Dans le sillon de Jeune et Jolie ou encore Frantz, qui soulève tragédies et vérités éclatantes, c’est un nouveau chef d’œuvre que François Ozon dessine durant 137 minutes. Le cinéaste français nous emmène dans ce que dénonce l’actualité, Grâce à Dieu.

« La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits », réplique du film aussi insupportable que révélatrice ; ce film engagé soulève une réalité écœurante d’un drame collectif, celui de la pédophilie dans l’Eglise. Sur fond d’histoire déterrée et de parole libérée, Alexandre, père de cinq enfants, décide que son passé ne doit plus être synonyme de non-dit. Pour lui, pour ses enfants, pour les autres, il ne faut plus avoir peur de parler. Grâce à lui, des profils de victimes s’enchaînent et se déchaînent, tous différents, tous liés par le secret. Secret rompu par Alexandre. Certains nient, certains acceptent, certains doutent, certains craignent. Ils s’allient et se battent pour briser le silence. Et si, pendant longtemps, l’Eglise a protégé les siens, étouffée par la déni et l’inaction, elle doit aujourd’hui rendre compte des actes qui ont été commis. Entre le monopole de la croyance et du pardon, le patriarcat catholique doit rendre justice d’un passé insoutenable. Grâce à Dieu est juste et vrai. Il bouscule, il marque, il nous laisse sans voix dans l’atmosphère sereine mais tourmenté d’un sentiment achevé. Il ne manque pas d’admettre les torts et les remords des uns et des autres sans rentrer dans l’exagération et la démesure. Ne pas avoir peur de bousculer des codes tant familiaux que sociétaux, tant alarmant qu’énervant, serait, je crois, la meilleure leçon que François Ozon donne.

Grâce à Dieu, François Ozon – 2h12 (disponible à la demande sur OCS) avec Melvil Poupaud, Swann Arlaud,Denis Ménochet et Eric Caravaca. 

 

Delphine ORARD 

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