Peut-être avez-vous récemment entendu dire que la France avait été élue championne du monde des dépenses sociales cette année ? Mais qu’entend-on exactement par là ? Alma Mater chausse ses lunettes d’économiste et décrypte pour vous cette actualité.
Le 14 décembre dernier, une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) révélait que la France était le pays européen à consacrer la plus grosse part de son PIB (Produit Intérieur Brut) aux dépenses sociales. On entend par là 32,2 % du PIB, soit 848,9 milliards d’euros, pour 2022. Un titre que semble monopoliser la France puisqu’il s’agit de la septième année consécutive ! Elle se place ainsi en tête, devant l’Italie, qui y dédie 29,6 % de son PIB, ou encore l’Allemagne (29,2 %). À l’autre extrémité, on trouve des pays comme l’Irlande (12,8 %).
Et en quoi consistent exactement ces dépenses sociales ? On considère qu’elles correspondent à une somme annuelle moyenne de 12 550 euros par habitant. Elles servent à couvrir les principaux risques sociaux touchant la population française. La plus grosse partie de ces prestations sociales, 5 500 euros, concerne le « risque vieillesse-survie », expression qui englobe les dépenses liées aux retraites ou au minimum vieillesse. Viennent ensuite les dépenses rattachées au « risque santé », s’élevant à 4 700 euros. Le reste des prestations occupe une part largement moindre, comme celles liées à la famille qui sont de 850 euros en moyenne.
Comment expliquer un chiffre aussi haut ? Le système social français est très complet par rapport à celui de ses pays voisins. Les Français disposent en effet d’un remboursement important des frais de santé, de l’un des systèmes de retraite les plus généreux au monde, ou encore d’allocations en cas de perte d’emploi. Cependant, les dépenses sociales n’ont pas toujours occupé une place aussi conséquente. Elles n’atteignaient en effet même pas les 15 % il y a soixante ans ! C’est depuis la fin des années 1950 que celles-ci ont connu une importante progression, ne redescendant plus en dessous de la barre des 30 % depuis 2010. Elles ont continué d’augmenter ces dernières années, malgré la crise sanitaire et l’inflation. La France sera-t-elle à nouveau championne en 2023 ?
Marjolaine Milon