Journal des confinés d’Alma Mater – Semaine 3, du 30/03/20 au 05/04/20

En ces temps un peu particuliers, Alma Mater a décidé de créer un journal de confinement commun, qui laisse la possibilité aux membres de l’association de s’exprimer de façon totalement libre. En voici le résultat, une succession de témoignages à lire par petits et grands bouts, ou à redécouvrir quand l’orage sera passé !

Les Haricots Verts

Jour 19 : Vendredi 3 Avril.

Noyée. J’ai croulé sous les choses à faire toute la semaine. Impossible d’être efficace, j’ai étalé des tâches que je pouvais faire en deux heures sur six heures en moyenne, trop perturbée, pas concentrée, sujette aux maux de tête à cause de tout ce travail sur ordinateur. La seule bonne nouvelle de la semaine : un probable aménagement des examens finaux de physique, en mettant sous forme de point bonus (ou ce qui pourrait s’y apparenter) les exercices qui porteront sur des notions vues durant le confinement.

J’ai essayé de maintenir le rythme des barres au sol autant que possible mais c’était impossible au vu de mon manque d’organisation, j’ai donc pu faire 20 minutes de danse de toute la semaine alors qu’en règle générale je culmine autour de 6 heures par semaine… Si je ne me ressaisis pas vite, je vais perdre toutes mes capacités physiques, et mentales. Rien ne va ! C’est si difficile de se motiver, de rester concentrée, de ne pas se laisser divertir… Je pense que pour la semaine prochaine je vais me faire un vrai programme, car pour le moment je me suis contentée d’une simple « to do list », mais il faut que je me fixe des créneaux horaires. Réaliser les tâches en soi n’est pas un problème de taille, la difficulté réside dans l’étalement de la tâche liée au fait qu’il m’est trop difficile de passer plus d’une quinzaine de minutes sur la même chose. 

Sinon, j’ai commencé une nouvelle série que je regarde avec ma famille, trois épisodes par soir en moyenne (on est tous des binge-watcher dans la miff’), parfois plus, qui est pas mal du tout mais on ne parlera jamais assez des scènes de sexe gênantes quand on est en présence de ses géniteurs. Si c’était des scènes de sexe normal, honnêtement, on n’en aurait cure, mais le problème est qu’une dimension particulièrement glauque y est ajoutée, et comment vous dire que dans ce genre de moments, soit vous rentrez les épaules et vous vous enfoncez dans le canapé, soit vous faites un petit commentaire destiné à détendre l’ambiance du style « sympa », qui est un échec total dans 90% des cas. 

Avec l’asso, ma très chère Alma Mater, on s’est fait un Almapéro en visio, d’abord sur zoom avant de nous faire expulser du serveur car nous n’avions pas payé (seule une heure est disponible gratuitement, quelle arnaque), et de continuer nos petites histoires sur le serveur discord de notre toute aussi chère rédaction vidéo. Ne vous l’avais-je pas dit ? Que de nouvelles façons de rencontrer ou d’échanger avec du monde. 

Jour 20 : Samedi 4 Avril.

Premier jour des vacances ! J’ai une grosse envie de souffler un peu ce week-end, mais j’avais cette même envie le week-end dernier et cela a eu des conséquences dramatiques : j’ai totalement perdu le rythme et j’ai eu un week-end de quatre jours, le temps de me réadapter au rythme « scolaire ». Vous me direz qu’il n’y a plus besoin de s’adapter à un quelconque rythme durant les vacances, ce à quoi je répondrais avec autant de lassitude que de placidité que si, je dois me trouver un rythme à la fois tranquille pour me reposer, et efficace pour pouvoir rattraper mon retard au niveau des cours, mon retard au niveau du conservatoire, et me trouver un peu de temps pour moi et mes activités autocentrées (pour dire ça comme ça). 

Ainsi, j’ai créé un petit planning d’organisation, avec peu de tâches par jours et des horaires très limités (pour ne pas retomber dans le cercle vicieux de l’exo faisable en 20min qui m’a pris 6 heures) pour tenter de pallier à mes problèmes de productivité. J’ai l’impression d’être totalement obsédée par la productivité, mais j’ai toujours été ainsi, c’est l’un de mes plus gros défauts et l’une de mes plus grosses qualités à la fois. Je sais faire beaucoup de choses en une journée, et j’aime faire beaucoup de choses en une journée, parce que, purée, la vie est courte et je n’ai pas que ça à faire du larver sur un canapé en regardant la télé. Il y a tant à découvrir, tant à expérimenter, tant à vivre que même confinée, je trouve trop de choses à faire pour pouvoir me plaindre de m’ennuyer. 

J’ai donc commencé par me faire mon petit planning de la semaine, puis j’ai composé un peu pour le conservatoire. Notre prof veut qu’on fasse une phrase de 8 temps chacune sur le morceau Nemesis de Benjamin Clementine. Rien de bien compliqué vous me direz, car 8 temps est l’équivalent de 8 secondes, mais l’essentiel de la tâche ne réside pas dans la composition mais dans le projet sous-jacent duquel je suis en charge (je m’occupe de montage vidéo) : nous souhaitons créer un mouvement continu dansé avec toutes les danseuses. Cela signifie que chacune commence par le dernier mouvement de la précédente. Cela va être extrêmement compliqué à gérer, et je trouve ça génial qu’on se lance dans un tel objectif, mais parfois je me demande pourquoi je me suis lancée dans une tâche si lourde. Je vous l’ai dit, j’ai besoin de faire trop de choses ! Et j’adore ça.

Dans l’après-midi, je suis descendue (ma chambre est à l’étage) pour échanger un peu avec ma famille et je les ai trouvés assis par terre dans le salon à discuter tout en profitant des rayons du soleil. Mon père a alors lancé l’album de Bob Marley, les musiques avec lesquelles il nous a élevés depuis tous petits, que nous connaissons toutes les paroles de tous les morceaux, et nous nous sommes mis à chanter en riant et en nous dandinants comme des rastas mal lunés. Mon frère a trouvé une balle, une balle que l’on a également depuis tout petits, probablement la seule chose qui reste depuis notre premier appartement, et nous sommes sortis dans le jardin faire quelques passes avec pour objectif de la rattraper et de la relancer avec une seule et même main ! Comment vous expliquer que, certes, la balle tient dans une main, mais que c’est une balle compacte avec du sable à l’intérieur, c’est-à-dire que lancée avec une certaine puissance, elle serait capable de vous faire un bleu ou de vous casser un doigt… Il n’empêche que ça nous a bien fait rire, et ça a constitué notre sport de la journée. C’était vraiment beau comme moment, car cela faisait des mois et des mois que nous n’avions pas partagé tant de complicité. Le confinement rapproche, et je me rends compte aujourd’hui de tout le temps que j’ai perdu loin de ma famille, de toute la bonne humeur que j’avais laissé derrière moi pour me concentrer sur des choses parfois très importantes, certes, mais aussi parfois très futiles. J’en tire de grandes leçons de vie, des leçons sur l’essentiel. 

