OCS – L’INSUCCÈS OU LA RÉUSSITE D’UNE ADAPTATION CINÉMATOGRAPHIQUE AUJOURD’HUI

Visuel OCS - OCS

L’adaptation cinématographique, généralement très influente, désigne un film tiré d’une œuvre préexistante. Une production littéraire, et notamment romanesque, est souvent la source de cette production cinématographique ; néanmoins, une pièce de théâtre, un jeu vidéo, une série télévisée ou bien un dessin animé peuvent aussi donner naissance à un film.

Une adaptation se doit d’être fidèle à l’œuvre tout en se libérant de certains aspects de celle-ci.

L’adaptation libre porte l’idée d’une émancipation, d’un affranchissement, d’une rupture avec l’œuvre originelle. En saisissant cette liberté, le cinéaste prend un risque : s’investir dans la création d’une nouvelle œuvre tout en devant exploiter certains éléments clés de l’œuvre pionnière peut s’avérer dangereux. Il n’est pas impossible que la parution de l’adaptation cinématographique soit un échec malgré le succès triomphal de l’œuvre littéraire qui l’a inspirée ; dans ce cas, deux possibilités s’offrent à la production du film. D’un côté, l’auteur de l’œuvre initiale n’est probablement plus de ce monde, ainsi l’œuvre et son auteur se trouvent abaissés. Les quatre filles du docteur March, le roman écrit par la romancière Louisa May Alcott adapté plusieurs fois au cinéma a souvent reçu un accueil favorable de la part du public mais les quatre et bientôt cinq versions auraient pu ne pas susciter cet engouement là. De l’autre, si l’écrivain est encore en vie, il doit émettre des critiques et porter un jugement sur cette adaptation. Cependant, il n’est plus totalement maître de son œuvre parce qu’en faisant le choix de réaliser une adaptation, le producteur a acheté des droits qui lui permettront de l’exploiter. Pamela Lyndon Travers, l’auteure du roman de jeunesse Mary Poppins, a ainsi montré une réaction mitigée lors de la parution sur grand écran de son livre. Elle a jugé l’adaptation “un peu trop sucrée” et s’est sentie indignée par la négligence du producteur à l’égard de ses remarques sur le script. Adapter une œuvre préexistante n’est pas toujours une bonne solution comme le montrent les différents points cités plutôt.

À l’inverse, un grand nombre d’adaptations cinématographiques ont connu un engouement incroyable. La saga Harry Potter écrite par J. K. Rowling et adaptée parallèlement en une série de films en est un modèle. Une adaptation amène le point de vue d’un cinéaste. Une nouvelle vision donne ainsi naissance à une nouvelle représentation. C’est pour se démarquer de l’œuvre préexistante que le cinéaste se défait de certains éléments, mais l’adaptation rend toujours hommage à sa source en gardant les décors ou bien les personnages. Une nouvelle œuvre naît de l’ancienne et la fait revivre à travers elle.

Selon son processus de modification, l’œuvre qui en découle sera une réussite ou un échec : transformer une œuvre permet de la rendre accessible à un nouveau public, puisqu’un lecteur novice peut adhérer à l’œuvre préexistante par le biais de l’adaptation cinématographique.

Critique sur Frankenstein :

Le film Frankenstein réalisé en 1994 par Kenneth Branagh, inspiré par le roman épistolaire de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne datant de 1818, est actuellement une des adaptations à l’affiche sur OCS.

Frankenstein, un jeune savant de famille bourgeoise, quitte Genève pour étudier la médecine. Se démarquant par des idées plus philosophiques au sujet de la science, il en vient à penser que la seule façon de lutter contre la mort est de rendre la vie. Il crée durant l’une de ses nuits d’expérimentation une créature monstrueuse. Ces deux personnages, le savant avisé et l’être artificiel, prendront chacun une route différente avant de se retrouver.

Cette adaptation parvient à transmettre de façon précise certains éléments de l’œuvre de Mary Shelley sans pour autant retranscrire à la lettre les récits des différents correspondants du roman. Malgré son abominable visage et son corps monstrueux, la créature créée par Frankenstein, incarnée par Robert De Niro, est dotée de sentiments et d’émotions qui la rendent attachante. C’est un être puissant et bienveillant qui devient impitoyable après avoir été confronté à la cruauté des hommes. Le roman et le film exposent le rapport du monstre au monde humain : d’abord entouré d’une famille bienfaisante, il est ensuite rejeté par celle-ci et sombre dans une rage sans fin. Certains détails marquent la différence entre les deux œuvres : l’homme aveugle n’est plus le père, mais le grand-père, les circonstances des décès des proches de Frankenstein sont similaires, à l’exception de celle de son père qui prend une toute autre tournure dans le film.

Frankenstein est une histoire connue et reconnue mondialement. Si le récit a subi des transformations, c’est qu’elles étaient nécessaires pour plaire au public de l’époque. Cette adaptation reste tout de même d’une grande fidélité à l’œuvre originale, et est sans aucun doute une réussite qui plaira à plus d’un.

Sabine LOEB

Couverture : visuel OCS – crédits photo : OCS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *