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Ces marins du Vendée Globe qui surfent sur le web

Si 40 skippers se sont lancés dans la célèbre course maritime du Vendée Globe en novembre 2024, ce sont plus de 400 000 participants qui se sont joints à eux sur Virtual Regatta, le jeu de voile virtuel créé en 2006. Parmi eux, certains ont décidé de vivre pleinement l’aventure en occupant leur bateau resté à terre. Voilà une autre manière tout aussi immersive de tenter l’aventure.

Où en est la course ?

Débutée le 10 novembre avec un retour estimé mi-janvier 2025 pour les plus rapides, la dixième édition du Vendée Globe compte déjà quatre abandons. La majorité des skippers s’affairent aujourd’hui à passer le cap Leeuwin, au sud de l’Australie, pour entrer dans le Pacifique dans des conditions extrêmes. Les trois premiers tenant dans un mouchoir de poche s’approchent du point Némo, repère de la course, avant de contourner la Zone Exclusion Antarctique (ZEA) et d’entamer le retour qui passe par le tant redouté cap Horn, au sud du Chili. Si le peloton de tête opte souvent pour des stratégies risquées en serrant la ZEA au Sud par exemple, d’autres se voient obligés de modifier leur cap au Nord et d’éviter les zones de dépression pour se maintenir en lice et éviter les avaries. La force des rafales et des vagues oblige certains à oublier la course face à la nécessité des gestes essentiels et vitaux.

Le corsaire est dans le pré 

Cette expérience, Bernard Poiteau la vit lui aussi mais à sa manière. Installé pour trois mois dans son voilier au milieu de son pré, ce fonctionnaire retraité de 71 ans habitant de la Loire recrée la course de voile à l’aide de Virtual Regatta, armé de son ciré jaune et de son équipement de marin. Jour et nuit sur son corsaire, le navigateur en herbe n’échappe pas aux tempêtes et aux avaries mais compte bien rester dans la course, au moins jusqu’à l’arrivée du premier skipper aux Sables d’Olonne. Il a, lui aussi, traversé cette dangereuse dépression qui a cueilli les skippers près du cap de Bonne Espérance et a su adapter son cap. Pour la skippeuse de 23 ans, Violette Dorange, qui s’est livrée au Monde, ce passage, « c’est déjà la guerre ».

Une aventure solitaire aux enjeux intimes 

Xavier Beauvois s’empare de cette figure du marin qui a le mal de mer dans son film La Vallée des fous, sorti en novembre 2024. Jean-Paul, joué par Jean-Paul Rouve, est un restaurateur veuf et père de famille. Passionné par la voile, il s’inscrit sur Virtual Regatta et choisit d’aménager son voilier dans son jardin pour l’occuper pendant trois mois. Sa décision, contestée par sa fille et son père, lui permet plus tard de renflouer son restaurant criblé de dettes grâce aux sponsors qu’il attire. Pourtant l’exercice ne va pas sans difficulté. Trois mois coincé sur un voilier, ce sont trois mois passés à se confronter à soi-même, à ouvrir les yeux sur ses psychoses, sur ses défauts. Trois mois pour s’accepter. La course est une véritable épreuve personnelle pour le héros qui, loin de faire le tour du monde, fait plutôt le tour de son monde. Peut-être est-ce là un aspect, trop oublié, qui fait la particularité du Vendée Globe, tous participants confondus.

Crédits photographiques : Vendée Globe, Les Sables d’Olonne, more-lodki-parusa-regata-sport.webp (1332×850)

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