Alors, je me suis dit, quitte à tirer des leçons, autant essayer de découvrir quelque chose de nouveau sur laquelle j’ai beaucoup de préjugés : la méditation. En effet, de préjugés il n’en manque pas, mais c’étaient des préjugés sur ma moi-même. Je me sentais incapable de me canaliser, donc incapable de méditer. La boule d’énergie qui est en moi et qui brûle depuis toujours me disait que ce n’était qu’une perte de temps. Pourtant, nombreuses sont les personnes qui m’ont fortement conviée à méditer, notamment pour pallier à mes problèmes de concentration. En effet, être très active m’handicape énormément pour me focaliser sur quelque chose en particulier, car mon esprit passe toujours du coq à l’âne et vagabonde sur différents projets qui font partie intégrante de mon quotidien. J’avais alors trouvé un remède dans l’écriture et le dessin, mais ce sont des remèdes difficiles à mettre en pratique à tout moment, car je ne possède pas toujours une feuille, un crayon ou un ordinateur sous la main. Alors je me suis lancée. Je me suis assise sur le sol, pour le pas m’endormir, lancé une vidéo tutoriel sur la méditation Anapana, c’est-à-dire sur la méditation de l’attention, qui consiste à essayer de se concentrer sur souffle sans le modifier. Cela semble facile au premier abord, mais il n’a fallu à mon esprit que quelques secondes pour se mettre à divaguer et à ma faire angoisser sur toutes les choses que j’avais à faire ! Mais je me suis accrochée. A chaque fois que mon esprit me mettait un coup de pression intellectuelle, je le ramenais sur mon souffle, et celui se dégonflait aussitôt ! Quel lâche… Bref. J’ai dû tenir une quinzaine de minutes, qui m’ont parue extrêmement rapides, avant de céder à l’appel incessant de ma conscience qui me criait « tu dois écrire à telle personne, de toi faire-ci, faire-ça, fais-le maintenant que tu as le temps… », et je me suis donc mise sur mes différents projets. 

Ils consistaient globalement à m’occuper un peu dans les engagements d’Alma Mater. J’ai donc fait un retour sur un script, terminé d’écrire un petit article, pris des nouvelles et supervisés quelques projets qui perdaient la route au sein du pôle vidéo. Et c’est fou à quel point j’ai été efficace ! Était-ce lié à cet instant de méditation ? Ou simplement parce que c’étaient des projets bien plus concrets que de réviser des cours ? Je ne sais pas encore. Je pense qu’il faudrait que je réitère l’expérience plusieurs fois pour me convaincre de réels changements dans ma vie s’il y en a. 

Sinon, j’ai commencé un livre de Mary Higgins Clark, le premier de ma vie, que j’avais trouvé pour cinquante centimes chez Boulinier : “Rien ne vaut la douceur du foyer”. J’en dirais plus dans les prochains jours, mais si une chose est sûre, c’est qu’il est diablement addictif ! Je pourrai enfin me faire un petit avis personnel sur l’auteure dont on m’a tant parlé. Peut-être qu’un jour lirai Amélie Nothomb aussi, car on m’en a tout autant parlé. 

Rayou

Jour 15 : 30 Mars. C’est la semaine 3 (déjà !) pour commencer cette nouvelle semaine je décide de cuisiner de nouveaux plats ! Je vous partage ici la recette d’un fondant au chocolat et des papillotes au thon : bon appétit les confinés ! Pour le fondant au chocolat (2 à 3 personnes, adaptez selon). 

3 oeufs, 200 grammes de chocolat noir, 100 grammes de sucre, 3 cuillères à soupe de farine, 50 grammes de cacao, 1 sachet de sucre vanillé, 1 verre de lait. Faire fondre le chocolat avec un peu de beurre soit au bain-marie soit au micro-onde. Casser les oeufs dans un récipient, y ajouter le sucre et mélanger jusqu’à que la texture soit bien montée, ajouter le sucre vanillé et le cacao, bien mélanger. Verser la farine petit à petit dans la préparation. Sortir le chocolat fondu puis l’incorporer à la pâte, bien mélanger, ça va durcir, ajouter le lait pour rendre la pâte plus liquide. Prendre un moule, le beurrer puis verser la préparation dans le moule et enfourner au four à 180 degrés pendant 15 à 20mn, 15 si vous voulez votre fondant bien coulant, 20 si vous souhaitez un mélange de coulant et de bords cuits. Passons aux papillotes de thon (toujours pour 2 personnes) ! Une boîte de thon, une grosse tomate, un oignon, une gousse d’ail, du persil, un peu d’huile d’olive, deux cuillères à soupe de crème fraîche, du fromage selon votre envie et du citron. Prendre deux récipients, les recouvrir de papier aluminium (ou papier cuisson), verser dedans le thon, la tomate découpée en petit dés, l’oignon en lamelle, l’ail, sel, poivre, persil, un peu d’huile d’olive, rajouter du fromage et la crème fraîche, finir avec le citron puis, refermer l’aluminium en formant une boule et enfourner vos papillotes au four (sur un support) pendant 20mn à 180°. C’est prêt ! S’accompagne super bien avec des oeufs, des pâtes, du riz, faites vous plaisir !

Jour 16 : C’est le dernier jour du mois de mars. Qui aurait cru que ce mois finirait ainsi ? Cette nuit un autre cauchemar est arrivé : une forêt sombre, un cri de loup-garou et une impression de sacrifices. Rêver de telles choses le dernier jour du mois ? C’est un mauvais présage pour celui à venir. 

Jour 17 : Aujourd’hui c’est le 1er Avril. Cette journée est connue pour être celle du poisson d’Avril ! Les Fake News fusent en masse sur Internet, avec ce contexte sanitaire, il faut faire gaffe et redoubler de vigilance. Si vous voulez mon avis, cette année est un poisson d’Avril à elle-seule. Evitez de faire la blague “aujourd’hui je passe la journée dehors” à vos proches, c’est de très mauvais goût. 

Jour 18 : C’est la journée internationale de sensibilisation à l’Autisme. C’est une cause importante à mes yeux l’Autisme, une maladie si rare et pourtant si dévastatrice. Ce soir c’est quiche au saumon et à la tomate, je prépare la pâte moi-même, j’ai le temps, on va tester pour une fois, farine, beurre un peu d’eau et c’est joué. 

Jour 19 : Ce matin je me suis levé tôt, cela fait du bien, on sent la journée longue. J’ai téléchargé le jeu pc de mon enfance : les Winx ! Des souvenirs remontent haha. Ce soir c’est Koh Lanta, ça crie beaucoup mais c’est amusant à voir ! 

Jour 20 : On est Samedi, c’est normalement le week-end. Vous ai-je dit que je regarde la série Reign ? Je vais commencer la saison 2, c’est passionnant. Elle raconte les histoires de Marie Stuart à la cour de France, elle épouse François II, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, entre complots, meurtres, politique,  amours, mariages, amitiés et trahison j’adore ! 

Jour 21 : Les vacances de Pâques ! Magnifique, je devais être rentré chez moi en Algérie  si tout s’était bien passé, revoir mes proches, le soleil (bon je chipote il fait beau ici aussi de temps en temps haha !) et mes amis d’enfance, tout cela tombe à l’eau et c’est bien dommage ! Je voudrais également vous parler de la Bibliothèque solidaire du confinement ; Il s’agit d’un groupe Facebook ou plusieurs personnes partagent leurs ressources afin de combler le plus grand nombre. Je me suis ainsi procuré la collection « Que sais-je ? », il y’a un numéro sur l’Histoire des États-Unis, du Canada, de la Russie, les grandes notions philosophiques, la sociologie, une introduction au droit, bref il y a de tout ! Je vais ainsi m’amuser à tout lire 🙂 ! Au fait, bonnes vacances ! Quant à mes cauchemars, tout va bien pour l’instant, je pense que la dame (ou le monsieur) du lac a pris congé. 

Adrien A.

Rencontrer, c’est découvrir.

                                                                                                                                                                          Le clown au sourire absent. 

