La Norvège et ses énergies : le stratège en temps de crises 

Surnommée la nation verte, la Norvège est un pays nordique qui concentre la plupart de ses actions économiques autour de ses ressources naturelles. La guerre russo-ukrainienne qui touche le monde, notamment par une forte inflation, remet en question les provenances des énergies et ressources de nombreux pays. Dans cette bataille aux énergies, la Norvège s’impose comme le leader du marché et brille sur la scène internationale. 

Les différentes ressources et énergies

Avant tout, présentons les chiffres : 95% des énergies produites sur ce sol norvégien proviennent d’hydroélectricité, 2,6% des éoliennes et enfin 2,4 de centrales thermiques. Ce pays de 5,408 millions d’habitants, pour une surface de 385?207 km², profite des grandes chutes d’eau et donc de la force hydraulique pour produire beaucoup plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Numéro six à l’échelle mondiale, selon l’AIE (Agence Internationale de l’énergie), la Norvège exporte ainsi son électricité en Europe, principalement au Danemark et au Royaume-Uni. Ça ne s’arrête pas là : la monarchie totalise en 2021, d’après la même source, 93,8 millions de tonnes de pétrole et se classe au 11? rang mondial avec 2,025 millions de barils produits par jour.  

Fixer les prix, le challenge de l’Union Européenne

L’Union Européenne a coupé ses importations provenant de la Russie, en réponse à l’invasion menée en Ukraine. Dans cette crise, c’est la Norvège qui s’est imposée comme le tout premier fournisseur de gaz, notamment, pour l’Europe. Dans leur quête, les pays européens se sont en effet tournés vers la nation verte, frontalière à la Russie et qui observe de bonnes relations avec la communauté internationale. Devenu un leader du marché, le pays profite de sa position, entre autres, en ne plafonnant pas ses prix. C’est ainsi que, pour l’année 2022, la Norvège enregistre près de 150 milliards d’euros de recettes pétrogazières. 

Submergés par l’inflation qui engendre des risques socio-économiques, les pays européens tentent en vain de convaincre la Norvège de réguler et de plafonner ses prix. Mateusz Morawiecki, le premier ministre polonais, a interpellé la nation en mai dernier afin de « partager ces bénéfices exceptionnels » causé par « une prédation indirecte de la guerre déclenchée par Poutine ». La réponse de la Norvège tient en quelques mots et revendique la fiabilité de ses énergies et sa grande disponibilité :  « La plus importante contribution que la Norvège puisse apporter dans la situation actuelle est de maintenir une production élevée de gaz à l’avenir », rétorque le ministre du Pétrole et de l’Energie, Terje Aasland. 

Petit hic… 

Oslo a posé tout de même sa condition d’offre sur l’électricité, qu’elle pourrait manquer. Une situation unique que déplore la secrétaire à l’Énergie, Erik Saether qui admet que « ça n’a jamais été fait auparavant ». La situation est due à une baisse drastique de précipitations cet hiver, causée par la crise environnementale notamment, qui a fortement diminué la capacité des barrages électriques. C’est ainsi que la diminution de production a engendré une augmentation du prix de l’électricité pour les ménages. Les entreprises norvégiennes se sont donc heurtées à la concurrence des demandes étrangères.

D’autres alternatives possibles ? 

En grande difficulté, certains pays européens cherchent la meilleure solution et envisagent donc de diversifier leurs importations. Par exemple, la France a récemment étudié la question d’augmenter ses importations en gaz depuis l’Algérie. Après la visite de Macron, des discussions entre les grands groupes Engie et Storengy se sont organisées pour réfléchir à un partenariat économique et énergétique plus important. 

De plus, les pays européens songent à puiser dans d’autres ressources, comme le charbon. Très largement boycotté en raison de son impact écologique trop néfaste, le charbon a retrouvé sa place dans les projets des gouvernements. On peut nommer Londres qui a approuvé, le 13 décembre dernier, l’extraction de ce minerai à Whitehaven dans le nord-ouest du pays. Cette décision a surpris car le Royaume-Uni revient sur ses choix de ne plus utiliser cette énergie, une promesse faite lors de la COP 26 à Glasgow un an plus tôt. Convoité partout dans le monde, le prix du charbon sur le marché a explosé : depuis début 2022, on observe une augmentation de près de 150?%. 

Crises géopolitiques sur crises énergétiques : ces multiples événements de l’année 2022 ont ébranlé les systèmes économiques, bouleversant les modes de consommation. Une nouvelle dynamique des forces se profile, alors que les grandes puissances se mettent à réévaluer certaines options autrefois bannies, créant des enjeux diplomatiques sans précédent. Que nous réserve 2023 ? D’autres énergies pourraient-elles (re)voir le jour ? Mais surtout, la Norvège conservera-t-elle sa position dominante ? 

Baya Drissi

Sources :

https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/12/13/au-royaume-uni-le-gouvernement-cree-la-polemique-en-autorisant-l-ouverture-d-une-mine-de-charbon_6154106_3244.html

https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/la-france-negocie-laugmentation-de-ses-importations-de-gaz-algerien-1784171

https://www.geo.fr/environnement/la-norvege-cette-nation-verte-qui-sest-batie-sur-le-petrole-200364

la-crise-energetique-fait-repartir-le-prix-du-charbon-a-la-hausse-1775415
https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/energie-la-norvege-reticente-a-plafonner-le-prix-de-ses-exportations-malgre-les-demandes-europeennes-929478.html

Image : ©CC BY-SA 3.0

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