Si je vous dis cabaret, vous pensez sûrement tout de suite au Moulin Rouge, music hall affriolant. Mais si je vous parle des cabarets de Paris, sauriez-vous m’en citer d’autres ?
Le Lido, qui remplace « La Plage de Paris » en 1936, s’inspire d’un décor vénitien pour mettre en scène ses danseuses, dont les « Bluebell Girls », dans des revues où nudité et chic sont maîtres mots. La revue actuelle « Paris Merveille » s’inspire de ce principe pour jouer avec la nudité tout en élégance, sans jamais basculer dans le vulgaire. Le cabaret se démarque en inventant au lendemain de la guerre le concept de dîner spectacle, qui fait rapidement fureur dans la capitale, et se retrouve adopté par d’autres enseignes célèbres.
Le Moulin Rouge est connu mondialement pour son French Cancan, mais le saviez-vous : cette appellation date de 1961, quand Charles Morton, père fondateur du music hall, ajoute « french » au Cancan déjà existant, pour décrire les manières françaises bien plus osées. Les « chahuteuses », danseuses de Cancan (dont le nom vient de « Coincoin »), étaient déjà décrites en 1898 dans Le Guide des Plaisirs de Paris comme « une armée de jeunes filles qui sont là pour danser ce divin chahut parisien comme sa réputation l’exige… Avec une élasticité lorsqu’elles lancent leur jambe en l’air qui nous laisse présager d’une souplesse morale au moins égale ».
Vous l’aurez compris, le Moulin Rouge joue avec une sensualité quasi-grotesque dans ses spectacles, malgré une nudité restreinte. C’est le cas dans sa dernière revue « Féérie », âgée de presque 20 ans (où certains tableaux sont à la limite du kitsch), mais pendant laquelle les danseurs et danseuses effectuent le French Cancan le plus difficile du monde.
À l’inverse, au Crazy Horse, où la piste n’est parcourue que par des danseuses triées sur le volet, la nudité est le mot d’ordre depuis qu’elle a été autorisée sur scène en 1968. De là vient la marque de fabrique du saloon qui habille les femmes avec des jeux de lumières plus impressionnants les uns que les autres.
En bref, chaque cabaret apporte sa version du spectacle parisien, en dosant différemment la nudité et la sensualité, loin d’être synonymes.
Jeanne VILLECHENOUX
Illustration : Marine CHAMBEAUDIE
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