Belle journée. Beaux amis. Belle vie. En ce samedi matin, Alice, Miriam et moi nous promenions dans la foire écologique du parc Farroupilha. Couleurs et odeurs chevauchaient un exquis parfum de saveurs. L’arc-en-ciel de l’exotisme s’effeuillait timidement sous nos yeux à mesure que les corps de nos consœurs et confrères se déplaçaient. En avant, en arrière et parfois en crabe, cette danse folklorique forçait, par moment, la mise en veille de sens visuels en surchauffe et mit à jour des capacités olfactives et auditives jalouses de leur homologue optique. Les fleurs d’hibiscus illuminaient les étals de leur rose sombre profond. La fascination des uns se portait sur des cannes à sucre plus grandes qu’un enfant de dix ans, celle des autres sur une machine à transformer la matière en un épais trésor sucré. Savons et produits de beauté biologiques respectueux de l’environnement et destinés à une clientèle dont la bonne conscience ne reflète pas le niveau de vie, faisaient le bonheur des plus coquets d’entre nous et, plus tard, dans une intimité que je ne pourrais qu’imaginer, de leur épiderme soyeux et revigoré. 

Cette matinée était donc belle pour qui a de l’argent à dépenser. Une fois satisfaits, nous partîmes vers de nouvelles péripéties. Nous longions le parc en direction de mon ancien refuge de tôles et de faux parquets quand il nous arrêta. Le clown était là, debout à ma gauche, et m’interpella d’une voix presque imperceptible. Les filles continuèrent sur leur lancée sans lui prêter la moindre attention. Il m’adressa la parole, mais je ne sus ce qu’il voulait. Peint de blanc et d’un sourire rouge écrevisse, son maquillage ne trahissait pas l’air sinistre qu’il arborait. Son chapeau melon vermeille et sa salopette à carreaux jaunes et bleus lançaient dans toutes les directions des éclats festifs, mais son costume eut perdu depuis longtemps sa capacité à enjouer sa tristesse apparente. A nouveau il parla, et cette fois, il prononça des mots dont le sens n’était pas inconnu à mon cerveau. Sans détour et de façon explicite, il me fit remarquer les présences rayonnantes d’Alice et Miriam, jeunes femmes pleines d’énergie qui, dans l’esprit de ce clown abattu, ne pouvaient qu’être mes femmes. S’en suivit, à ses yeux bordés d’un noir profond, une conclusion logique : je possédais deux femmes, je devais donc posséder beaucoup d’argent. Surpris, je tentais de lui expliquer, dans un portugais approximatif et peu confiant, qu’aucune de ces deux créatures ne m’appartenait ; seule une amitié naissante et un besoin de repères maintenaient ce petit trio en l’état. Pourtant, il n’en démordit pas et réclamait son juste dû. Confus, je sortis un real d’une poche dont l’accès ne me paraissait pas si étroit quand elle abritait mon portable envahissant. Je le lui tendis, il baissa son regard fatigué sur le contenu de ma main gauche, ferme et en attente d’une réaction, puis sa main couvrit la mienne. Quand cette couverture s’envola, la pièce avait disparu et avec elle mon obligation à soutenir le regard d’un clown dépité par un donneur si avare. 

Je m’éloignais et rejoignis Alice et Miriam. Elles comprirent rapidement ce qu’il venait de se jouer, mais demandèrent des précisions sur le discours accrocheur de ce comique austère. Des sourires amusés et de légers rires ponctuaient mon histoire et leur écoute. Cette situation nous amusait. Puis, dans un élan d’humilité, je déclarais qu’une telle vie ne devait pas être facile. Travestir ses humeurs ainsi, n’être incapable d’illustrer sa créativité sinon par des expressions faciales morbides, exposer une dignité inexistante à un public qui, au final, rira telle une baleine à gorge déployée; à tous les coups ce ne doit pas être facile. Mais qu’en sait cette audience ricanante ? Au bout du compte, l’effet comique fit mouche ; nous rîmes et ce clown récupéra son juste prix. 

Quelques temps plus tard, nous vîmes à nouveau ce clown désabusé. Assis au croisement des ruas 24 de Outubro et Mariante, il ne nous remarqua pas. Moi, je le vis et partageais sans tarder ma redécouverte de ce talent avec Alice, Miriam et Lucas. A nouveau, des sourires vinrent embellir nos visages heureux et insouciants. A ce moment-là nous nous dirigions vers ce qui, apparemment, était le meilleur restaurant de glace d’açai de la ville, Confraria do Açai. Pour information, l’açai ressemble à une petite baie sombre et vient du Nordeste brésilien. Cette pépite exotique, nous la faisions donc importer. Pour information, dans le restaurant en question, il est possible de déguster une glace d’açai avec un supplément céréale, mais aussi avec des bananes et un mélange de tous les jus de fruit possibles et imaginables. Je choisis la formule la plus simple et la moins chère, dix reais. Je dégustais mon goûter du quatre-heure en compagnie de mes amis. 

Et voilà que j’écris ces lignes, j’essaye d’y ajouter de la poésie et du style pour lui donner un air romantique – pour mieux faire passer la pilule ? Peut-être reverrais-je à nouveau ce clown; peut-être irais-je voir son spectacle neuf fois de suite ; peut-être, si la répétition ne m’en lasse pas, laisserais-je à chacune de mes visites un real ; ou peut-être qu’une fois ces lignes couchées, je l’oublierais et le laisserais dans les archives de ma mémoire. 

La vie est belle. 

Histoire d’une vie rêvée. 

                                                                                                                                                                  La nuit, je regarde mon plafond se recouvrir d’une couche de peinture lunaire. La nuit, j’imagine Vénus briller sur ce morceau de plâtre et de béton. La nuit, mes paupières voilent un esprit à la dérive dans l’immensité d’un univers rocambolesque, et infini. 

                                                                                                                                                                  Chapitre 2, Partie 1.

                                                                                                                                                                                         Rêve 1, 

                                                                                                                                                                30 Mars, nous sommes dans mon inconscient. Nous étions une sacrée bande, tous réunis pour un jeu issu de la fusion du football et du basket. Pieds, mains, tête et autres parties du corps pouvaient être utilisées comme semblaient le prévoir les règles de ce jeu hors normes. Des cages de football étaient également de la partie, et leur gardien, ce qui évitait à tous mes acolytes imaginaires d’être exagérément dépaysés par un imaginaire agité. Je me battu pour attraper cette balle fuyante et roulante entre les jambes de mes adversaires. Un jeune homme blond ceintura mes côtes de ses bras de fer et je sentais cette désagréable tension que mon compagnon de jeu m’envoyait; cette insistance malsaine et obscène. Heureusement, je lui fis comprendre mes attentions amicales et il me relâcha. 

Cette fois, c’était la bonne : balle au pied, champ dégagé et adversaires en retrait, j’étais seul dans la surface, devant les buts, prêt, dans l’imaginaire de mon inconscient, à exprimer ma grâce technique qui ne demandait qu’à refaire surface. Tous mes sens en éveil, ma jambe initia ce mouvement de balancier, coupa le souffle de mes coéquipiers, se précipita vers une balle prête à entendre le chant du cygne, mais ne put délivrer qu’un coup mollasson à cette sphère de faux cuir qui venait de quintupler son poids. Quelle déception. 

Soudain, nous nous retrouvions avec mon ami Xavier, dans une pièce éclairée par ampoule à incandescence. Une femme, je dirais d’une cinquantaine d’année environ, brune, nous demandait si elle et ses neuf amis pouvaient se joindre à notre petit divertissement. Un autre de nos amis intervint, je ne pourrais dire qui, et lui expliqua que nous étions déjà treize à jouer et que, par conséquent, accueillir davantage de monde sur un si petit terrain allait être compliqué. Treize, vraiment ?  Je ne me rappelle que de trois personnes sur ce champ sportif : le blond impétueux, le gardien évanescent, et moi. « On pourrait tourner », déclara la femme. Puis, plus rien. 

