L’ère numérique : quels enjeux pour l’enseignement de demain ?

Avec un accroissement de la production et de la commercialisation des nouvelles technologies, le XXIème siècle apparaît comme l’avènement de l’ère du numérique. On y constate un accroissement de la numérisation des sociétés, accroissement répondant aux exigences des interconnections dans le monde professionnel, interconnections requises par la mondialisation des systèmes.

Face au bouleversement de nos modes de vies et méthodes de communication, touchant les plus petits comme les plus grands, l’école se heurte à un changement de paradigme dans les méthodes d’enseignement dispensées aux élèves. La numérisation de l’enseignement, lancée dès 2015, a d’ailleurs rapidement porté ses fruits : en 2016, 80 % des enseignants du secondaire avaient recours aux outils numériques en classe, 100 % des lycées et collèges étaient dotés d’espaces numériques de travail (ENT) et 181 plateformes d’ENT différentes ont été comptabilisées pour 3847 écoles.

Cependant, l’expérience du premier confinement a permis de souligner que l’intégration du numérique dans l’enseignement relevait également d’un nouvel état d’esprit à adopter quant à la pédagogie. Forcé de constater le désarroi de la plupart des enseignants, le Ministère de l’Éducation Nationale se doit d’investir dans une nouvelle politique du numérique. Cette politique passe par une réforme de la formation des enseignants afin que ceux-ci soient parés à l’usage des nouvelles technologies dans leurs techniques d’apprentissage.


Les nouvelles exigences du monde du travail : préparer l’insertion professionnelle.

L’éducation numérique est pensée en corrélation avec la normalisation du télétravail dans le secteur professionnel. Il devient alors primordial que le secteur de l’enseignement s’adapte aux nouvelles modalités numériques afin de former les futures générations à une insertion professionnelle adéquate.

La pratique du télétravail n’est pas issue des mesures sanitaires prises face à l’émergence de la Covid-19. Cette pratique était déjà en cours de généralisation depuis les ordonnances Macron du 22 septembre 2017. En effet, on relève une augmentation de 50 % de la pratique du télétravail entre 2017 et 2019. Ces chiffres s’expliquent notamment par la perturbation des transports en commun fin 2019, suite aux grèves contre la réforme des retraites. Selon une étude du CSA pour Malakoff Humanis parue en février 2020, 34 % des employés ont recouru au télétravail sur cette période. Le 20 Avril 2020, Muriel Pénicaud, alors Ministre du Travail, annonça que 9,6 millions de Français étaient en télétravail, soit un salarié sur deux dans le secteur privé, suite au confinement entamé le 14 mars 2020. Le Ministère annonce même qu’environ huit millions d’emplois seraient compatibles avec le télétravail.

Le confinement et ses conclusions sur l’enseignement à distance chez les étudiants.


S’il semble nécessaire de préparer les futurs salariés à travailler davantage de chez eux à l’aide des outils numériques, ce mode de fonctionnement laisse entrapercevoir les inégalités inhérentes à la société française. Le télétravail est en effet indissociable de nos conditions de vie, il en va de même pour l’enseignement à distance.

Selon une étude menée en avril 2020 par l’Université de Clermont Auvergne, bien que 90 % des étudiants aient en leur possession un smartphone et un ordinateur, 53 % jugent que leur connexion internet est insuffisante. En plus de compliquer leur accès à des conditions d’études régulières et décentes, cela influe sur le moral de 33 % d’entre eux. Parmi les difficultés rencontrées par ces étudiants pendant le confinement, 70 % sont liées aux études et 43 % à l’isolement et à la solitude. On remarque donc que les cours en présentiel permettaient d’apporter les deux facteurs majeurs de l’enseignement : l’assiduité dans l’accès aux savoirs et la communication en collectivité.

91 % des supports numériques de cours sont des documents de texte. Quant aux visioconférences, elles ne permettent pas de rétablir 100 % de l’aspect communicationnel, cependant indispensable pour la transmission des savoirs.

En effet, selon la théorie des « 7-38-55 », conceptualisée par le psychologue Albert Mehrabian, la communication ne s’arrête pas à la parole. Elle s’élabore à travers un ensemble d’informations conscientes et inconscientes que l’on appelle « la communication non verbale ». Selon lui, 7 % de la communication est verbale, 38 % est vocale et 55 % est visuelle. Cependant, avec la réduction d’image provoquée par la webcam et les divers dysfonctionnements informatiques, notre cerveau ne peut analyser le comportement de ses interlocuteurs. Les différents signaux sensoriels rentrent alors en dissonance. Le cerveau ne comprend plus le message qui lui est adressé, ce qui entraîne un décrochage de la part de l’élève.

Le numérique, une pédagogie alternative pour les plus jeunes ?


Face à l’émergence des nouvelles technologies de plus en plus précoce chez les nouvelles générations, il semble important que l’enseignement puisse concilier une éducation du savoir-vivre en collectivité ainsi qu’une éducation du « cybersavoir-vivre ». Dès son plus jeune âge, l’enfant entre dans une période de développement cognitif rapide et extrêmement complexe. L’école maternelle, par un enseignement présentiel, constitue un lieu propice à la parole par l’enrichissement du vocabulaire, le développement des capacités psychomotrices et des sens, la socialisation avec des enfants de son âge ou encore l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et des mathématiques.
Or il est démontré que l’exposition intensive aux écrans entraîne chez l’enfant une surstimulation cognitive, débouchant alors sur des troubles du langage, de la concentration, de l’interaction et du comportement.

L’enseignement numérique se doit donc de prendre conscience des enjeux de santé publique majeurs que représentent les écrans, afin de former de futurs usagers responsables et intelligents face au numérique.

Tiffany ALLARD

Sources :

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