Valeur, prestige, beauté ; tels sont les attributs que l’on associe souvent au roi des métaux : l’or. Médailles d’or, nombre d’or, âge d’or… il possède une symbolique forte et est un des métaux les plus malléables, attractifs et utiles au monde. Mais avant : petit retour en arrière…
Au cours de phénomènes cosmiques de grande envergure, suffisamment d’énergie est libérée pour synthétiser des métaux lourds, c’est-à-dire fusionner des noyaux d’atomes pour en faire des nouveaux, plus lourds : c’est la nucléosynthèse. Bien plus tard, notre Terre est née de l’agrégation de poussières d’éléments – dont ces métaux – attirés mutuellement vers son centre. L’or et ses voisins seraient remontés à la surface du globe lors des nombreuses chutes d’astéroïdes de la période dite du « Grand Bombardement tardif » pendant la formation du système solaire. Dès 40 000 ans av. J.-C., les Hommes du Paléolithique s’outillaient déjà avec l’or. Durant l’Antiquité, il a été reconnu pour sa beauté et a été utilisé en tant que monnaie, souvent à l’effigie de grands personnages. Les Aztèques l’appelaient teocuitlatl qui signifie « le caca des dieux » (riche idée). Notre terme moderne vient du latin classique aurum qui signifie brillant — c’est d’ailleurs aussi la racine du terme « aurore ». Les progrès scientifiques du Moyen âge ont conduit les alchimistes à s’atteler à la recherche de la légendaire chrysopée : la transmutation de métaux en or, et la confection de la pierre philosophale. Ces travaux visionnaires, bien que sans succès, permettront tout de même l’émergence de la chimie moderne. Même s’il est théoriquement possible de transmuter des métaux en or, les coûts pour réaliser cette opération sont astronomiques, et les quantités produites, dérisoires. En 1980, l’équipe de Glenn Seaborg a relevé le défi, lorsqu’ils ont inséré du bismuth (un voisin du plomb) dans un accélérateur de particules ; mais seuls quelques atomes ont été changés en or.
D’un point de vue scientifique, l’or est le plus malléable des métaux : un seul gramme peut être effilé sur trois kilomètres de long ! C’est un « métal noble », une particularité de sa configuration atomique, qui signifie qu’il est insensible à la plupart des acides usuels, le rendant extrêmement résistant à la corrosion, et aussi comestible. Il est donc apprécié en haute gastronomie pour décorer les plats raffinés et en électronique pour sa conductivité et sa résistance. Enfin, c’est un des métaux non radioactifs les plus denses, ce qui signifie qu’une petite quantité d’or pèse très lourd.
Voler des lingots d’or ? Mauvaise idée : chaque lingot bancaire pèse 12,5 kg ! Misez plutôt sur nos billets d’euros, ils sont en coton…
Théophile Grezes