Le vieux à la mode ! (2 / 4)

Si même les plus grandes marques de mode se mettent à la seconde main, c’est que le marché de l’occasion a su se faire une place dans ce milieu si rigide.

La seconde main concilie bonne conscience, bonne affaire et plaisir personnel, un combo gagnant pour plaire au plus grand nombre. Ce phénomène de mode qui perdure a également rendu possible la pratique de l’upcycling, qui permet aux individus d’avoir des pièces uniques. De plus en plus de personnes se détournent ainsi de la fast fashion au profit des vêtements d’occasion. 

Pourquoi la seconde main plaît-elle autant ? 

Les raisons qui poussent les acheteurs à se tourner vers la seconde main sont multiples. 

Économiques d’abord. Comme les vêtements ont déjà été portés, leurs prix sont plus faibles que ceux du marché du prêt-à-porter, ce qui attire les jeunes acheteurs qui ont souvent un budget réduit pour faire leur shopping. Ces derniers sont aussi amenés à consommer moins, et à choisir plus consciencieusement leurs habits. 

Écologiques ensuite, car cette pratique repose sur une économie circulaire qui tend à amoindrir les effets néfastes de la surproduction en donnant une seconde vie aux vêtements. 

Enfin, acheter des habits d’occasion va souvent de pair avec la volonté de posséder un style « unique », ce que ne permet pas la fast fashion avec sa production « en chaîne » qui ne laisse que des impressions de déjà-vu.

Nous avons réalisé un sondage sur les habitudes de shopping des Français, et sur leur connaissance de la seconde main et de la fast fashion

Plusieurs études montrent déjà que les plus gros consommateurs de seconde main sont pour la plupart des jeunes, les millenials (25-37 ans) à hauteur de 33% arrivent en première position, suivis de la Gen-Z (18-24 ans) avec 16% des parts du marché de la seconde main. 

Nous avons décidé d’axer notre sondage sur cette tranche d’âge bien particulière des 18-25 ans qui compose les futurs acheteurs, près de 90% des personnes sondées correspondant à cette tranche d’âge. Les jeunes générations semblent donc de plus en plus engagées en matière d’écologie lorsqu’elles  font leur shopping. Même si leur motivation première reste l’avantage financier, les jeunes s’intéressent de plus en plus à la qualité des tissus utilisés ou à la provenance des vêtements. 

Un sondage réalisé par l’application sociale Yubo avait démontré que 42% des jeunes déclarent acheter des produits issus de la seconde main, et 44% prétendent réaliser leurs achats en friperie régulièrement. Si certains restent encore sceptiques, les convaincus sont toujours plus nombreux.

D’ailleurs, la seconde main dans le milieu de la mode est un phénomène qui semble s’inscrire dans la durée. On peut dater les débuts de cette pratique dans les années 1990 sans pour autant que le phénomène ne soit tendance à cette époque. Mais ces dernières années, la tendance s’est accélérée et dépasse maintenant le simple effet de mode, semblant vouée à croître dans les années à venir.

Ce succès est aussi à mettre sur le compte des réseaux sociaux, très influents auprès de la Gen Z. Durant la crise sanitaire du Covid, tous les regards étaient tournés vers la plateforme TikTok, qui a notamment permis aux influenceurs de relayer des bons plans concernant les derniers « spots » de seconde main tendances, de faire des hauls “spécial friperie”, ou encore de montrer leurs outils avec des vêtements upcyclés

C’est en débutant sur sa propre chaîne Youtube que Clara Victorya, surnommée la « reine du vintage », fait ses débuts sur les réseaux. La jeune femme se filme en nous montrant ses dernières trouvailles de friperies ; elle a même créé une série d’épisodes nommée « Le tour de France des fripes » afin de rassembler toutes les bonnes adresses pour chaque ville. Si pour elle, il est avant tout question d’une forte appétence pour le vintage et d’un budget restreint, il peut tout à fait s’agir d’autres motivations et c’est tout aussi bien. Sa grande passion pour la seconde main l’a alors poussé à aller au bout de son rêve en créant sa propre marque de vêtements d’occasion : Reliques. Elle a également lancé cette année “UNIQUE”, une application qui répertorie toutes les boutiques de seconde main de France, et organise souvent des événements autour de la mode d’occasion. Elle était d’ailleurs présente au “bon Super Market”. 

La fripe, c’est chic !

