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Légaliser le cannabis ?

Après 95 ans de prohibition, le Canada devient le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis. Dans une perspective internationale, de nombreux pays envisagent de légaliser ou, tout du moins, de dépénaliser cette substance. Cependant l’opposition reste forte et les débats houleux.

Une chance pour l’économie nationale ?

Ces dernières années, de nombreux États ont changé leur législation en faveur d’une dépénalisation voire d’une légalisation du cannabis (le plus récent étant le Canada qui a officiellement légalisé le cannabis le 17 octobre dernier) et les conséquences semblent globalement positives. Qu’attend donc la France ?

Notre pays a une politique des plus répressives pour lutter contre le cannabis. Il dépense près de 570 millions d’euros dans cette lutte (en 2013, 14% des personnes incarcérées en France l’étaient pour trafic de stupéfiants selon l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies). Malgré cet investissement, les Français sont parmi les plus gros consommateurs d’Europe.

Les Pays-Bas, quant à eux, exercent une politique plus laxiste et réussissent à peu consommer de cannabis. N’est-il pas temps de suivre leur exemple ?

Il existe différents changements possibles : la dépénalisation (ne plus sanctionner la consommation de cannabis ou déclasser l’infraction de l’usage), la légalisation dans un cadre concurrentiel et la légalisation dans le cadre d’un monopole public. Selon un rapport de Terra Nova, cette dernière solution semble la plus concluante. À terme, elle permettrait de contrôler la demande de cannabis, de contenir le marché noir et enrichirait de manière conséquente l’État. S’ajoute à cela la multitude d’emplois qu’elle créerait.

Pour être optimale, elle doit s’effectuer en deux temps. Tout d’abord, l’État doit fixer le même prix que celui de l’actuel marché noir afin de faire disparaître ce dernier. Les frais
de répression disparaissent donc, mais l’augmentation de la consommation amène à des dépenses de santé et de prévention. Cependant, selon Terra Nova, les recettes fiscales s’élèvent tout de même à 1,6 milliard d’euros (dans l’hypothèse où le cannabis est taxé à 80% comme c’est le cas pour le tabac). L’inconvénient de cette phase est que les faibles prix peuvent inciter à la consommation.

Dans un deuxième temps, l’État, via une hausse des prix de vente, permet de limiter la demande et ainsi de réguler les dépenses liées à la santé et à la prévention. L’État perçoit ainsi 1,3 milliard d’euros de recettes fiscales.

À terme, les recettes de cette légalisation peuvent être utilisées pour la prévention et la prise en charge des usagers extrêmes. Ainsi, en se concentrant principalement sur l’aspect économique, la France a tout intérêt à légaliser cette drogue.

Laure DEFONTE


L’irresponsabilité sociale

Parlons de faits scientifiques : Une étude menée en 2012 par l’Académie Nationale des Sciences du Chili a montré que l’usage régulier du cannabis chez les adolescents pouvait conduire à une diminution de 8 points de leur QI. Cette idée est reprise et vérifiée par le NIDA (National Institute on Drug Abuse) des ÉtatsUnis. De plus, une autre étude menée par plusieurs groupes de recherche a prouvé que les adolescents consommant du cannabis avaient quatre fois plus de chance de devenir schizophrènes.

Le problème devient encore plus net lorsque c’est l’État qui doit prendre en charge les problèmes de santé liés à cette drogue.

Selon l’UNODC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime), au Colorado – état dans lequel la marijuana est complètement légale –, les incidents hospitaliers liés à la consommation de cannabis sont passés de 8 198 en 2011 à 12 888 en 2013 soit une augmentation de 57% en 2 ans.

Actuellement, la marijuana représente la substance dont les États-Uniens sont les plus dépendants : en 2008, sur 7 millions de jeunes de 12 ans dépendants d’une substance illicite, 4.2 millions avaient consommé cette drogue pendant l’année scolaire. Comment une possible légalisation ou dépénalisation de cette substance peut-elle prétendre aider à réduire ces chiffres ?

Économiquement parlant, certes, la France et beaucoup d’autres pays dépensent énormément d’argent public dans cette “war on drugs”, mais cette action est vraiment nécessaire. De plus, si l’on considère les coûts éventuels liés à une légalisation du cannabis (le traitement des addictions, la prévention, l’application de nouvelles lois, administration, etc.), les dépenses publiques deviennent nettement supérieures à
celles consacrées à la guerre contre le cannabis menée actuellement ; tout en mettant en danger la population de jeunes Français.

Enfin, lors de la prohibition aux États-Unis, durant laquelle la consommation d’alcool avait fortement baissé. Suite à la levée d’interdiction en 1933, non seulement la mafia qui se chargeait de vendre ce liquide avait agrandi ses réseaux, mais la consommation avait, de même, augmenté considérablement, entraînant un vrai problème de santé publique.

Ainsi, la marijuana est, en elle-même, un danger pour la société, non seulement pour la santé des jeunes, mais elle représente aussi un moteur fondamental des réseaux mondiaux de narcotrafic et du crime organisé.

Si le tabac et l’alcool (deux drogues légales) sont aujourd’hui les substances les plus mortelles de la planète, pourquoi voulons-nous en rajouter une autre ?

S.R.

Illustration : Rolando CRUZ

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