“Mangeront-ils”* : TCA dans le milieu étudiant

Il n’est plus légende que la jeunesse et le monde étudiant souffrent de l’isolement induit par les conditions sanitaires. Hausse de la précarité, incertitude constante, difficulté de projection et cumul de facteurs de stress produisent une véritable souffrance psychologique qui peut engendrer bien d’autres troubles. Déprime, dépression et troubles du comportement alimentaire (TCA) font irruption dans le quotidien de certains jeunes. Nombreux sont ceux à avoir vu s’accentuer ou se développer des TCA à cause de la situation sanitaire. 

Touchant principalement les femmes entre 15 et 25 ans, les TCA sont des troubles psychiques qui peuvent engendrer anorexie, boulimie et d’autres pathologies. La première année d’étude supérieure est souvent source d’angoisse, d’anxiété et de remise en question ; les étudiants sont donc considérés comme étant à « haut risque » face aux TCA. Dans un monde où tout est devenu virtuel, il est bien difficile d’adopter un rythme réglé et une hygiène de vie saine, surtout dans un petit studio ou une chambre de bonne. Si certains ne pensent simplement pas à s’alimenter, d’autres ne pensent plus qu’à cela, pour pallier l’ennui ou aux angoisses qui ne cessent de croître. 

Restaurants universitaires fermés et emplois étudiants à l’arrêt, ou fortement diminués, beaucoup ont dû faire face à une hausse de la précarité. Selon l’Observatoire national de la vie étudiante, en septembre 2020, six jeunes sur dix ont été contraints d’arrêter, de diminuer ou de changer d’emploi étudiant pendant le confinement. Malheureusement, la rentrée universitaire dans la continuité de la crise sanitaire n’a pas permis aux jeunes de sortir de la précarité engendrée par la crise du Covid. Cette précarité, voire pauvreté étudiante, entraîne un changement de comportements alimentaires : environ 65% des jeunes disent sauter volontairement un repas par manque de moyens, selon le Fond d’Aides aux Jeunes. Les TCA développés ou exacerbés par la crise sanitaire découlent donc également d’une crise économique poussant les étudiants et jeunes actifs à modifier leur habitudes par manque de moyens. 

Des aides alimentaires

Peu à peu, une prise de conscience politique s’éveille face à la précarité et à la santé étudiante. Les services de restauration du CROUS, qui avaient adapté leurs horaires d’ouverture, ont repris une activité plus soutenue. Ils permettent à nouveaux aux étudiants, boursiers ou non, de bénéficier de repas équilibrés et variés. Il s’agit de repas à emporter à 1€, qui permettent aux étudiants non seulement de s’alimenter correctement mais aussi de sortir de la spirale du virtuel. Selon certains étudiants, lors du lancement du dispositif, des problèmes se sont néanmoins posés : portions diminuées de moitié en raison de la forte demande, plats froids ou pas assez réchauffés… Le dispositif a tout de même permis à un grand nombre de jeunes de retrouver une alimentation plus correcte. De nombreux restaurants parisiens ont emboîté le pas à l’initiative et proposent également des formules étudiantes à 1€, sur présentation d’une carte étudiante de l’année en cours. 

Ces aides restent néanmoins payantes. De fait, des associations ont vu le jour et proposent des distributions alimentaires gratuites à l’attention de la population étudiante comme Cop’1, L’épicerie sans prix et Linkee. Elles rencontrent un franc succès ce qui tire encore un peu plus la sonnette d’alarme. Ces initiatives viennent en aide aux étudiants et recréent un lien social essentiel. Cependant, les TCA ne peuvent se régler sans aide psychologique. Avec la réouverture des RU, le gouvernement a mis en place un « chèque psy » très attendu.  

Des répercussions et aides psychologiques 

La psyché estudiantine a été mise à mal et l’est toujours, le quotidien numérique pesant d’autant plus qu’il ne cesse d’isoler les jeunes. De nombreux étudiants disent perdre le goût pour leurs études mais aussi pour la vie en général. Envisager un lendemain où le virtuel referait place aux interactions sociales est pour certains un rêve lointain. Cet isolement et ce manque d’interaction, notamment au cours des repas, moment de lien social, ne font qu’accroître les risques de TCA. Même un repas à emporter ne peut pallier cet isolement qui pèse parfois très lourd sur le moral des jeunes. Le numérique favorise le stress et développe l’anxiété, certains font l’expérience de crises d’angoisses nouvelles devant leurs écrans. La perte d’appétit ou, au contraire, le grignotage se voient favoriser par ce distanciel anxiogène.

Cependant, de nombreuses initiatives présentent une aide aux étudiants. Au sein même des universités, les bureaux d’aide psychologique universitaires (BAPU) sont ouverts et à l’écoute, malgré un manque de moyens et d’organisation au début de la crise sanitaire. Les BAPU se sont alors révélés insuffisants pour répondre à l’ampleur de la demande étudiante. 

Le gouvernement a ainsi mis en place un « chèque d’accompagnement psychologique », une aide financière donnant la possibilité aux étudiants de consulter psychologue, psychothérapeute ou psychiatre. Il s’agit de leur donner gratuitement un temps d’écoute et d’aide privilégié de trois séances de quarante cinq minutes, « forfait » renouvelable une fois. En France, il y aurait environ un psychologue pour 30 000 étudiants. Pour que ce dispositif d’aide psychologique réponde à la demande d’un maximum d’étudiants, le gouvernement a lancé une campagne de recrutement pour trouver quatre-vingts psychologues. 

Ces aides ne sont certes pas spécialisées dans le diagnostic et le traitement des TCA mais elles permettent d’avoir un premier contact avec des professionnels de santé. Par la suite, ils peuvent aiguiller vers d’autres professionnels. Des solutions concrètes existent. En Île de France, de nombreux organismes permettent de se renseigner et d’obtenir de l’aide face à ces troubles, comme la Fédération Française Anorexie-Boulimie ou le Réseau TCA Francilien. Si difficile que soit la démarche, il faut essayer de ne pas rester seul.e.s face à ses TCA. 

N’hésitez pas à consulter les sources de cet article qui présentent certaines aides disponibles pour les étudiants et jeunes actifs durant la crise sanitaire. Alma Mater présente tout son soutien à la population étudiante. Courage. 

Clémence VERFAILLIE-LEROUX

Couverture : Illustration de Olivia DUJARDIN

*Victor Hugo, Mangeront-ils

Sources : 

Voici quelques liens utiles pour vous informer sur les TCA :

Voici quelques liens pour trouver des aides psychologiques :

Nous tenons à rappeler que si vous êtes dans une situation de précarité étudiante, des solutions peuvent être trouvées. Voici deux liens qui détaillent les différentes aides auxquelles un.e étudiant.e peut prétendre :

Sources diverses :

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