Vinyles, le phénix du vintage

Je revois encore mon grand-père venir un jour chez moi, et s’arrêter avec surprise devant un petit meuble sur lequel trônait et trône encore une platine vinyle. « Dire qu’avant, tout ça, on le balançait à la poubelle », s’exclamait-il avec une pointe de dépit dans la voix. Sans doute se remémorait-il l’époque des sixties, avec les disques des Stones à fond dans des enceintes Marshall crépitantes. Et sans s’imaginer qu’un jour ses petits enfants rachèteraient les mêmes disques, sur le même support. 

Car oui, aujourd’hui les jeunes générations écoutent principalement leur musique sur deux supports. Les plateformes de streaming, bien évidemment, mais aussi les vinyles ! 

Comme le révèle le rapport du Syndicat national de l’édition phonographique, le grand retour du disque noir se poursuit. En 2021, il s’est vendu plus de 5 millions de vinyles en France, soit environ trois fois plus qu’en 2016. 

Symbole du vintage dans toute sa splendeur, le retour du vinyle peut surprendre, lui que l’on croyait voué à disparaitre au profit des CD ou du MP3, plus accessibles, moins chers, et surtout plus transportables. Et ce renouveau n’est pas que Français, il s’observe dans le monde entier : sur la période 2019-2020, les revenus liés aux CD audio ont chuté de 23,4% aux Etats-Unis, avec une hausse équivalente pour les revenus liés aux vinyles !

Mais comment expliquer ce phénomène ? Tout d’abord, l’objet en lui-même peut suffire à plaire. A l’heure où la dématérialisation est monnaie courante, ce moindre accès physique à la musique manque à de nombreux amateurs, en plus d’une pochette qui peut parfois être une œuvre d’art à elle toute seule.

Et en musique, le plus important reste bien le son avant le support. Le débat est ici sans appel, la qualité d’écoute est réputée bien meilleure sur vinyle que sur support digital, avec une plus grande profondeur de son et de fidélité à l’enregistrement d’origine. De nombreux vieux groupes (Pink Floyd, the Doors…) ont par exemple enregistré leurs albums spécifiquement pour ce support, seul existant à l’époque. 

Subsiste cependant un problème majeur, le prix. La production des pochettes et des disques est bien plus onéreuse qu’un simple CD, et cela se répercute fortement dans les magasins. Quand le prix d’un CD est aux alentours de dix euros, il est très difficile de trouver des vinyles à moins du double du prix. Il est plus tentant alors d’écouter les Greatest Hits de Queen sur Spotify, plutôt que de débourser des sommes parfois élevées pour son équivalent disque noir ! 

Alors oui, le vinyle est cher, encombrant, poussiéreux et ne peut s’écouter dans le métro. Mais céder à son charme, c’est choisir « la qualité avant la quantité », retrouver un son des plus purs sans pouvoir passer la musique à la moitié, et avoir une étagère bien remplie de ces belles pochettes colorées.

Les jeunes peuvent particulièrement profiter de ce support en vogue grâce au Pass culture, dont le vinyle est l’un des principaux objets recherchés avec les mangas ou les instruments de musique. Mais peut-on parler d’un retour complet du vintage, alors que les vinyles de rap sont aujourd’hui les plus demandés au sein des boutiques de distribution ? J’imagine facilement mon grand-père repasser au vinyle, mais moins aisément remplacer son Supertramp par du PNL, ou son James Brown par du Eminem !

Victor Barrier

Sources : 

https://fr.statista.com/infographie/27091/marche-du-vinyle-en-france-evolution-des-ventes-et-chiffre-affaires/#:~:text=Comme%20le%20r%C3%A9v%C3%A8le%20le%20rapport,fois%20plus%20qu’en%202016.

https://fr.statista.com/infographie/27091/marche-du-vinyle-en-france-evolution-des-ventes-et-chiffre-affaires/#:~:text=Comme%20le%20r%C3%A9v%C3%A8le%20le%20rapport,fois%20plus%20qu’en%202016.

Image de couverture : © Image par Bruno/ Germany de Pixabay

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