                       Rêve 2,

                                                                                                                                                                  Agréable soirée dont je ne peux me rappeler la température extérieure. D’ailleurs, je ne me rappelle jamais de la température qu’il fait dans mes rêves; la prochaine fois, je penserai à prendre un thermomètre avec moi, au cas où. Nous étions un petit groupe d’amis que je n’identifiai pas à cet instant précis. Nous étions à un festival urbain de musique : une combinaison entre la Techno parade parisienne et le carnaval de Porto Alegre. Au milieu d’une foule en délire que j’imaginais dense, mais qui ne formait, sur les bords de mon champ de vision, qu’une masse sombre et informe, le char avançait et les organisateurs proposaient d’y inviter un maximum de dix personnes. Un groupe fut choisis, puis un second. Ce second groupe, c’était nous. Téléportés sur les banquettes du deuxième étage du char, c’est à ce moment que je réalisai qui m’accompagnait. Nous étions cinq et je ne pus identifier que mes amis, Xavier et Pierre. Ce dernier ne semblait pas animé d’un esprit festif et se tenait en retrait, à gauche du lieu où nous étions assis; ce n’est pourtant pas son style pendant ce genre d’évènements. Sentant fierté et satisfaction m’envahir, je mis mes bras autour des épaules de mes compères, signe que la soirée allait être mémorable. Comme par enchantement, mon bras, sans que je ne m’en fasse réellement la remarque à ce moment-là, s’allongea pour aller chercher l’épaule de Pierre, qui devait se trouver au moins à trois mètres de la banquette assignée à supporter mon derrière, comme en signe d’unité et de cohésion. Nous nous amusâmes également à jeter les billets d’une devise que je ne connaissais pas. Ce que je peux vous dire, c’est que des billets de neuf (entrer le nom imaginaire), échappèrent à mes mains maladroites. Puis, plus rien.

Chapitre 2, partie 2.  

                                                                                                                                                                                         Rêve 3,

                                                                                                                                                                  J’étais sur un lit, baigné dans une lumière orangée, à l’intérieur d’une pièce régie par une légère houle. Rapidement, je me rendis compte de mon état rêveur – début de lucidité ? – mais le parasitage de ma vision et les images floues qui commençaient à se former autour de moi me forcèrent à abandonner un rationnel que le Rêve ne peut accepter dans son royaume. Derrière moi se trouvait une fenêtre. Je m’y glissai pour rejoindre le toit d’un train en marche. A travers la nuit, je distinguais arbres et forêts dont les allures, déformée par la vitesse de ma monture, ne m’accordaient aucune contemplation. Droit devant moi, se trouvaient des étendues d’eau, d’îles et d’agrégats verts. Le train quitta l’univers nocturne pour tourner sa scène crépusculaire. Le Soleil était à l’Ouest, prêt à laisser ses quartiers à la Lune. J’aperçus une île densément urbanisée, ma destination. Aucun rail ne soutenait le tracé du train, qui semblait voler sur l’eau. Aussi décidai-je de regagner la civilisation par la voie des airs. Tel un poulet en plein baptême du feu, je battus des bras. Ces maigres morceaux de chair ne disposaient ni d’aile ni de voile pour emprisonner un air porteur décidément absent; pourtant je m’envolai. Au-dessus de la berge, face à une route, je voyais des maisons, blanches et grises. Puis, plus rien. 

                        Rêve 4, 

                                                                                                                                                                    Mon inconscient connaît un carnet d’adresse bien fourni et sait faire jouer ses contacts : la nuit dernière, Michael Fassbender a honoré mon rêve de sa présence illusoire. Reprenant son rôle de Magnéto, il partit enquêter sur une mystérieuse affaire de local, ou plutôt bureau, détruit. Je suivais son parcours comme un réalisateur derrière sa caméra. A son arrivée sur place, Magnéto tomba sur un être aux pouvoirs surnaturels, un peu comme les siens. Cet être – ce mutant – avait la capacité de décomposer son corps en plusieurs autres corps identiques mais de plus petite taille. Les deux ne tardèrent pas à s’affronter. Cette créature violette, tout droit sortie de la Terre du Milieu, ne laissa aucune chance à son adversaire magnétique. A peine ce dernier eut-il le temps de lever son puissant bras qu’il s’immobilisa au sol subissant les rafales de coups d’un ennemi aux forces sans pareil. Dans un moment de lucidité, il projeta le monstre dans une pièce voisine. Le visage en sang, il chercha avec angoisse la créature. Seul moi pus voir dépasser un bras violâtre du cadre de ma caméra : maintenant ils étaient deux. A nouveau, les forces de Magnéto durent contenir un déchaînement de rage et de violence. Soudain, ce torrent de rage se transforma en centaine de billes d’huile de couleur sombre, ces dernières encerclaient un combattant aux aboies comme pour marquer une victoire imminente. Il n’en fut rien. Quand il ouvrit les yeux, Magnéto était seul.

Note au lecteur : c’est précisément à la fin de cette bataille épique que mon inconscient décida de se passer des services de ce bon vieux Michael. 

Nous attendions devant les portes de l’école. Quoi donc ? Je n’en avais pas la moindre idée. Je venais de vivre un duel mémorable et me voici, faisant le pied de grue, devant une ribambelle de bambins dont l’énergie débordante risquait à tout moment de m’exploser au visage. Pourtant, je reconnus l’objet de mon songe : couvert par son costume de tête blonde innocente à la recherche d’une protection maternelle, discret comme une tique qui attend sa dose d’hémoglobines, son regard perfide en disait long sur ses intentions. Il s’éloigna de la foule sans se retourner. J’avertis mes pairs du danger que représentait ce petit corps frêle, alors ils se lancèrent à sa poursuite. L’issue de cette folie, je ne la connaîtrai pas. Soudain, seconde vision d’horreur : une enfant, douce comme le pelage protecteur de l’Akita, à la chevelure soleil et aux gestes délicats, sortit d’une foule figurative. Je savais qu’elle était dangereuse.

Une fois de plus, je me retrouvai dans une bibliothèque. Elle ressemblait à la bibliothèque Richelieu à Paris. Imposante, ornée de statues de marbre, équipée de ces chaises ridiculement inconfortables spécialement conçues pour aggraver un mal de dos que des heures de travail ayant généreusement accueilli un corps qui ne demande qu’à respirer l’air du monde. Tout y était excepté ce troupeau d’étudiants en Histoire des Arts et leurs livres qu’un annuaire téléphonique n’oserait défier. Ce qui attira réellement mes compagnons oniriques et moi-même, ce n’était ni la beauté de ce temple du savoir, ni le silence qui y régnait, mais bien les douceurs de cette bibliothécaire attentionnée : de la nourriture. Si son bureau ne semblait pas foisonner de ce trésor, tous mes acolytes furent généreusement servis. Vint mon tour. Je pris un plat que je n’eus pas identifié immédiatement. Peu après, je me rendis compte que j’eus choisi une part de pizza que mon inconscient espiègle me commanda de reposer à sa place. Pourquoi ? Je pensais que ce morceau de pâte et de tomate était destiné à des associations caritatives. J’allai à nouveau voir la bibliothécaire et reposai sur son bureau trois petites coupes respectivement remplies de parmesan, de lait caillé et d’une troisième substance non-identifiée. La magie des rêves. La scène changea subitement quand nous nous retrouvâmes tous autour de notre archiviste favori. Et il était là, dans un nouveau costume à la chevelure brune et à l’âge éminemment adulte. Il parlait à notre hôtesse sans qu’elle soupçonne le danger auquel elle faisait face. Je me tins à ses côtés et vis, à ma grande surprise, et cela confirmait mes craintes, deux petites mains infantiles sortirent de la braguette de cet illusionniste. Il s’en rendit compte, fit un pas de recul et, comme si une scène coupée au montage empêchait tout raccord cohérent avec le reste du film, il reparut en costume de femme élégamment habillé d’une robe rouge à pois blancs. Il se cambra, laissant apparaître toute la subjectivité de ses courbes quand cette petite peste blonde revint hanter mon voyage chimérique. La créature était revenue et m’isola dans un coin de l’immense bibliothèque. Nous n’étions qu’à quelques mètres de mon groupe, mais il me parut que le monde ne se résumait plus qu’à ce démon et à moi-même. Il ne prononça aucune parole, laissant la difformité de ses traits exprimer une volonté qui me semblait claire initialement, mais qui maintenant n’a plus de sens. Les commissures de ses paupières se redessinèrent, s’étirant en direction de l’arête du nez et entraînant dans leur mouvement le tracé des yeux. Un regard froid et agressif fut le résultat de cette prouesse transformiste. Son sourire prit une apparence inquiétante quand il révéla les pointes tranchantes fixées à sa mâchoire. Tout son visage se distendait et se retendait; la couleur de sa peau alternait entre un violet rosé et un blanc pâle. Pourtant, cet animal infernal ne reprit jamais complètement son apparence originelle; il avait le contrôle. Puis, plus rien. 

