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De l’opium au génie

Les drogues dans la littérature

Le saviez-vous ? De grands auteurs se sont laissés tenter par l’opium, cette drogue qui leur offrirait un monde nouveau. Le génie apparaît là où le talent rencontre la folie. Cette extase emporte l’auteur dans une dimension étrange aux possibilités infinies. Plus de limites au monde ni à la création ! Plus de limites aux mots ou aux images !

« L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes, allonge l’illimité, approfondit le temps, creuse la volupté et […] remplit l’âme au-delà de sa capacité. », Charles Baudelaire. Le poète découvre d’abord l’opium pour ses vertus thérapeutiques. Il contemple et teste également l ’ effet du haschich sur son esprit et l’analyse dans son essai Les Paradis artificiels. Selon un critique, C. Pichoir, « le haschich fut pour lui une curiosité exotique, l’opium une habitude tyrannique ». L’opium représente en effet le quotidien de Baudelaire. Sa création va de paire avec sa consommation qui l’apaise et lui permet de dépasser les limites du possible et de l’imaginable.

Mais Baudelaire n’est pas le seul auteur à user, voire abuser, de l’opium. Tenté par la fougue de sa jeunesse, le célèbre Arthur Rimbaud en consomme également. Les fameux « poètes maudits », selon l’expression de Verlaine, voués à l’autodestruction par leur sentiment d’exclusion, tendent à la surconsommation de drogues, ce qui n’arrange pas les choses. Rimbaud fait en effet partie de ces nombreux artistes, de même que Baudelaire, Théophile Gautier, Verlaine lui-même et Nerval (que la drogue a poussé au suicide).

Le jeune Rimbaud traduit cette euphorie en racontant l’expérience de la drogue dans son poème Matinée d’ivresse. Il y décrit les étapes qui suivent la prise de stupéfiant : la « montée » puis la « descente ». Il y livre le secret de l’extase qui mène au rêve et à la création poétique. Cette « ivresse » constitue bien un moteur créatif pour le jeune Rimbaud qui présente dans ses textes un monde parallèle, merveilleux et lié à la folie.

Eh oui, le XIXe siècle représente donc bien l’effervescence de la drogue en littérature ! Mais cette pratique dépasse cette simple période. Jean Cocteau, consommateur d’opium, rédige en 1928 Opium, journal d’une désintoxication. « L’opium dégage l’esprit. Jamais il ne rend spirituel », y écrit-il. Ce dernier utilise cette thématique de la drogue comme inspiration créatrice après la mort par overdose d’un de ses amis. Il est bien conscient de ses limites et présente un ouvrage lucide face aux excès et aux dangers de l’addiction.

Rêve et danger se mêlent donc dans l’opium, qui pousse plus loin le génie créateur naturel du poète.

Clémence VERFAILLIE-LEROUX

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