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 « Coller l’oreille aux colimaçons » :

C’est en partenariat avec le Frac Île-de-France qu’a pu voir le jour l’exposition « Coller l’oreille aux colimaçons ». Au programme ? Une ribambelle d’œuvres concoctées par des artistes provenant des écoles d’art parisiennes, et surtout, une équipe d’étudiantes curatrices surmotivées, aux Réserves de Romainville, pour donner vie à un art sans frontières.

Au commencement, elles sont onze. Onze étudiantes en master qui forment la collective phèmes. Et s’organiser, quand on est onze, ce n’est pas facile. Il a fallu faire des compromis, discuter, nous confie l’une des étudiantes. Car c’est sur trois niveaux que s’étale l’exposition. Ici, l’art contemporain est mis à l’honneur, et il y en a pour tous les goûts : du « Champ de portraits capillotractés » d’Anna Giner aux mèches de cheveux entrelacées d’Isabelle Cornaro.

Mais ne crions pas haro sur le baudet. L’art contemporain n’est pas nécessairement abstrait, explique Esin Ayber, membre des phèmes. L’art abstrait se suffit à lui-même, alors que toutes les œuvres de l’expo ont une véritable portée idéologique ! Pour le « Champ de portraits capillotractés », le but est avant tout de dénoncer l’ampleur des stéréotypes féminins dans la quête de soi : l’artiste veut exposer toutes les strates de la société. De la noble marquise à la modeste coiffeuse, il n’y a qu’un pas.

Après avoir arpenté en long et en large les trois étages de l’exposition, l’envie nous prend de revenir sur nos pas pour la parcourir à nouveau. Seuls, on perçoit encore mieux ces œuvres qui, souvent, transmettent une histoire personnelle. L’explication laisse alors place à la rêverie, on se laisse bercer par le son des magnétophones qui crachotent des paroles, des bruits d’ordinaire presque inaudibles. L’exposition devient déroutante. On comprend bientôt le mot « colimaçons » comme une perte de repères. Nos conceptions habituelles de l’art sont bousculées, bouleversées. En sortant, Esin et moi faisons un léger détour pour rencontrer Gabriel Levie, justement en train de répéter sa performance. On n’imagine pas qu’une œuvre d’art puisse être conçue en extérieur, sur le bitume.

Nous sommes finalement repartis de cette exposition avec la conviction que, loin des stéréotypes dont on l’accable souvent, l’art contemporain est plus riche et complexe qu’il n’y paraît.

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