                           Rêve 5,

                                                                                                                                                                    J’étais dehors dans la rue. Le ciel était nuageux, mais la lumière perçait encore. J’entendis des chants festifs. Ma démarche était rectiligne et arrivait au niveau d’une cours de récréation. Un homme, micro à la main, me doubla. Il chantait et les immeubles se chargeait de relayer son message dans les airs. Je l’imitais mais, ne connaissant pas les paroles, seul l’air de sa chanson me tournait dans la tête. Puis, plus rien. 

Histoire d’une vie rêvée.

                                                                                                                                                                  Chapitre 3 : 

                                                                                                                                                                  Nuit du 30 au 31 Mars. 

                                                                                                                                                               

Je me rendais à mon cours de Jujitsu brésilien avec mon ami Adriano. Nous déambulions dans le métro à la recherche de la ligne 15, facilement reconnaissable grâce à sa couleur jaune. « Mince, je n’ai pas mes affaires pour le cours, je dois repasser par chez moi », m’exclamais-je. « Le problème c’est qu’il est déjà 4h12 et que le cours commence à 5h30, je n’aurai jamais le temps ». Nous entrâmes dans les toilettes de la gare, mais sortîmes aussitôt. A la sortie des toilettes, je croisais un ami d’enfance, Eddy, torse nu et tout aussi surpris que moi de cette rencontre fortuite. Adriano et moi continuèrent notre chemin sans nous arrêter quand Eddy nous lança « quatrième deux – 4°2 ? ». Je me retournais, son regard intercepta le mien, je savais qu’il parlait du collège. « Ne prend pas de coton pour le cours, ça se mouille facilement », déclara Adriano. Nous montâmes les escaliers de la gare, passâmes les portiques grands ouverts, pass navigo à la main, sans même valider notre titre de transport. A mon tour d’être torse nu. Nous croisâmes un militaire armé de son FAMAS; il ne fit aucune remarque. Nous cherchions notre métro dans ce labyrinthe sous-terrain, puis, sans m’en rendre compte, nous nous retrouvâmes dans un bus à deux étages. J’étais au premier et Adriano au deuxième. Je m’installais dans le fond du bus et vis une femme, au premier rang, cajoler je ne sais quoi. Elle était belle, blonde, les yeux clairs; je n’aperçus pas l’entièreté de son visage. Mes affaires et mon derrière monopolisaient une banquette entière, mais pour aller où ? Je ne savais pas quel arrêt menait à la ligne A du RER. Je fis des signes de main à Adriano, qui était toujours au second étage, mais que je pouvais voir par la fenêtre – drôle de bus – et lui demandais, en lui indiquant un certain nombre de doigts, dans combien d’arrêts je devais descendre. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept; il répondit quatre. Je sortis un livre. 

En un éclair, j’étais à l’heure pour ma séance de massage, un massage shiatsu, c’est plutôt adapté pour mon train de vie. Une fois encore, mon rêve me transporta dans un lieu que je n’avais pas anticipé : une salle d’attente. S’y trouvait une jeune femme, brune, assise dans un coin de la pièce. Pour tuer le temps, j’eus l’occasion de disséquer l’organe génital masculin : testicule, bourse, épididyme, canal déférent, prostate, j’avais entre les mains presque toute la collection reproductive de l’homme. Armé d’un couteau, j’entamai machinalement une analyse minutieuse de cette partie de corps dont seule la surface était visible sur le mien. Je dépeçais la peau, sectionnais artères et conduits visqueux, faisais attention à ne pas abîmer les gonades toutes cerclées de veines bleues et rouges. J’imagine que ce que je retiens de cette expérience c’est que la réalité doit être bien différente du rêve. Deux petits tuyaux blancs apparurent là où se tenaient mes parties intimes. Ils remontaient jusqu’à mon nombril puis redescendaient sous la surface et prenaient l’apparence d’ailes de papillon. Ma main épousait toujours le manche du couteau que j’utilisais pour mes petites expériences. Aussi eussé-je éviter tout mouvement brusque afin de préserver mon ébauche d’aile de papillon. 

Je sentais le regard de ma spectatrice, mais ne le rencontra pas. Quand j’eus fini, je plaçais délicatement ce qu’il restait de mes affaires personnelles dans un coffre où l’ordre régnait avant que ma main n’y introduise le chaos. Je fermais cette imposante malle à double tour, rangeais la clé dans mon sac. Puis, plus rien. 

Rencontrer, c’est découvrir.

                                                                                                                                                                          La coquetterie est en caisse. 

                                                                                                                                                                    Ce matin, je me trouvais dans un labyrinthe, un labyrinthe de fruits, de légumes, de produits frais, et décoré aux couleurs de Pâques. Pour sortir de ce dédale, je devais remplir mon petit panier de plastique vert des aliments que je désirais manger pour les repas à venir. Mais le défi ne s’arrêta pas à cette simple collecte : je dus également esquiver d’autres explorateurs. Panier en mains, certains eurent même l’audace de pousser un de ces chariots de métal à la contenance quasi-infini, si on se borne à une semaine de nourriture. Les jambes entrainaient les désirs de leur propriétaire vers les couloirs les plus pertinents ; les mains tâtaient des denrées plus ou moins périssables à court terme ; les regards fuyants se plantaient dans des tableaux nutritionnels et des étiquettes ésotériques sur lesquelles un nombre, inscrit en lettres noires épaisses et magnifié par un léger fond jaune canard, captait l’attention de ses lecteurs. Mais l’ultime épreuve fut ce sphynx féminin. Une fois traversée la Vallée des Reines, je fus obligé de lui montrer mes réponses à l’énigme appelée repas des prochains jours. 

Ce petit bout de femme fut, du haut de ma courte vie, la caissière la plus coquette que je n’eus jamais vu. Si un concours de style devait être organisé au sein de son royaume alimentaire, où l’avifaune mécanique locale émet de drôle de bip, bip, biiiiip, elle raflerait tous les votes d’approbation haut la main. La poudre qui recouvrait les traits de son doux visage, poudre de couleur rouille légèrement nuancée par des tons clairs caractéristiques du sable de plage, accentuait la finesse de ses pommettes et effaça, par le même effet, l’apparence pouponne de ses joues rondes ; son ligneur transformait son regard en un bassin de couleur si profond que la noyade devenait une issue crédible. Fatale. Ses lunettes, dont la partie supérieure de sa monture noire était rectangulaire et se terminait par une partie inférieure à courbure ovale, lui donnèrent un air sérieux et confiant. Son poignet gagna en singularité quand je j’aperçus ce bracelet de couleur dorée, aussi appelé Apple Watch. Une longueur d’avance sur le Monde. Ses ongles, que dis-je, ses griffes bleu-électriques s’accordaient parfaitement avec l’élément ultime de l’élégance, cette petite touche indispensable imposée par un certain Covid-19 : une visière en plexiglass. Le cerceau, bleu-électrique lui aussi, tenait en équilibre sur le délicat crâne de cette impératrice de la mode grâce à une petite cordelette blanche terminant sa course en une double-nœud juste sous une queue de cheval méticuleusement travaillée. La barrière de cristal descendait jusqu’au menton de notre hôte et lui évita, à n’en pas douter, le désagréable contact avec la contamination du monde extérieure. Mais l’élégance, le charisme, la grandeur de cette créature ne pouvait que bénéficier de cet apparat hors-normes. Quel envoûtement. 

