La musique et le silence. Deux compagnons qui rythment et ponctuent le fil de nos vies incessamment depuis bien des millénaires. Notre société du XXIe siècle semble tendre irrésistiblement vers l’absence de calme, cohabitant ainsi dans l’omniprésence des sonorités. Devant ce constat, certains discernent en cette inclination une forme de crainte de l’insonorité, assimilable à la peur de l’obscurité. En effet, du réveil au coucher, nous avons développé une accoutumance et une complaisance au tumulte ambiant : se tirer du sommeil en lançant les informations, enfiler ses écouteurs dès que l’on met un pied dehors pour boire les paroles de nos playlists préférées, relire ses notes de cours tout en fredonnant un air qui a élu domicile dans notre tête, ou encore chercher les bras de Morphée grâce à des vidéos de relaxations comme l’ASMR en guise de berceuse.
Si le dernier rapport de l’OMS sur la déficience auditive confirme l’ancrage et la généralisation de cette tendance au cours des dernières années, l’amplification du recours à la musique au sein de notre quotidien a parallèlement engendré un effet bénéfique sur la santé. En particulier, il est désormais reconnu que la musicothérapie est un traitement efficace pour les personnes atteintes d’autisme, d’alzheimer, de troubles du sommeil ou d’anxiété.
Plus généralement, son succès à travers les âges tient à sa manoeuvrabilité : elle s’adapte à n’importe quel contexte, est source d’expression créative illimité, s’apprécie tant par l’écoute qu’à la composition, engendre une identité qui lie au-delà des différences de l’individu, et représente une échappatoire saisissable par quiconque. Au-delà de ses notes harmonieuses, les moyens d’application d’une mélodie sont riches et variés ; elle apaise les maux comme elle incarne des revendications sociales profondes.
Aux allures de constante universelle, la musique est finalement devenue un partenaire intemporel de l’Homme, vibrant de concert avec son temps sans jamais être dépassée.
Margaux ABELLO