéal, et tout cela remis violemment en cause par l’apparition d’un personnage mystique aux capacités mentales surhumaines, qui va nous prendre la main pour nous plonger à la poursuite d’une menace qui… n’a précisément rien d’humain. 

Scénario et péripéties bien connus des lecteurs assidus des livres de Stephen King, pourtant, on ne décolle pas une seule seconde les yeux de ces dix heures de visionnage : entre frissons, tensions, et attendrissements, Richard Price maîtrise parfaitement les ficelles de son oeuvre pour dépoussiérer ces « déjà-vu », et nous embarque avec lui dans un voyage qui, loin d’être seulement mystique, nous permet d’observer de près les dynamiques à l’oeuvre dans la psychée humaine. 

Et pour ceux qui décrochent dès lors que le fantastique pointe le bout de son nez : n’ayez crainte ! Le changement de registre s’impose en douceur, et l’irrationnel n’est ici pas synonyme d’absurde. Le renversement s’opère de telle sorte que chaque spectateur se verra obligé d’adhérer rationnellement au surnaturel.

Des acteurs à la hauteur

Si vous êtes des habitués des séries d’horreur, alors vous avez nécessairement déjà croisé le chemin de Mare Winningham, actrice récurrente de la série American Horror Story, qui incarne ici les traits de la femme de Ralph Anderson, Jeannie, personnage qui pourrait paraître mineur, mais qui contribue à rendre le casting attachant, et l’amour qu’elle porte pour son mari rend l’intrigue encore plus dramatique qu’elle ne l’est déjà. Quant à Ben Mendelsohn, qui avait déjà fait ses preuves dans Bloodline, il n’y a même pas de question à se poser. Pendant ces dix heures, il incarne à la perfection le personnage de Ralph, cinquantenaire torturé par le décès de son jeune fils (après une longue bataille contre le cancer), on est tout de suite séduit par cet homme tourmenté, charismatique, et dont toutes les convictions vont être violemment bouleversées par l’affaire enclenchée par le meurtre de Frankie Peterson. 

Cependant ces deux acteurs ne sont pas les deux seules lumières au milieu d’acteurs médiocres ; ils représentent de façon exemplaire tout le casting : Cynthia Erivo (dans le rôle de Holly Gibney) et Marc Menchaca (Jack Hoskins), entre autres, ne nous laissent même pas l’occasion de nous demander s’ils sont bons : ils le sont sans aucun doute.

Ainsi, que ce soit pour rectifier le souvenir peu agréable de la lecture de ce Stephen King ou pour découvrir les personnages charismatiques, et particulièrement attachants, de cette intrigue obscure, n’hésitez pas à jeter un coup d’oeil à cette série HBO actuellement disponible sur OCS. La situation s’y porte bien, alors : let’s binge-watch it

Thomas HERARD-DEMANCHE 

@Sulcrow_

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