La plupart des témoignages que l’on a des proches au cours d’une enquête, majoritairement dans le cas des faits divers, ne portent bien souvent que sur ce qu’ils ont vu ou pensent avoir comme explications pour aider à la résolution de l’enquête. Mère, père, frères et sœurs ne sont interrogés qu’en tant que détenteur d’informations importantes et non en tant que personne sensible qui chercherait elle aussi des réponses. Mais quelle place la famille tient-elle réellement dans ces affaires ? Occupe-t-elle un rôle majeur dans l’avancée d’une enquête ?
Nous pouvons étudier la famille sous deux angles différents : tout d’abord en tant qu’elle est une source d’indices et de détails bien souvent nécessaires à la compréhension de ce qui a pu se passer. Elle est la clé pour mettre en place une hypothèse plus sûre et ainsi comprendre un éventuel traumatisme, un événement ou encore une rencontre qui aurait pu pousser l’un d’entre eux à commettre un tel acte. Cette position centrale peut s’expliquer de plusieurs manières. C’est avant tout parce que le cercle familial peut être en connaissance d’éléments de tensions, par exemple entre deux individus, voire, en être à la source. Si l’on prend l’exemple de l’affaire Villemin (assassinat du petit Grégory qui a donné suite à une affaire très médiatisée et encore aujourd’hui non résolue), même si l’affaire n’a pas été résolue, le suspect numéro un reste encore le cousin du père du garçon, soupçonné de jalousie à son égard, ce qui l’aurait poussé à tuer son neveu. Les témoignages ont par ailleurs prouvé que ce sentiment a été généré par d’autres membres de la famille. Dans d’autres cas, nous retrouvons même des récits dans lesquels on fait mention de crimes où le coupable aurait été protégé et caché par sa famille. Ainsi, ce petit noyau dans lequel tout se sait passe alors dans la ligne de mire des enquêteurs qui ne voyaient en eux que des possesseurs d’indices.
Mais, il faut aussi considérer que la famille est avant tout une victime, la première victime. Que le coupable ait agit sur un des membres de son cercle familial ou non, le crime brise les liens à tout jamais. Lors d’un podcast au sujet d’une affaire criminelle, un journaliste expliquait que les enquêteurs n’ont bien souvent que très peu conscience du bouleversement ou du traumatisme qu’ont pu vivre ces êtres ou du moins, ils n’y prêtent pas grande attention par manque de temps. Grâce aux médias, nous sommes aujourd’hui plus sensibilisés à cela. Pourtant les quelques fois où des témoins ont été interrogés sur ce sujet ont prouvé qu’ils avaient un message autre qu’un récit des faits à faire passer. La plupart ont eu des difficultés à retrouver un équilibre, ou même ne s’en remettront jamais, et souffrent parfois d’avoir dû révéler certains éléments plutôt que de protéger un être qu’ils aimaient.
Peu importe le rôle que la famille a joué, elle reste la clé pour résoudre ou du moins mieux comprendre un mystère. Vecteur ou confidente, elle possède des réponses mais est aussi, ne l’oublions pas, la plus touchée par de tels évènements. Sa position est double : elle veut protéger mais connaît des éléments capitaux sans vouloir les révéler. Les membres de la famille sont les premiers sous les feux de l’enquête mais ne semblent pas toujours être considérés à leur juste valeur et ont parfois du mal à se dénouer de ces affaires.
Alice Sommerer
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