Histoire d’une vie rêvée. 

                                                                                                                                                                  Chapitre 4 :

                                                                                                                                                                  La nuit, mes yeux se font lourds. Quand cela arrive, je voyage dans un monde infini et absurde, élégant et insolite. Quand cela arrive, la perte de contrôle est totale et suivre le cours de mes songes est la conduite naturelle à adopter. Quand cela arrive, ce sont des chapitres entiers, pourtant encore vierges de mes mémoires, qui prennent vie.

   

                      Rêve 1,

                                                                                                                                                                   Ce premier rêve m’emmena dans une immense demeure, si grande que mon inconscient n’en sélectionna qu’une partie à visiter. Je rencontrai mon ami Marcelo, je ne sais plus où, je ne me souviens ni de son visage ni de sa voix, mais je savais que c’était lui. J’entrai dans une pièce. Au centre se trouvait un petit tapis d’Iran de couleur rouge et jaune. Le dessin, bien que simple, était très bien exécuté. Dos à moi, assis en tailleur sur ce sol habillé, se trouvait un jeune homme brun aux traits délicats. Il fixait du regard un amplificateur de guitare électrique duquel, soudain, s’échappa une voix masculine. J’étais terrifié car je pensais avoir affaire à un fantôme ou à un esprit maléfique. Je me voyais déjà dans un cauchemar. Le jeune homme se tourna vers moi et m’invita à écouter. Je ne me rappelle pas d’une éventuelle suite. Je retrouvai Marcelo dans un escalier blanc en colimaçon, nous le descendions, j’étais en tête. Soudain, nous nous retrouvâmes dans le sens inverse, nous remontions l’escalier. Arrivés en haut, nous rencontrâmes un autre homme. Clairement, c’était un fantôme, mais son apparence physique ne laissait rien transparaître de son aspect spectral. Puis, plus rien.

     

                Rêve 2, 

                                                                                                                                                                                                                         Lieu : inconnu. Etat : presque aucune âme dans les environs.

Objectif : aucune idée. 

Dans ce qui semblait être un restaurant ou un bar, j’étais là, seul. Seul jusqu’à ce que le déplacement de mon corps déverrouillât, comme dans un jeu vidéo scénarisé, la suite de mon voyage onirique : une forme humaine non-identifiée passa derrière le comptoir puis s’évapora. Je me frayai un chemin jusqu’au fond du restaurant quand je tombai, à ma grande joie, sur une caisse remplie d’appétissants cookies. Je savais qu’ils ne m’appartenaient pas, je pris donc le soin de sonder mon environnement afin de ne pas être pris la main dans le sac. Deux cookies en main, votre petit chapardeur prit la poudre d’escampette. J’avoue ne pas me souvenir si je voulais les manger ou non. 

Sur un petit chemin de béton, je constatai qu’une racine née d’un arbre aussi grand qu’un brachiosaure, poussait l’asphalte de toutes ses forces pour atteindre la lumière. Quelqu’un arriva dans ma direction, c’était Diego, un ami de l’université. Je le reconnus instantanément à sa démarche et à ses vêtements vert-sombres et blancs. Par contre, quelle ne fut pas ma surprise quand, sur son crâne rond, je vis, à la place de sa petite mèche brune, une tonsure imitant les anciens codes vestimentaires chrétiens ? Souhaitait-il se distinguer de notre monde barbare ? Nous nous croisâmes en feignant de ne pas nous être vus. Puis, sans avertir, je me retournai et le saluai. Il me rendit la pareille. Je lui tendis un de mes deux cookies qu’il accepta avec un plaisir non dissimulé. Nous nous dirigeâmes vers le restaurant. 

En un éclair, je me retrouvais dans une chambre, sur un lit simple en compagnie de ma mère – même si je n’ai pas vu son visage, je savais que c’était elle – et d’une femme, blonde aux yeux clairs, visiblement en surpoids et elle-aussi semblait avoir sombré dans l’inconstant monde chimérique qu’est le rêve. Elle dormait les yeux fermés – comme souvent chez les humains – et jamais ne les rouvrit  : comment eussé-je deviné la couleur de ses yeux dans ce cas-là ? Je le savais, c’est tout. J’ai donc vu dans mon rêve une personne qui dormait ; Dreamception quand tu nous tiens. Soudain, je me téléportai dans une seconde chambre, identique à la première, mais cette fois occupée par Diego. Il portait une combinaison blanche épaisse le couvrant de la tête aux pieds – je me demande maintenant comment il pouvait respirer ; d’ailleurs respirez-vous dans vos rêves ? – et était suspendu au-dessus du petit lit, chaque extrémité de son corps tirée par de grosses cordes rigides et reliée à une attache invisible. Puis, plus rien.

                         Rêve 3, 

                                                                                                                                                                  Xavier, une jeune femme et moi étions dans un ascenseur. Je crois avoir échangé quelques mots avec Xavier, mais je ne saurais dire à propos de quoi. Elle et lui était côte-à-côte, mais à une distance empêchant le contact si les bras ne fussent pas déployés. J’étais face à eux et les regardait. Je crois qu’ils me regardaient également. L’intérieur de l’ascenseur était spacieux, mais sombre. Du gris, du noir et une faible lumière blanche diffuse. Les deux étaient clairement habillés pour sortir. Moi aussi, peut-être. Puis, plus rien. 

Histoire d’une vie rêvée.

                                                                                                                                                                   Quand je rêve, tout me paraît normal ; les retournements de scénario, les personnages insolites, les décisions absurdes, les univers fantastiques… Et je finis par me réveiller, je retrouve ma réalité, ma normalité, et je pense : why so serious

Chapitre 5 :

                                                                                                                                                                                                     Rêve 1, 

                                                                                                                                                                   Je suis là, en pied de grue sur le trottoir. Des manifestants s’agitent devant moi ; on me chuchote qu’ils défendent une sorte de pilule – pour quelle fin ? Il n’y a que des hommes dans cette foule difforme. Puis, tous se retrouvent au sol, allongés, sans identité, on aurait dit des sacs de couchage. Deux hommes, chacun ayant pris pour cible deux hommes visiblement du Continent Noir, laissent libre cours à leur impulsivité. J’assiste à la scène sans réellement en faire partie ; ces contre-manifestants exigent maintenant de leur proie qu’elles fassent des exercices de musculation. Bon, pourquoi pas. Je marche en direction d’un arrêt de bus situé au bout de ce trottoir bruyant. Arrivé à destination, je fais demi-tour et me dirige vers l’entrée d’un bâtiment. J’y rencontre un homme, du Continent Noir également, appuyé sur les portes automatiques. Je lui demande des éclaircissements sur ce qu’il vient de se produire – entre-temps, toute trace de la manifestation s’était envolée – il me répond, son regard plongé dans le mien, mais je ne me rappelle pas sa réponse. Alors j’entre dans le bâtiment ; on dirait une station de métro, vide à certains endroits, inondée d’humains à d’autres. Une jeune femme est assise en tailleur près d’une baie vitrée ; je me dirige vers elle et entame la conversation. Elle me parle des contre-manifestants – du moins c’est ainsi que je les identifie ; ils sont à l’extérieur, en groupe et tourne autour du bâtiment. Elle m’explique, « ils n’entreront pas. » « Pourquoi ? », demandais-je, « Ils respectent votre territoire, comme une tribu ? ». « Oui ». Réponse simple. Puis, plus rien.

