L’université de Columbia, située dans l’État de New York, est l’épicentre d’un mouvement national aux États-Unis qui a commencé le 16 avril en soutien aux Palestiniens de Gaza.
Revêtus de keffiehs1, les étudiants occupent les campus d’universités avec des tentes décorées de drapeaux palestiniens et de pancartes appelant à arrêter l’offensive militaire du gouvernement de Benyamin Netanyahou dans la bande de Gaza. Le mouvement s’est répandu dans quatre-vingts campus américains. Leurs principales revendications incluent la cessation de tous les liens financiers et les partenariats entre les institutions d’enseignement supérieur et les universités israéliennes.
La présidente de l’établissement de Columbia, Minouche Shafik, a fait démanteler le camp de solidarité à Gaza en mobilisant la police de New York au lendemain de son installation. En soutien, à Denver, à Austin ou à Los Angeles, les étudiants se mobilisent pour dénoncer le « génocide dans la bande de Gaza ». Le 26 janvier dernier, la Cour internationale de Justice a reconnu un « risque plausible de génocide de la population palestinienne à Gaza ».
Depuis l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre dernier, de vives tensions règnent dans les universités concernant la situation à Gaza. Des affrontements ont notamment eu lieu à l’université UCLA à Los Angeles. Un groupe de personnes pro-israéliennes a attaqué le campement tenu par les étudiants pro-palestiniens. Les revendications des étudiants se heurtent aux accusations d’antisémitisme à l’encontre d’étudiants juifs sur les campements contestataires. Les organisateurs des protestations ont condamné ces déclarations et revendiquent l’inclusivité de leur mobilisation.
Chaque président d’université a été appelé à restaurer l’ordre et la sécurité dans son établissement par la Maison-Blanche. Alors que certaines directions d’universités, comme celle de Berkeley, ont décidé de ne pas intervenir, d’autres ont fait appel aux forces de l’ordre ou à la police antiémeute pour évacuer les étudiants. Plus de mille étudiants ont été arrêtés par la police. Cependant, les mobilisations payent. Le 30 avril, les étudiants de l’université Brown, dans le Rhode Island, ont démantelé leur campement, car la direction a accepté de discuter pour couper les liens entre l’université et des entreprises liées à Israël qui participent à l’effort de guerre contre Gaza. La mobilisation a également touché d’autres pays, comme la France, le Canada, l’Allemagne, le Mexique ou l’Irlande. À Dublin, un blocus d’une université a été levé le mercredi 8 mai après que la direction ait officialisé son désengagement de trois entreprises israéliennes.
Clémence Le Maître
1 Le keffieh noir et blanc est devenu l’emblème symbolique du peuple palestinien.