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L’accessibilité serait donc l’un des maîtres mots du marché de la seconde main, mais le fait de ne pas habiter dans une grande ville peut être un frein. C’est ce que révèle notre sondage, avec près de 45% des réponses qui donnent le facteur d’éloignement comme principale raison de leur désintérêt pour les friperies. Les boutiques de vêtements d’occasion n’en restent pas moins en plein essor : entre les friperies éphémères à l’image de celle installée sur les trois étages du Bastille Design Center par Oh My Frip ! en avril 2022 et les boutiques florissantes dans les petites villes qui gagnent en visibilité, on peut dire que la seconde main se porte à merveille.

Les grands centres commerciaux dédient même des espaces entiers aux friperies, comme le (RE)STORE des Galeries Lafayette Haussmann depuis l’année dernière. 

Une image contenant intérieur, plafond, mur, plancher

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Les habitués des brocantes voient également de plus en plus de gens le week-end sur les stands, les nouveaux venus commençant à se forger une culture du « bon chineur ».

Selon Fashion Network, 65% des Français font encore principalement leurs achats textiles en magasin. Cela s’explique par le fait que certains sont encore très attachés à la période des soldes et en profitent pour faire leurs principaux achats à ce moment de l’année. 

Les moins de 35 ans achètent moins dans les grandes enseignes et font alors considérablement baisser le volume de ventes. On parle même d’un écart générationnel. Avec un budget moyen d’environ 80 euros par mois, c’est plus de la moitié de la population française qui se tourne dorénavant vers la seconde main.

Un phénomène qui explose en ligne 

« La mode est un éternel recommencement » disait Coco Chanel, elle se renouvelle constamment. Cela peut expliquer l’engouement pour la seconde main car c’est une pratique qui permet de donner plusieurs vies à un même vêtement, faisant de ce dernier une pièce unique et chargée d’histoire. 

Entre 2012 et 2020, nous avons assisté à un véritable boom du secteur de la seconde main, les profits de cette industrie passant de 11 à 33 milliards de dollars. Cela commence grâce à des plateformes comme Ebay à l’international depuis le milieu des années 1990, et en France plus tard avec Leboncoin qui s’impose comme l’incontournable de la revente depuis 2006.

Hormis les applications de shopping généralisées, il y a d’autres applications de shopping centrées exclusivement sur la mode et dont les chiffres sont en hausse depuis déjà une décennie. Si de nombreuses personnes tirent profit des réseaux sociaux pour revendre leurs vêtements et parfois même créer leur marque de seconde main, d’autres applications comme Depop (fondée en 2011) s’affirment comme des réseaux sociaux de la vente sur lesquels il est possible non seulement de vendre et de faire son shopping, mais également d’échanger entre férus de mode. 

Cependant, le meilleur exemple reste la plateforme Vinted. Elle s’impose largement sur le marché de la seconde main dans la mode, avec un chiffre d’affaires s’élevant à 1,4 milliards de dollars en 2019, et qui devrait aller croissant dans les années à venir. Avec une application mobile facile d’utilisation, les utilisateurs peuvent dénicher des pièces à très bon prix et revendre les habits qu’ils ne portent plus, le tout en seulement quelques clics. Le plus avec Vinted – et la raison pour laquelle cette application est devenue la référence dans le secteur – c’est la garantie d’une « protection acheteur » pour les utilisateurs. En effet, le paiement est gelé dans l’attente de la bonne réception du colis. Ainsi, l’acheteur comme le vendeur peut bénéficier soit d’un retour soit d’un remboursement en cas de problème. Pour finir, la plateforme met en relation des utilisateurs situés dans plusieurs pays d’Europe, ce qui multiplie les chances de trouver des pièces originales, et attire des milliers de nouveaux utilisateurs chaque jour.

Quelques sites et applications de revente en France :

  • Leboncoin, qui se présente comme l’incontournable de la revente depuis presque deux décennies.
  • Vinted, n°1 du marché en ligne communautaire qui permet de vendre, d’acheter et d’échanger des vêtements et des accessoires d’occasion.
  • Vestiaire Collective, le leader du luxe vintage
  • Vide dressing, la seconde main haut de gamme
  • Beebs, qui fonctionne sur le même modèle que Vinted, mais pour l’achat-revente de pièces pour bébés.
  • Depop, le réseau social de vente adulé par les plus jeunes et tous les fans de la mode « seconde main » partout dans le monde.

Jessy Lemesle

Couverture : © Image par JamesDeMers de Pixabay

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