Le droit de vote à 16 ans : un débat qui divise

Depuis peu, la question du droit de vote à 16 ans divise les partis politiques. Chacun donne son avis et tente de convaincre. En conséquence, certains députés ont lancé une pétition afin d’autoriser le droit de vote  dès 16 ans. Parmi les signatures déjà présentes, on retrouve celle du groupe Ecologie Démocratie Solidarité, initiateur de cette proposition de loi, mais aussi celles de grands noms politiques comme Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot. Malheureusement, le 8 octobre dernier, celle-ci a été rejetée par le gouvernement. La majorité électorale à 16 ans n’est donc pas pour tout de suite. Mais ce débat public est-il clos pour autant ?  

« Comment peut-on bâtir le monde d’après sans eux ? » 

Paula Forteza, députée de Ecologie, Démocratie et Solidarité, a souhaité recueillir le soutien le plus large possible, et a déclaré lors d’une proposition de loi : « La jeunesse est au cœur des préoccupations en cette rentrée ». Si les jeunes font partie entière de ce monde, nous devons alors les laisser participer et surtout écouter leurs opinions, selon Mme Forteza. Comme les adultes, ils sont victimes de la crise économique et sociale, et maintenant sanitaire, que nous vivons. C’est pourquoi Paula Forteza, et plus d’une trentaine de personnalités politiques dont Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, ont signé une pétition pour réclamer le droit de vote à partir de 16 ans.

Le rejet de la proposition de loi devant l’Assemblée par le gouvernement le 8 octobre fut un coup dur pour les signataires de la pétition. Ce jour là, le premier ministre Jean Castex ne soutint pas ce projet et questionna l’Assemblée concernant le droit de vote chez les jeunes de 18 ans, qui n’est, selon lui, pas assez utilisé. 

De nombreux arguments soulèvent, malgré ce que l’on peut croire, que les jeunes s’intéressent aux débats politiques, à l’économie, aux différentes problématiques sociétales telles que le climat ou encore le racisme. « Ils peuvent conduire, ils peuvent travailler, ils peuvent être responsables pénalement, mais ils ne peuvent pas participer pleinement à la démocratie en votant » déplore Yannick Jadot. Aujourd’hui, les jeunes s’émancipent de plus en plus tôt. L’âge de 16 ans représente même la majorité dans de nombreux domaines : les jeunes sont responsables pénalement de leurs actes, par exemple ; c’est aussi un âge où l’on peut entrer dans l’armée ainsi que l’âge de la majorité professionnelle. De plus, la majorité sexuelle est, quant à elle, établie à l’âge de 15 ans. Enfin, le vote à 16 ans est un droit dans d’autres pays d’Europe comme l’Ecosse, l’Autriche ou encore la Suisse. 

Est-ce trop jeune pour voter ?

Certains spécialistes de la jeunesse soulève une inquiétude : à 16 ans, ne serions-nous pas trop jeunes pour voter ? L’entrée au lycée est une nouvelle étape dans la vie d’adolescent, des questions se posent, concernant son avenir et son passage vers le monde adulte. À 16 ans, l’élection du Président de la République n’est pas forcément prioritaire, les élections municipales et départementales peuvent l’être encore moins. « Les jeunes n’auront pas tous les clés pour voter » juge Chloé Deverly, 16 ans, vice-présidente de la Fédération Indépendante et Démocratique Lycéenne, une organisation lycéenne ayant pour but de promouvoir les droits et les devoirs des lycéens et de leur permettre de s’exprimer au sein de la société. 

D’après les textes de l’Education Nationale, le lycée est censé être le lieu où l’on reçoit un enseignement à la vie civique, où l’on apprend à être un citoyen à part entière. Celui-ci doit apporter les connaissances suffisantes pour permettre aux jeunes de réfléchir sur les débats actuels de la société et de se faire leur propre opinion. Christian Flavigny, pédopsychiatre à la Pitié-Salpêtrière, déclare par exemple dans un débat de janvier 2014 : « À cet âge, tous les jeunes ne sont pas prêts psychiquement à prendre place dans la vie publique, même s’ils ont des idées, ou un certain éveil à la politique. » Ainsi, selon ce médecin les jeunes doivent passer par certaines étapes de leur vie pour se construire, apprendre et fonder leurs opinions. Les jeunes manqueraient donc de maturité pour se positionner.

Selon une enquête commandée par le Parlement Européen, faisant suite aux élections européennes en 2019, le taux de participation élevé est dû à une forte augmentation de la participation des jeunes. En quelques chiffres, celle-ci a atteint 50 % en 2019 dépassant largement le taux de participation des jeunes en 2014, qui n’était que de 28 %. Malgré tout, de nos jours, de moins en moins de 18-24 ans votent aux élections, ce même phénomène ne se reproduirait-il pas pour les jeunes de 16 ans ? Par exemple, l’élection de 2017 détient le record du taux d’abstention, selon une étude de l’IPSOS. Cette année là, le taux d’abstention chez les 18-24 est égale à 70 %. Pourtant, plusieurs candidats à la présidence mettaient en avant dans leur programme des thèmes concernant la jeunesse comme l’emploi, le coût de l’éducation ou encore la légalisation de la consommation de cannabis, soutenue par Benoît Hamon.  

Garance SAUDERAIS

Couverture : crédits photo : Getty images

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