Martin Jaglin, co-fondateur de Mon Petit Gazon

Mon Petit Gazon (MPG) est un jeu de fantasy football créé en 2011. Grâce à ses mécanismes simples et son humour décalé, ce jeu à su s’imposer comme la référence des jeux liés au ballon rond en France. La rédaction a eu le plaisir de rencontrer Martin Jaglin, l’un des co-fondateurs de MPG. 

De quand date le projet MPG ? D’où vient cette idée ? 

On jouait à un jeu qui s’appelait Fanta League, un jeu à mi-chemin entre Mon Petit Gazon et Football Manager. Il était assez poussé et très technique, on devait être mille en France à jouer, dont Benjamin, Gregory et moi [les fondateurs]. On a remarqué que le site se mourait, on a donc appelé les fondateurs, un peu au bluff, et on leur a proposé de reprendre leur site. Est née ensuite MPG, une version simplifiée et plus populaire que Fanta League. La première année, uniquement grâce au bouche à-oreille, nous avons atteint les 4 000 inscrits, puis 20 000 lors de la deuxième, puis 80 000 la suivante ; une croissance exponentielle sans faire aucune publicité marketing. Le concept plaisait vraiment. Le fait de posséder des joueurs comme Ibrahimovic, Verratti, Cavani, ça vous change votre façon de regarder le football. Nous pouvons recenser aujourd’hui plus de 1,3 millions de membres.

A-t-il été compliqué de tout abandonné pour se lancer dans cette aventure ? 

Nous avions tous les trois un bon travail, un bon salaire et de bonnes équipes. Nous n’avions aucune raison de partir. En 2016, nous avons réalisé que le concept plaisait réellement et que le nombre de joueurs ne cessait d’augmenter. Nous avons lancé une opération de crowdfunding, cela nous a permis de récolter près de 40.000€ très rapidement. Nous ne pouvions pas laisser passer notre chance. D’un côté il y avait ce projet qui nous tenait à cœur, de l’autre, une situation stable. On a tout laissé tomber pour se consacrer exclusivement à cette nouvelle aventure. Grégory est parti le premier puis nous l’avons suivi. Nous sommes aujourd’hui 12 dans l’équipe.

 

Les joueurs MPG sont-ils des utilisateurs fidèles ? 

Oui, c’est le cas ! Plus de 60% des gens qui jouaient en 2011 sont toujours présents. Ce jeu représente un véritable fil rouge dans la semaine, c’est devenu un rendez-vous à ne pas manquer. Contrairement à un jeu comme Football Manager, cela demande à l’utilisateur de consacrer qu’une dizaine de minutes par semaine. La complexité du jeu n’est pas la même et cela permet à des utilisateurs débutants de comprendre les règles rapidement.

Peux-tu nous donner le profil type d’un joueur MPG ? 

Il y a deux profils de joueurs MPG : les étudiants entre 15 et 24 ans, qui s’amusent à jouer sur leur téléphone entre deux cours. Et puis les jeunes actifs de 25 à 35 ans qui se motivent à jouer pendant leur travail en créant des compétitions en interne. Pour l’instant, cela reste des profils masculins de milieux urbains, il y a une majorité de joueurs de la région parisienne, car comme je vous l’ai expliqué, il n’y a pas de publicité, uniquement du bouche à oreille. Cependant, ils ne sont pas tous forcément des passionnés de football, certains joueurs vont être amenés à s’inscrire uniquement dans l’optique de passer des bons moments entre amis. Nous essayons également de toucher une cible féminine, mais cela reste plus difficile.

 

Quel est le modèle économique du jeu ? 

La répartition est simple. 80% de nos revenus sont issus de la publicité, reposant sur des partenaires de longue durée. Et les 20% restants sont issus des achats dans le jeu : mode expert, achats de bonus, maillots virtuels… Certains modes payants ont eu du mal à fonctionner, certaines personnes ne sont pas encore prêtes à payer pour jouer à un jeu sur Internet. Aujourd’hui, 75% des joueurs jouent en mode « classique », pour 25% en mode « expert ».

Comment calculez vous les notes de chaque joueur ? 

Nous récupérons 80 statistiques par joueur et par match en temps réel grâce à notre fournisseur Perform Opta. En fonction de la position du joueur sur le terrain, une valeur est attribuée à chacune de ses statistiques. Ce qui nous intéresse, ce ne sont pas forcément les pourcentages de passes réussies, mais plutôt l’impact de chaque joueur sur le match. Les passes « intentionnellement » décisives, les dribbles qui font la différence ou les tacles réussis en position de dernier défenseur sont, par exemple, des indicateurs qui ont une grande influence sur la note finale d’un joueur.

 

Quels sont vos prochains projets à court/moyen terme ? 

De nouvelles fonctionnalités vont arriver à la rentrée. Nous avons créé un tout nouveau système appelé « montée/descente ». Nous sommes partis du constat que, lors d’une saison MPG, seulement 10 joueurs au total pouvaient s’affronter. Nous ne voulions pas augmenter ce nombre, c’est pourquoi nous avons élaboré un nouveau système permettant aux joueurs de créer une « grande » compétition composée de plusieurs divisions. Par exemple, il sera possible de créer 3 divisions de 10 joueurs.

Après avoir concerté nos fans sur les réseaux sociaux, nous avons aussi décidé d’intégrer la Ligue 2 dès la saison prochaine.

 

Avez-vous connu des moments difficiles ? 

Nous avons connu quelques moments difficiles avec l’Équipe et la Ligue de Football Professionnelle. En 2013, nous utilisions les notes du journal l’Equipe pour notre jeu. Ça n’a pas plût au journal qui nous a demandé d’arrêter. Ils ont eu raison. Cela nous a forcé à créer notre propre algorithme. Puis, quelques années après, La LFP nous a affirmé que l’on ne possédait pas les droits de la L1 et qu’il nous était donc impossible de créer un jeu autour du championnat français. Bien évidemment, cela était faux. La LFP a réalisé qu’il avait tout intérêt à nous laisser créer un jeu pouvant provoquer de l’engouement autour du championnat.

 

Quel genre de profil recrutez vous ? 

Nous recrutons des profils « techs », des développeurs front et back office. Notre équipe est composée à 70% de développeurs avec des missions variées. Pas besoin d’être un expert du football pour nous rejoindre, être bon en codage est le plus important ! Nous intégrons du contenu de journaliste dans notre jeu mais nous n’avons pas vocation à devenir un média.

Propos recueillis par Mark Cohen et Alban George

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