                          Rêve 2,

                                                                                                                                                                  Mouvement de foule dans la rue. On entend des cris, des chants, du passage. J’étais au premier étage d’un petit immeuble. Au premier étage, mais j’observais la foule au niveau du trottoir, derrière un fin rideau de lin jaune délavé aux motifs orange indescriptibles. Je dus avoir peur de ce mouvement car je tirai au maximum le rideau, ce dernier ne couvrant pas l’entièreté du cadre de la fenêtre. 

Et me voilà sur le toit de l’immeuble. Je me rends compte qu’il était assez bas, cet immeuble. Comment ? Un homme était accroché à une expérience ratée ayant tenté d’unir un lampadaire à un petit bac de couleur sombre rempli de gravier et de farine. Je vis ses deux grosses mains velues s’agripper à cet ancrage abominable. Je ne vis pas le reste de son corps, mais à en juger par la position de ses mains, je dirais qu’il faisait face à la rue. Je pris peur pour sa vie. Aussi décidai-je d’appeler le 11 – les urgences à coup sûr. Une voix répondit, mais, hésitant dans ma démarche, je ne pus clairement articuler ma pensée vacillante. Le principal fut néanmoins communiqué. Je me rendis compte que je voulais appeler le 9 – je ne sais pas à quoi correspond ce numéro. La voix au bout du fil, de tonalité féminie, me demanda toute une batterie de renseignements, nom-prénom, noms des parents, numéro de carte étudiante ; j’avais la liste de ce qu’elle me demandait sous les yeux, littéralement. 

Je me retrouve dans une rue bondée. Je ne sais pas pourquoi, mais je me dis que je suis en Corée du Sud. Après tout, les personnes qui m’entourent ressemblent à des coréens – pour ce que j’en sais de ce pays de toute façon. J’avance, traverse une grande place bétonnée, passe entre des colonnes rectangulaires imposantes, il n’y a pas d’arbre, aucune verdure ; le ciel est nuageux, mais quelques rayons nous parviennent, les gens sont vêtus de manteaux épais, et chauds j’imagine. Me voilà maintenant en intérieur, dans un bâtiment spacieux. Le sol et les murs diffusent intelligemment une source de lumière que je ne vois pas. Je cherche un restaurant, hésite, fait demi-tour, croise le regard d’une femme aux cheveux bruns lisses, aux yeux noirs et à la peau couleur lis. Puis, plus rien. 

Histoire d’une vie rêvée. 

Chapitre 6

                                                                                                                                                                  Quand mon esprit est désordonné, désaccordé, fatigué, le rêve intervient, et avec lui son ami le Chaos. Ils mélangent tout, jettent mes pensées dans un tourbillon d’absurdités ; ils me font vivre des choses impossibles, inimaginables, qui défient les lois de notre physique. Pourtant, le matin, mon esprit est apaisé, il sonne juste et entend à nouveau les notes de ce monde fascinant. 

                                  Rêve 1, 

                                                                                                                                                                  Nouvelle nuit, nouveau projet. Cette fois, j’écris une pièce de théâtre ! Pas n’importe laquelle cependant, une pièce de théâtre sans univers, sans personnage, sans dialogue, sans entracte… Est-ce bien une pièce de théâtre dans ce cas ? Je réponds que oui ! Pour lui donner vie, je n’avais besoin que de rentrer, sur une application mobile, le nom de la pièce et… sa forme juridique. Soit. Mes amis, Mathéo, Federica et d’autres personnes non-identifiées, excités comme des puces, me regardèrent avec la plus grande intention et me questionnaient sur le titre de ce projet qui, à coup sûr, prendra vie, mais pas là où on l’attend. Puis, plus rien. 

                                 Rêve 2, 

                                                                                                                                                                  Petit tour au restaurant. Après tout, cela faisait longtemps que je n’avais pas dîner de la sorte avec mes parents ; dans un prestigieux endroit où les tables sont élégamment drapées, où des clients rigides aux derrières encombrés par une multitude d’objets volumineux ne sont plus capables de se mouvoir en public, où les serveurs, du fait de leur professionnalisme exacerbé, sont envahissants, où ce que vous avez dans l’assiette vous oblige à dîner une seconde fois chez vous. 

Note au lecteur : voyez l’étendue de mes préjugés car je n’ai jamais dîner dans pareil endroit. A la maison, on s’assoit par terre, humains, chiens et poussière, parfois en rond, et on mange beaucoup. 

Je suis donc dans ce restaurant et je constate que j’ai de l’avance sur mes parents. Alors j’attends ; je patiente ; je me tourne les pousses ; je gobe une mouche ; je rêvasse. J’observe une table. Dessus s’y trouvent une bouteille de vin, bien large, et des moitiés de kiwi, nombreux. C’est ma table j’en suis convaincu. Je reste immobile. Je veux travailler. Le serveur m’indique une table, je prends une autre direction. Je tente de glisser mon train arrière entre deux tablées : celle face à moi manqua de justesse de perdre sa nappe, ses couverts, ses denrées et le calme de ses occupants, à cause d’un léger accrochage avec le tissu de mes vêtements. Le serveur me regarde, je sens que sa patience a des limites. Nous nous retrouvons à côté d’un meuble de bois massif et de métal noir. Il me demande si je veux allumer le feu. Je regarde au niveau de la base du meuble, y voit du polystyrène près à s’enflammer et répond par la négative. Une femme s’exprime, « J’aime bien me sentir à la plage ». C’est à ce moment là qu’un homme se lève, pieds nus, et enjambe une large bande de sable reliant les deux opposés du restaurant. Le feu s’allume. Soudain, qui vois-je ? Mes parents, assis à une table, une bouteille de vin vide. Je m’approche de leur table et leur dis « Vous êtes déjà là ? Ça fait une demi-heure que je vous attends ! » ; Eux n’ont pas attendu. Je me tiens, penché sur la table, puis accroupis, entre mes deux géniteurs. Lui est enjoué et s’amuse ; elle affiche un grand sourire et se laisse câliner la jambe droite. Oui, ça se voit, même sous une longue nappe blanche. Devant mon père se trouve un grand sac plastique rempli de pelures de pommes de terre. Pour le jardin j’imagine. Mon père est maintenant agacé. Le serveur est sur son dos car il joue avec un grand couteau tranchant. Il fait des gestes dans tous les sens, ce basque irrité, que le couteau s’empresse d’absorber pour entamer une démonstration de glisse sur la table. Il tourne, glisse et finit par tomber à mes pieds, où seules des claquettes assuraient ma protection. « Tu veux me le mettre dans le cul ton couteau ou quoi ? », lançai-je élégamment. Mon père m’ignore et nous apercevons le serveur arrivé. Il parle beaucoup, ramasse le couteau et s’éloigne à reculons tout en continuant sa campagne de sensibilisation contre les objets métalliques coupants. Je m’assois et, sans attendre, suis servi. Je n’ai rien commandé, aussi passe-je ces mets à mon père ; un premier semblable à une purée ; un second captivant mon œil de carnivore occasionnel : un morceau de viande de deux centimètres sur trois se ressourçant dans un bain d’huile orangeâtes. Puis, plus rien. 

