Le rôle de l’OMS

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est sur le devant de la scène depuis le début de la crise sanitaire. Ses déclarations font régulièrement la Une des chaînes d’infos ou de la presse, étant l’un des acteurs principaux de la gestion de la pandémie de Covid-19. Mais concrètement, qu’est-ce que c’est et comment fonctionne-t-elle ? 

Des missions multiples et essentielles

 

L’OMS a vu le jour en 1948, juste après la Seconde Guerre Mondiale. Il s’agit en fait d’une branche de l’ONU spécialisée dans la santé. Son but ? “Élever le niveau de santé de la population mondiale.” Un but aussi vaste qu’important, qui se traduit sur le terrain par des campagnes et des missions diverses — car, par “santé”, l’OMS n’entend pas seulement les vaccins ou le contrôle des épidémies. Il s’agit pour l’agence de définir des règles internationales qui garantissent un accès égalitaire à certains médicaments dits “essentiels”, ainsi qu’un contrôle de la production et de la qualité de ceux-ci. L’harmonisation des règles et des procédures sanitaires passent également par la vaccination, au sein de chaque pays mais également à grande échelle, pour voyager par exemple ; cela permet d’éviter la propagation de maladies et de protéger à la fois les voyageurs et les populations locales. 

L’OMS a été à la tête de campagnes de prévention, par exemple dans la lutte contre le SIDA, le paludisme ou la poliomyélite, car son rôle se traduit également par la recherche et l’éducation. L’OMS ne réalise pas elle-même les recherches mais elle les finance, les coordonne, et transmet les résultats et les informations essentiels à chacun des 194 états membres. Elle a pour rôle de garantir aux populations l’accès aux services de santé, de suivre l’évolution des systèmes de santé en proposant des améliorations et en établissant des recommandations ; cependant elle ne peut pas intervenir à la place d’un état ou d’un gouvernement. 

Enfin, parce que la santé ne passe pas uniquement par les vaccins et les médicaments, l’organisation s’assure aussi de la qualité de “l’environnement sanitaire”. Il s’agit de garantir l’accès à l’eau potable, à l’alimentation, à l’hygiène ou encore aux dispositifs de planification familiale (accès à la contraception, suivi gynécologique, avortement). Elle mène également des campagnes contre le tabac ou contre les comportements et les consommations à risque. La santé s’entend alors au sens de bien-être humain et global, elle n’est pas limitée au soin médical et à la maladie. Les missions de l’OMS concernent tous les pays membres, qu’ils soient développés ou en voie de développement. 

Son rôle est primordial à l’échelle mondiale, encore plus en temps de pandémie. L’OMS est ainsi elle aussi en première ligne dans la gestion de la crise sanitaire actuelle : les conseils scientifiques des états membres se réfèrent à ses recommandations concernant les confinements, le port du masque et les mesures sanitaires à appliquer au sein des populations. Les décisions reviennent aux gouvernements mais l’OMS indique la marche à suivre ; on trouve sur le site une liste de “conseils aux grands publics” qui fait la liste des gestes barrières à adopter et des mesures à appliquer — distanciation physique, lavage des mains, quarantaine en cas des symptômes — ainsi que des conseils pour gérer le stress lié à la situation et aider les enfants à comprendre la situation. Cependant la gestion de la crise par l’OMS ne peut être efficace que si les pays membres soutiennent l’organisation, par l’application de ses recommandations, mais aussi financièrement. 

L’OMS et ses états membres : les conséquences de la décision américaine

 

L’OMS est financée par deux types de contributions : les contributions volontaires, c’est à dire les dons, par les états membres, par le grand public et par de grandes fondations (comme celle de Bill Gates par exemple), et les contributions fixes. Ces dernières sont versées par les états membres et sont calculées en fonction de leur fortune et de leur population. 

Le budget de l’OMS est établi sur une période de deux ans : celui pour 2020-2021, voté il y a un an, s’élève à 5,365 milliards d’euros. Dans cette somme, 20% proviennent des contributions fixes versées par les états membres, et un peu plus de 200 millions d’euros proviennent de la contribution fixe des Etats-Unis — un chiffre proportionnel à la fortune du pays et à sa population. Les Etats-Unis sont également les plus grands donateurs de l’organisation : ils lui ont versé, pour la période 2018-2019, environ 260 millions d’euros. Leur soutien financier est donc essentiel pour l’OMS, dont la situation pourrait rapidement se dégrader. 

Le 15 Avril dernier, Donald Trump annonçait la suspension des contributions de son pays à l’OMS, sous prétexte que cette dernière avait “failli dans sa gestion” de la crise du COVID 19. Il accuse notamment l’organisation de ne pas avoir analysé assez rapidement l’évolution de la situation en Chine, le foyer d’origine de la pandémie, et reproche à la Chine elle-même de ne pas avoir été assez transparente sur la réalité de la situation — or l’OMS ne peut intervenir à la place d’un état dans la gestion d’une crise sanitaire. Son rôle est de guider, de faire des recommandations, de financer la recherche d’un traitement et de sensibiliser les populations. Un état membre peut demander à l’OMS d’intervenir, mais tant qu’elle n’est pas sollicitée, elle demeure passive. 

L’arrêt des financements étasuniens pourrait avoir des conséquences importantes sur l’OMS : licenciements, difficulté de coordonner les efforts internationaux, mise en danger des pays à faibles revenus aidés par l’organisation… La mesure annoncée par Donald Trump n’est pas encore en action — les Etats-Unis sont en train d’évaluer l’efficacité de l’OMS dans la gestion de la crise. Il semble s’agir principalement d’une critique indirecte de la gestion de la crise par la Chine, par laquelle les Etats-Unis se sentent menacés. Au-delà d’une catastrophe sanitaire et financière, cette mesure pourrait aussi avoir de fortes conséquences sur les relations entre les deux pays. Les Etats-Unis sont actuellement le pays le plus touché par la pandémie, et dénombre plus de 100 000 morts : leur système de santé déjà précaire et critiqué est mis à mal par la crise ; il serait donc également dans leur intérêt de s’assurer le soutien de l’OMS pour pouvoir traverser cette situation. 

Chloé TOUCHARD

 

Sources :

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