Que ce soit en apprenant une seconde langue durant leur enfance ou plus tard dans la vie, les bilingues amènent les chercheurs à se questionner sur les particularités de leur cerveau. Le bilinguisme présente-t-il des avantages cognitifs ?
Le spectre du bilinguisme
Il existe plusieurs profils de personnes bilingues, et la façon dont elles acquièrent leurs compétences linguistiques diffère selon le contexte dans lequel elles vivent. Le bilingue maternel est un enfant qui apprend à percevoir le monde qui l’entoure à travers l’acquisition simultanée de deux langues. Le bilingue superposé, quant à lui, grandit dans un foyer où sa langue maternelle diffère de celle qu’il utilise en société. Enfin, le bilingue acquis apprend une autre langue en filtrant les connaissances à travers sa langue maternelle.
En réalité, le bilinguisme est un spectre : les effets des compétences linguistiques sur l’activité cérébrale varient. Les résultats des études scientifiques mettent en évidence la différence entre les cerveaux des bilingues maternels et ceux des autres.
La structure du cerveau bilingue
Le passage d’une langue à l’autre ainsi que les capacités de mémorisation liées à l’apprentissage présentent des avantages significatifs chez les bilingues maternels. Une étude menée par Natalie Phillips, chercheuse à l’université de Montréal, met en évidence la flexibilité cognitive des adultes. L’activité mentale constante liée à l’apprentissage de la langue et de sa mémorisation retarderait l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer.
Les zones cérébrales liées au langage sont plus épaisses chez les bilingues maternels, leur conférant ainsi une meilleure mémoire. Le corps calleux, le pont qui relie les deux hémisphères du cerveau, montre une connexion plus forte entre les deux parties chez les bilingues maternels. Cela serait responsable d’une plus grande créativité, en particulier chez les enfants. Le passage d’une langue à l’autre mobilise un réseau de neurones associé au contrôle exécutif global plutôt qu’à un réseau spécifique au changement linguistique. Selon Christos Pliatsikas, professeur à l’université de Reading, le bilinguisme modifie la structure cérébrale : les neurones sont plus nombreux, les connexions également, et l’information circule donc plus rapidement.
Allison Caudron
Illustration : Celine el Feghaly