                               Rêve 3, 

                                                                                                                                                                   Je me tiens face à un immeuble, à environ une cinquantaine de mètres. Il est gris, sans fenêtre et son intérieur ne reflète que la noirceur d’un lieu sans vie. A l’extrême droite du deuxième étage, une jeune fille, une enfant au haut rose et aux bas gris. Elle a une corde autour du cou ; je connais ce nœud. Elle lance des gestes désarticulés dans toutes les directions ; elle crie, pleure, ferme les yeux puis, finalement, se jette dans le vide. Son corps délicat est retenu par son cou, lui-même retenu par une corde accrochée à un ancrage invisible. Elle continue sa danse frénétique. Je suis en dessous, j’implore qu’elle se laissât tomber, je la rattraperai. Une carcasse de voiture miniature tombe. De son toit absent s’échappe la petite, et derrière celui-ci un visage pâle apparaît. Un bras se lance dans les airs puis retombe dans le néant. La petite fille a disparu. Puis, plus rien. 

                                 Rêve 4, 

                                                                                                                                                                  Une chambre. Sur ses murs est collée une collection de posters d’un homme, la trentaine, imberbe, musclé, sur certains avec des lunettes de piscine, sur d’autre avec de la fonte entre les mains. Il apparaît dans ce qui semble être une campagne publicitaire. Il s’échauffe, fait tourner ses bras, nage en eau ouverte, monte sur un ponton et entame un texte accrocheur dont je ne me rappelle pas le contenu. Il parle de l’Akita Inu, un chien japonais originaire de l’île de Honshu au Japon. Il vante ses qualités physique et intellectuelle. Un chien apparaît, dans un parc, il parcourt un chemin de dalles. Ce n’est pas un Akita, mais un croisement avec un bulldog. Ça me surprend ; publicité mensongère. On enchaîne avec un autre plan où deux enfants s’éloignent, sur le même chemin, dans le même parc, dos à la caméra et laisse à la main. Puis, plus rien. 

Gaggou

15e jour de confinement : 30 mars 2020. On rentre dans la 3e semaine de cet interminable confinement…. Tout en respectant l’heure de sortie et le déplacement à moins de 1 km de mon domicile, je suis allée faire mon petit footing habituel ! Tout compte fait, je compte bien maigrir pendant cette période 😉 Finalement, pour une fois qu’on a le temps de faire du sport, autant en profiter, n’est ce pas ? Rassurez-vous, je ne sors pas tous les jours, tous les 2-3 jours ! A ce sujet, j’ai une petite anecdote croustillante à vous raconter…. J’ai perdu ma carte d’identité ! Oh ! Et oui, je sais, c’est pas très malin :/ Vous savez quoi, il n’y a pas que des gens malintentionnés sur Terre ! Facebook est toujours bien utile…. Un gentil jeune homme m’a appelé pour me signaler qu’il l’avait retrouvé, alors nous nous sommes donnés rendez-vous devant un supermarché et voilà je l’ai retrouvé 🙂 J’ai vraiment eu de la chance…  

16e jour de confinement : Baisse de moral ce matin ! Je me lasse de mon quotidien actuel, et ma vie d’avant me manque… ce qui m’a fait me rendormir, sûrement pour la première fois de ma vie :/ À cela s’ajoute un manque de motivation et d’envie de travailler, alors je me laisse bercer par une de mes séries préférés, 100e fois que je la regarde, les dialogues connus sur le bout des doigts, mais les cours de physique quantique, c’est un autre débat… Etant donné que les compétitions sportives sont suspendues pour le moment, l’Équipe 21 (la chaîne de sport gratuite) a pris la décision (croyez-moi c’est « the » décision !) de repasser des « matchs de légende ». 20h30, c’était France-Argentine, 8e de finale de la Coupe du monde 2018, pour nous contenter ! Oh ce match ! Comment peut-on l’oublier…. Il a marqué l’aventure des Bleus dans cette compétition et a fait naître deux étoiles dans les yeux des supporters français 😉 

17e jour de confinement ! Poisson d’avril 😀 ! Et bien pour une fois, non ce n’en est pas un ! Nous sommes bien le 1er avril, c’est le 17e jour de confinement. J’aime le mois d’avril, ça signifie tellement de choses belles : le printemps, les jours qui rallongent, les fleurs éclosent, les petits oiseaux qui chantent… et aussi les vacances d’avril ! Bien sûr, comment les oublier !? En avril, ne te découvre pas d’un fil ! Vous n’avez jamais compris ce dicton ? Rassurez-vous, moi non plus ! Mais en cette période, j’ai eu la chance de me remplir la tête de plein de savoirs. Ce proverbe nous dit simplement qu’il faut faire attention à ne pas trop se découvrir à l’arrivée des beaux jours, et donc risquer de tomber malade. En ces jours, tomber malade, on connaît bien, n’est-ce pas ? 😉 Un peu de sérieux, Garance ! J’avoue, je ne devrais pas rire avec cela… En plus, pour en rajouter, le père de ma meilleure amie est tombé malade, il est à l’hôpital, et j’ai peur pour lui, depuis le temps que je le connais… c’est pas trop la joie :/ 

18e jour de confinement : Nous sommes le 2 avril 2020, et cela fait 1 mois, jour pour jour que j’ai 21 ans ! Et ces temps-ci, je n’en ai pas profité énormément 🙁 Vous connaissez le film Seul au monde ? Aujourd’hui, bizarrement je comprends ce que ressent Chuck Noland…. Vous savez c’est l’histoire d’un homme qui a pris un vol en urgence en avion cargo pour suivre un de ces colis, direction la Malaisie, l’avion s’est crashé à cause d’intempéries très violentes, il est l’unique survivant, se retrouve sur une île déserte dans l’océan Pacifique et essaye de survivre tant bien que mal durant quatre longues années. Il deviendra ami avec un ballon de volley-ball, au doux nom de Wilson. De mon côté, je n’ai pas la compagnie de Wilson, mais d’Adidas, un ballon de foot tout aussi sympathique 😉 J’exagère un peu je sais, mais si vous n’avez jamais vu ce film, honnêtement il est super intéressant et pendant cette horrible étape de confinement à vivre, ce film peut parfois rassurer. Quand vous n’allez pas bien, pensez à Chuck, après cela va beaucoup mieux 😉 ! 

19e jour de confinement : Nous sommes le 3 avril 2020 ! 2 bonnes nouvelles aujourd’hui ! Et pour vous répondre, cela existe encore. J’ai eu une très bonne note à mon DM d’Electromagnétisme 🙂 Une pandémie et un confinement, pour que j’ai enfin une excellente note à un CC dans cette licence de physique… Le pangolin va devenir mon animal totem 😉 De plus, on a reçu un mail du responsable de la licence de physique, qui nous a affirmé que les examens de fin d’année seront décalés en juin, donc un mois de plus pour réviser ! Mais il a aussi annoncé que nous ne serions notés seulement sur les parties de cours vues avant le confinement, c’est à dire que les notions qu’on travaille en ce moment ne compteront pas à l’examen final ! Chouette ! 😀 Vous aimez la cuisine ? Ajoutez un yaourt à la fraise dans votre gâteau au yaourt, c’est tellement bon ! Petite astuce cuisine pour vous servir 😉 Oh ! Dernière chose : Bonnes vacances ! 

20e jour de confinement : Premier jour de vacances, depuis Noël ! Je les attendais avec impatience et pour fêter cela, c’est grand soleil à ma fenêtre ! Et ce beau soleil m’a motivé à nettoyer et ranger ma salle de bain, qui en avait vraiment bien besoin 😉 J’ai retrouvé un objet tellement précieux et si on m’avait dit que j’allais le trouver ce matin, j’aurais bien ris. Le bracelet de ma naissance, avec écrit le jour, l’heure de ma naissance, la chambre de ma mère et bien évidemment mon prénom et mon nom ! Mais nan ? Et oui, c’est bien vrai ! J’avais vraiment un tout tout tout petit poignet, c’est simple, pour vous donner un ordre de grandeur, c’est mon petit doigt maintenant ! 😀

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