Le vœu de silence : un instrument insoupçonnable dans notre société contemporaine

Musique, bruits, conversations … Face au vacarme incessant du train-train quotidien, nombreux sont ceux qui se tournent vers le silence.  Pourtant rebutant pour beaucoup, le vœu de silence ne cesse d’attirer un nombre considérable de personnes. Parmi ces adeptes, nous pouvons citer l’écrivain à succès Emmanuel Carrère, mais également des influenceurs et créateurs de contenus vidéos tels que Cyrus North et MyBetterSelf. Comment expliquer le regain de cette pratique, pourtant à l’origine d’ordre religieux ? Dans quelle mesure peut-elle nous permettre d’améliorer notre vie et notre bien-être ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir.

Exercer le vœu de silence dans un but religieux

La pratique du silence est préconisée par la quasi-totalité des héritages religieux. Dans la religion catholique, malgré cette fausse idée très répandue, aucun monastère ou ordre religieux ne fait vœu de silence. Néanmoins, l’usage du silence est très présent. Il permettrait de se rapprocher de Dieu et de s’élever à une certaine pureté spirituelle en s’éloignant des péchés de la langue. Concernant le vœu de silence dans l’hindouisme, les textes sacrés soulignent la nécessité de pratiquer la mauna (le silence) afin de pousser à l’introspection et d’éviter les paroles vides et imprudentes. Mahatma Gandhi fut le plus grand représentant de cette tradition. Il effectuait un maun d’une journée chaque semaine, où il ne communiquait qu’à l’écrit. Enfin, si l’on se penche du côté des pratiques religieuses bouddhistes, elles n’incluent pas le vœu de silence. Malgré tout, ce dernier est un élément immuable de la méditation. 

Le vœu de silence : une arme politique inattendue

Dans les mentalités contemporaines, le vœu de silence ne fait pas forcément écho à un geste politique. Et pourtant, c’est un moyen de protestation qui permet de mettre en lumière des causes importantes. En effet, tous les ans le 30 novembre, des étudiants au Canada font vœu de silence pendant vingt-quatre heures afin de dénoncer la pauvreté et le travail des enfants. Une autre lutte est également appuyée par l’usage du silence. Aux États-Unis, le Day of Silence, qui a lieu chaque année en avril depuis 1996, est la journée d’action annuelle du GLSEN. Elle a pour but de faire connaître les conséquences de l’intimidation et du harcèlement de personnes LGBTQIA+. Les étudiants font alors vœu de silence durant toute une journée afin de représenter symboliquement le silence de ces victimes. 

Le silence comme outil de développement personnel

Dans une quête de soi et d’amélioration de la qualité de vie, le silence y joue un rôle majeur. On constate que dans une société pourtant majoritairement laïque, le vœu de silence a été adopté comme un moyen de développement personnel. En se déconnectant du monde extérieur, on serait plus propice à se découvrir soi-même, à répondre à nos interrogations et à prendre du recul sur nos réactions émotionnelles. De plus, le vœu de silence fait partie intégrante du processus de méditation, qui lui aussi participe au développement personnel. Cyrus North, vidéaste français, a évoqué dans un podcast de Louise Aubery avoir fait vœu de silence lors de plusieurs retraites de dix jours au Népal. Selon lui, ces expériences coupées de toute perturbation sonore et de contact humain lui ont permis « d’observer ses pensées » et de ne plus « lutter », lui permettant ainsi de « s’accepter ». 

Bien que le vœu de silence soit à l’origine une pratique religieuse ancestrale, de nos jours il s’est développé dans d’autres milieux. Le silence est devenu une arme politique qui permet de dénoncer les violences et les inégalités. Mais cette technique de méditation exigeante est aussi utilisée dans le cadre du développement personnel. Aujourd’hui, de nombreux centres de méditations proposent des retraites en silence aux quatre coins du globe. Alors, pourquoi pas vous ?

Manon Houset

Sources :

Image : ©Pixabay

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