2021 a représenté un tournant pour l’industrie du tourisme spatial. Plusieurs milliardaires ont effectué leur premier voyage autonome dans l’espace via leurs compagnies privées. Si pour le moment ces expéditions restent réservées à une élite ultra-riche, il semble que le tourisme spatial soit en voie de devenir une réalité de plus en plus concrète pour les années à venir.
Le premier vol habité de Blue Origin
Après le milliardaire britannique Richard Brandson, qui avait voyagé à bord de son vaisseau Virgin Galactic le 11 juillet dernier, c’est au tour de Jeff Bezos de s’envoler vers l’espace. Le 20 juillet, cinquante-deux ans jour pour jour après les premiers pas de Neil Amstrong sur la Lune, le fondateur d’Amazon a réalisé le premier vol habité de son entreprise Blue Origin. A bord, quatre passagers: Jeff Bezos, son frère Mark Bezos, Wally Funk, une pionnière de l’aviation américaine qui rêvait d’aller dans l’espace, et Olivier Daemen, un jeune Néerlandais de 18 ans. Celui-ci était le gagnant des enchères qui avaient débutées mi-juillet pour choisir l’heureux élu, quatrième passager du vol. Daemen avait obtenu sa place pour la modique somme de 28 millions de dollars, faisant de ce vol le premier avec un passager payant à bord. Il est, par la même occasion, devenu l’astronaute le plus jeune de l’histoire, tandis que Wally Funk en devenait la plus âgée.
Onze minutes à la frontière de l’espace
Les quatre passagers ont décollé depuis le désert occidental du Texas aux alentours de 8h11 (pour revoir le décollage, c’est ici). Leur vaisseau, le New Shepard, est monté jusqu’à une vitesse maximale de 3 595 km/h pour se stabiliser quelques minutes à 105 kilomètres au-dessus du niveau de la mer. Cette distance correspond justement à la ligne de Karman, qui marque la limite entre l’atmosphère terrestre et le reste de l’univers. Ainsi, ils étaient officiellement dans l’espace, dépassant le vol de Richard Brandson qui était resté au sein de l’atmosphère terrestre. De là, les participants ont pu détacher leur ceinture et flotter un moment en apesanteur, tout en contemplant la courbe de la Terre et le noir de l’Univers. Puis, la capsule est redescendue en chute libre, déployant trois parachutes géants. Onze minutes après avoir décollé, l’équipage était de retour sur la terre ferme. A sa sortie de la navette, Jeff Bezos a déclaré que ce voyage, un des plus beaux moments de sa vie, lui avait permis de prendre conscience de “la beauté et de la fragilité” de la Terre.
Blue Origin, une compagnie qui vise les étoiles
L’ex-patron d’Amazon ne compte pas s’arrêter en si bon chemin: « Nous allons construire une route vers l’espace pour que nos enfants et nos petits-enfants puissent construire l’avenir », a-t-il déclaré plus tard à l’occasion d’une interview. L’entreprise Blue Origin avait été créée en 2000 avec pour objectif de construire des colonies spatiales, soutenues par gravité artificielle, où les gens pourraient vivre et travailler. La compagnie de Jeff Bezos souhaite à l’avenir devenir un partenaire privilégié de la NASA et essaie de développer au maximum les expéditions spatiales. Deux autres lancements ont eu lieu depuis celui de juillet: l’un en octobre qui avait accueilli notamment l’acteur William Shatner, le capitaine Kirk de Star Trek, et l’autre, samedi 11 décembre dernier. Ce dernier vol a accueilli cette fois-ci six passagers, dont quatre payants.
Le tourisme spatial, terrain de convoitises et de concurrences
Blue Origin n’est pas la seule compagnie spatiale privée à se lancer dans le tourisme spatial. Elon Musk, avec SpaceX, a lui aussi lancé son propre vol entièrement automatisé en septembre dernier. Mais cette fois-ci, le voyage était plus long: les passagers ont pu rester trois jours dans la capsule, l’occasion d’admirer plus en détail la profondeur de l’Univers, et même de manger des pizzas ! Leur vitesse de 28 000 km/h leur a permis de réaliser chaque jour plus de quinze fois le tour du globe.
SpaceX cherchait à répondre à un objectif de démocratisation, en montrant que l’espace pouvait être accessible aux gens les plus ordinaires, sans formation d’astronaute. Les quatre passagers étaient en effet des débutants, même s’ils avaient suivi une formation pour être capable de reprendre le contrôle de la navette en cas de besoin.
Là encore, SpaceX compte développer de plus en plus ce type de voyages, face à une demande croissante. Une autre expédition est déjà prévue pour janvier 2022 avec trois hommes d’affaires. L’entreprise a par ailleurs fait savoir qu’elle réfléchissait à améliorer le confort à bord avec deux objectifs en tête: pouvoir réchauffer de la nourriture et installer le wifi. De quoi faire monter les enchères plus haut !
Marjolaine Milon
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Image: ©Larisa-K, Pixabay