Space Invaders, la quête vintage 

Space Invaders : vous les avez peut-être vus, en flânant dans Paris. Ce sont des mosaïques qui représentent souvent des petits « êtres pixelisés » à repérer aux coins des rues parisiennes et internationales. Un artiste français est à l’origine de ce concept de street art. Il souhaite pourtant rester anonyme et a pour projet d’envahir de plus en plus les villes du monde avec son art. Alma vous emmène en voyage dans un monde pixelisé…

A l’origine : Space Invaders, le jeu vidéo

Développé par Tomohiro Nishikado au Japon en 1978 ce jeu prend inspiration des shoot ‘em up arcade game, les jeux de lancement de projectiles nord-américains. Considéré comme l’un des pionniers de l’âge d’or des jeux arcade, il marque la fin des années 1970 et le début des années 1980. L’objectif du jeu est, à l’aide d’un canon laser, de détruire la vague ennemie d’aliens qui procèdent du haut de l’écran jusqu’en bas. S’ils parviennent à toucher le sol, la partie est finie. 

Dès sa sortie, la portée de sa popularité mondiale  est inattendue, au point qu’au Japon, il entraîne une pénurie de pièces de monnaie (Giles Richards, The Guardian, A life through video games, 24 july 2005). C’est en 1980 que la diffusion du jeu connaît une hausse exponentielle, grâce à la compagnie américaine Atari Inc. qui développe une nouvelle version de Space Invaders pour la console Atari 2600. Ainsi l’expérience de gaming envahit les maisons. Dans la culture populaire, on retrouve des références dans de nombreuses séries télévisées notamment : Scrubs saison 7 épisode 7 intitulé My Bad Too où les infirmiers et médecins en stage jouent les rôles d’invaders et les ballons d’eau sont les missiles laser.  

En 2018, pour les 40 ans de Space Invaders, la marque de vêtements Uniqlo lui a dédié une collection dans laquelle les protagonistes absolus sont les extraterrestres pixelisés qui depuis quatre décennies envahissent le monde. 

Le Street Art 

Depuis 1998, l’artiste anonyme derrière les mosaïques essaie d’envahir le monde avec son art.  Il se définit en tant que « UFA, an Unidentified Free Artist ». A la base de son projet, il y a l’idée d’une « libération de l’Art de ses carcans que sont les musées et les institutions. Mais il s’agit aussi de libérer les Space Invaders de leurs écrans de jeux vidéo pour les amener dans notre propre réalité. » Si à la naissance le projet se dirige vers la création de tableaux, l’idée d’exposer directement sur les murs ne tarde pas à surgir. D’abord à Paris puis en direction du monde entier : « chacune de ces pièces devient le fragment d’une œuvre tentaculaire. » 

Les mosaïques sont collées aux murs grâce à des colles et du ciment particulièrement forts qui détruisent les carreaux de céramique en empêchant les tentatives de vol à des fins lucratives. Ces pièces, souvent abîmées ou détruites, existent heureusement dans les archives du créateur qui en possède des cartes d’identités en numérique pour les cataloguer. 

Pour ceux désireux de posséder une mosaïque chez eux, il est possible, sur le site Over the Influence, d’acheter un alias d’une œuvre exposée dans la rue. Ces alias sont des pièces uniques conçues par l’artiste lui-même. 

Space invaders, la quête urbaine 

Le jeu et l’art s’invitent sur nos portables grâce à l’application dédiée : Flash Invaders. Depuis 2014 il est possible de scanner les mosaïques urbaines et de construire son propre portfolio digital. De plus, à chaque Space Invader est attribué un nombre de points allant de 10 à 100 que l’on accumule et qui permet d’avancer au sein du classement global. Il y a de quoi occuper ses journées de flânerie ou de tourisme à l’étranger : aujourd’hui il existe 4083 invaders sur 81 territoires. Sur le sol parisien on en trouve 1485, ce qui fait de la ville lumière la plus envahie du monde ! 

Quelques curiosités … 

Le Space Invader le plus grand du monde se trouve à Paris, place Stravinsky tout près du centre Pompidou. Selon le site Galerie Itinerrance, près de 447 carreaux ont été utilisés dans la création de cette gigantesque mosaïque de 9 mètres de hauteur sur 7,8 mètres de largeur.

Le Space Invader le plus haut perché est « depuis le 12 mars 2015, incontestablement Space2, installé dans la station spatiale internationale lors de l’opération SPACE2ISS. »  Il se trouve à 35 kilomètres au-dessus du sol terrestre. 

Et le plus bas ? « Il y en a deux et seuls les amateurs de plongée sous-marine peuvent les voir puisqu’ils se trouvent au-dessous du niveau de la mer, dans la baie de Cancun à Mexico. Ils ont été posés avec la complicité de l’artiste Jason deCaires, sur une série de sculptures de ce dernier. »

Silvia Cavallini Campana

Sources :

https://space-invaders.com/about/

https://www.uniqlo.com/us/en/news/topics/2018101501/

https://spaceinvaders.jp/si45th.html

https://overtheinfluence.com/newsite-2021/wp-content/uploads/2023/01/Invader-5-Jan-2023-PR.pdf
https://itinerrance.fr/la-plus-grande-mosaique-dinvader-jamais-realisee-sur-la-place-stravinsky/

Image : © Wikimedia Commons

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