Des années 1980 à nos jours : le règne musical norvégien

Du groupe a-ha jusqu’au musicien Kygo : des fondations nordiques plus que des vestiges

« Take on me ». En 1985, ce titre voyait le jour sous l’enseigne du groupe norvégien a-ha. « It ain’t me ». En 2017, Kygo sortait ce tube aux 600 millions de vues sur YouTube. Le temps, le genre musical, beaucoup de critères séparent ces deux piliers du quatrième art. Pourtant, ils ont un foyer commun : la Norvège.

Que représentent les années 1980 ? Une simple époque, une génération dont les membres sont aujourd’hui pères et mères de famille ? Les années 1980, c’est avant tout l’apogée d’un style musical atypique qui inspire encore les artistes contemporains du XXIe. Les reprises des musiques telles que « What’s Love Got to Do with It » de Tina Turner réinterprétée par le disc jockey  (DJ) Kygo sont la marque de cet engouement. En effet, le bouleversement des mœurs par la musique peut se retrouver par-delà les générations et les divergences. Alors nous réalisons que la Norvège est un berceau artistique d’une ampleur insoupçonnée.

Au commencement : un groupe norvégien persistant

Bien que cela puisse sembler saugrenu, le groupe a-ha se nomme ainsi car il exprime dans une grande pluralité de langues la joie et la gaieté. Rapidement associé à ce sentiment positif et à la simplicité d’un nom s’apparentant à l’interjection, le groupe a-ha connaît un succès conséquent au cours des années 1980. Il perdure jusqu’en 2010, ou une rupture s’opère. Au final, a-ha se ressoude pour sortir un nouvel album en 2015, suivi par une tournée. Dès lors, comment peut-on expliquer une emprise de plus de 30 ans sur le monde musical ? En art subjectif, la musique fait parler d’elle et hisse à son sommet le groupe a-ha, avec notamment les tubes « Take on me » ou encore « The Sun Always Shines on T.V. », dont le premier demeure présent au XXIe siècle lors de soirées festives.

Lors d’une interview pour le magazine Rolling Stone, le groupe confie ses impressions quant à leur parcours. Le claviériste Magne Furuholmen affirme que « le titre sonne encore très moderne à la radio ». En ce cas, on imagine aisément le succès fulgurant qu’a dû avoir le tube dès sa sortie. Néanmoins, la réalité nous livre une toute autre version. Il a fallu s’y reprendre à trois fois pour que la chanson perce. Cette émergence soudaine, a-ha la doit à leur clip. Vidéo que La Dépêche n’hésite pas à décrire comme étant « une vidéo qui allait devenir l’un des clips les plus emblématiques de l’époque ». « Take on me » fut premier aux États-Unis et à l’étranger. La persévérance du groupe portait  ses fruits.

Après a-ha : la fin du succès pour le pays nordique ?

La fin de la suprématie du groupe a-ha signe-t-elle la fin de l’art norvégien, ou son parachèvement ? Bien que l’Histoire ne nous permette pas de faire des rapprochements maladroits entre deux artistes d’époques différentes, il est clair que l’empire a-ha est incomparable avec celui d’ un artiste actuel. Néanmoins, il existe une continuité non négligeable entre les artistes. La preuve en est avec le DJ Kygo. Musicien norvégien né à Singapour, sa carrière commence officiellement le 26 septembre 2014, date à laquelle il remplace le DJ suédois Avicii au festival TomorrowWorld. Les années qui suivent, Kygo est demandé par de nombreux chanteurs et musiciens, dont  il a pour mission de reprendre les musiques. Il collabore avec de grands noms tels que U2, Tina Turner ou encore Coldplay et Ed Sheeran. Par ces associations fructueuses et à force de reprises, Kygo se construit un nom et une image de plus en plus solides.

Pour autant, le succès de Kygo semble hétérogène, du moins davantage que ce qu’a pu être, en comparaison , celui d’Avicii. En Norvège, le DJ s’est déjà imposé à la première position avec ses albums Cloud Nine et Golden Hour (Verdens gang). Mais dans des pays européens comme la France, il ne dépasse pas la 10e position (d’après le Syndicat national de l’édition phonographique). On note le même phénomène concernant l’Italie, où il demeure relativement méconnu.

En conséquence : continuité ou rupture ?

Un problème philosophique majeur se pose ici. Peut-on considérer une reprise, une imitation ou une réinterprétation comme une œuvre d’art ? Quand bien même nous pourrions trouver quantité de synonymes, le résultat est factuel : Kygo a majoritairement bâti son succès sur des reprises d’autres artistes. D’une part, cela lui donnait de la visibilité, et d’autre part, cela servait également les artistes qui demandaient ses services. Toutefois, cela ne vient-il pas dénaturer l’art auquel on substitue un aspect purement rentable ? Ou peut-on, a contrario, considérer cela comme une refonte de la chanson originelle dans un nouveau moule ?

De a-ha à Kygo, le problème se pose. Mais c’est avant tout universel  : nous avons tous subi l’éternelle diatribe « De toute façon, la musique, c’était mieux avant ! ». Donner gain de cause à une génération qui n’est pas la nôtre, est-ce dénigrer celle-ci ? Alors en ce cas, donner son assentiment de manière aveugle à une musique pourrait-il être un acte de mauvaise foi ? La génération, les mœurs, le genre musical… Parfois tout différencie deux artistes qui se raccrochent à un seul fil : l’inspiration.

Doryann Lemoine 

Sources :

Image : ©Pexels

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