Le jeudi 12 avril, l’arrivée de fourgons de CRS à Tolbiac aurait pu mettre fin au blocage du site Pierre Mendès France, mis en place depuis plusieurs semaines. Les occupants ont dû se préparer à une nuit de siège.
Tout commence par un appel à l’aide en fin de journée sur un groupe Facebook. Les occupants du site de Pierre Mendès France demandent des renforts face à l’arrivée massive de CRS qui encadrent les rues et encerclent le bâtiment. Presque au même moment, d’autres CRS présents sur la place de la Sorbonne ont pénétré dans le bâtiment et évacué ses occupants, recourant notamment à l’utilisation de gaz lacrymogènes. Craignant de perdre à leur tour un blocus qu’ils avaient établi depuis plus de deux semaines, les étudiants de Tolbiac lancent un appel à l’aide qui sera entendu par plusieurs centaines de personnes.
Le chant des occupants
Nuit froide, ambiance électrique. Dès la sortie du métro, un cordon de CRS se tient sur le pied de guerre. D’autres se sont répartis aux extrémités de chaque rue encadrant ainsi le site. Depuis leurs perchoirs, des bloqueurs leur crient fièrement : « Vous pouvez nous tabasser, nous gazer, nous virer, mais on reviendra ! On n’abandonnera pas ! ». Devant l’entrée de la faculté, une fanfare donne le ton de la soirée. Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant les grilles pour les écouter ou les soutenir. Dans la demi-heure qui suivra, ils seront des centaines. Vers 22h, des étudiants viennent défiler dans la rue, armés de banderoles, entonnant des « Tout le monde déteste la police » ou encore « Sorbonne, Solidarité ».
Ils appellent à les rejoindre dans l’enceinte pour se mobiliser à leurs côtés.
Si la grille principale est fermée, la grille arrière du bâtiment a été encombrée d’une barricade de chaises et de tables auxquelles les bloqueurs ont ajouté une échelle pour pénétrer sur le site.
Au cœur du blocus
À l’intérieur, l’ambiance se veut enjouée, mais dans les premières heures de siège elle reste néanmoins tendue. Les occupants s’attendent à un assaut imminent et veillent depuis les différents points d’observation que procure le site. Sur les murs de la faculté ou des bâches, on peut lire toutes sortes de punchlines et autres messages anecdotiques tagués allant de « Pour les frères Traoré Tolbiac-Beaumont Solidarité » à « Grève des Femmes, solidarité internationale ».
Finalement, aux alentours de 22h30, les CRS finissent par s’éloigner des rues autour du site pour aller se regrouper des centaines de mètres plus loin, à bonne distance du champ de vision des manifestants. Ces derniers finiront par attribuer cette victoire à l’afflux continu d’étudiants venus les soutenir. Et bien que nombre d’entre eux resteront toute la nuit pour veiller, la tension redescend d’un cran : l’heure est à la célébration, ce jeudi 12 avril ne sera pas la fin du blocage de Tolbiac. Ce blocus sera finalement stoppé une semaine plus tard, lors d’une intervention de CRS le vendredi 20 avril, vers 5h du matin. L’opération s’achèvera aux alentours de 6h, mettant fin au blocus irréductible en moins d’une heure.
Tom MALKI (Sorb’On)