Vendredi 26 octobre, la toile intitulée Edmond de Belamy a été vendue à 432 500 dollars soit 381 000 euros, dans une salle d’enchères new-yorkaise. Il s’agit de la première œuvre produite par un algorithme, une intelligence artificielle, à être vendue aux enchères. Cette toile est une collaboration entre trois Français du collectif Obvious, qui ont créé une IA capable de réaliser une œuvre d’art originale.
Mais s’agit-il vraiment d’une création artistique ?
Ce portrait fait partie d’une série de onze œuvres créées par l’IA à partir d’algorithmes répertoriant des portraits typiques du XVIIIe et du XIXe siècle, une base de données assez
large pour que l’IA puisse « décider » d’elle-même du style et de la forme de ses sujets. Cela permet à l’IA de visualiser les différentes techniques de création et les caractéristiques à la réalisation d’un portrait. Elle est liée à l’Homme par sa base de données, mais elle reste une entité indépendante. Elle parvient à choisir elle-même ses procédés artistiques pour produire des portraits fictifs. Il s’agit donc d’un mélange entre imitation et création.
L’indépendance de l’IA dans sa capacité de production reste cependant relative. Il s’agit d’une machine issue de l’initiative humaine, ne faisant que reproduire une œuvre en ne
valorisant que la tekhnè, (?????en grec). Il n’est pas question des émotions, l’IA n’étant pas capable d’éprouver des sensations, elle ne peut porter un jugement esthétique sur l’œuvre qu’elle produit. Elle reproduit seulement des émotions déjà piégées dans les portraits sélectionnés par Obvious. Ce n’est alors que l’illusion d’une œuvre d’art.
De plus, on peut remettre en question la volonté de création de l’algorithme. L’IA ne possède pas l’indépendance face à la création artistique. Ces portraits restent l’issue d’une volonté proprement humaine que la machine exécute. Elle n’est que l’outil de production, qui reste bien différent de l’artiste.
La relation entre l’art et l’IA reste donc compliquée et semble être une question bien plus philosophique que scientifique.
Clémence VERFAILLIE-LEROUX
Illustration : « portrait d’Edmond de Bellamy » ©Obvious