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Quand la quête de l’inconnu se heurte aux normes sociales

Autrefois souverains de la chaise de bureau, désormais explorateurs de l’inconnu, ils sont de plus en plus nombreux à quitter travail, famille et amis pour échapper à la routine quotidienne et se lancer dans l’aventure du tour du monde. Un phénomène pourtant marginalisé face à des normes sociales qui valorisent la conformité et la stabilité.


Fatigue, pression, détresse… Autant de termes qui illustrent le burn-out, un état d’épuisement physique, mental et émotionnel causé par un stress prolongé, souvent lié au travail. Une situation extrême qui pousse de nombreuses personnes à devenir backpackers, ces voyageurs qui explorent le monde avec pour seul bagage un sac à dos.


Cependant, cette recherche de l’inconnu ne se limite pas à un simple épuisement. Elle est souvent motivée par le besoin de se redécouvrir, des échecs professionnels, le désir de nomadisme et la quête de liberté, qui font écho au concept de biophilie, une tendance innée à se connecter avec la nature.

La biophilie, une théorie développée par le biologiste Edward O. Wilson dans son ouvrage Biophilia (1984), soutient que les êtres humains ont une tendance innée à établir des liens avec la nature et d’autres formes de vie.

C’est ce désir de connexion qu’a éprouvé Laura, une tiktokeuse sous le pseudo @lauralhrx, qui partage sa vie de nomade. Pour elle, tout quitter était motivé par un désir profond de voyager et de découvrir l’inconnu. Lors d’un solo trip au cours de l’été 2023, elle découvre Bali et son désir d’indépendance avec : la machine était lancée.

Comme Laura, de plus en plus de personnes choisissent aujourd’hui de voyager pour fuir un malaise grandissant envers leur pays d’origine : « Je pense que beaucoup se lassent de la France et de tout ce qu’il s’y passe, mais je sais qu’il y a pas mal de gens qui partent pour mieux se trouver aussi, il y a une vraie question de santé mentale. » Cette tendance est d’ailleurs confirmée par une étude de Virtuoso et YouGov en 2022, qui révèle que plus d’un cinquième des touristes (21 %) voyagent aujourd’hui pour des raisons de bien-être.

De ce fait, le voyage devient un moyen de voir la vie d’une autre manière, offrant une solution temporaire, ou du moins un échappatoire, aux routines et pressions sociales. « Il y a une grosse prise de confiance en soi, tu te rends compte que tu es capable de beaucoup, tous les jours tu es obligé de sortir de ta zone de confort, et c’est super enrichissant. », ajoute-t-elle.

Ces bienfaits  sont pourtant méconnus par la société et considérés comme marginaux par la plupart :  un mode de vie stable, donc sédentaire, est davantage valorisé, contrairement à la liberté qu’offre le voyage. Sur le plan psychologique, de nombreuses personnes sont naturellement réticentes au risque et préfèrent rechercher la sécurité : « Forcément avant de partir il y avait pas mal d’appréhension, mais ça valait tellement le coup au vu de la fierté et de l’apaisement que j’ai eus quand je suis arrivée. » confie la créatrice de contenu.

Mais d’où viennent ces appréhensions et les préjugés qui entourent ce désir de découvrir l’inconnu ? Les modèles de réussite linéaire diffusés par les médias et les institutions éducatives façonnent des idées collectives qui influencent notre vision de la réussite personnelle.

Condamnée ou idéalisée, la découverte de l’ailleurs reste un excellent moyen de se découvrir soi-même, tout en réinventant les codes d’une société qui s’attache à la sécurité que procure le connu.

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