La correspondance entre Octavio Paz et Elena Garro, reflet d’une famille déchirée

Elena Garro et Octavio Paz, deux grandes figures de la littérature mexicaine, ont vécu une longue et difficile relation pendant près de vingt ans. Mariée de force avec l’écrivain en 1937, l’autrice a eu une fille avec lui, Helena. Leur relation compliquée et le conflit matrimonial se reflète dans leurs échanges épistolaires.

Les correspondances dans la littérature reflètent la vie réelle et privée des auteurs. Leurs échanges épistolaires nous laissent entrevoir leurs relations et nous permettent de lire leur vie comme dans un livre ouvert. Jacques Derrida, philosophe français, affirmait même que les lettres sont la littérature, selon un article du journal Milenio.

La correspondance entre Octavio Paz et Elena Garro en est un exemple parlant. Elle reflète l’histoire d’une relation destructrice et les effets de l’absence de l’écrivain dans la vie de sa fille. Les lettres échangées retracent les moments de leur relation à distance souvent pour des raisons d’engagement militant. 

Dans son recueil Odi et amo : les lettres à Elena de Guillermo Sheridan regroupe 84 lettres d’Octavio Paz adressées à Elena Garro mais pas une seule de cette dernière ! Il existe pourtant bien un échange, même s’il pourrait presque être qualifié de correspondance à sens unique au regard du faible nombre de lettres écrites par l’autrice. 

Tous deux malheureux dans leur mariage, la relation se détériore et crée un climat de tension dans lequel grandit Helena.  Elena Garro se sent oppressée et soumise par son mari, allant jusqu’à faire une tentative de suicide en 1947. S’ensuivent des infidélités mutuelles et une distance qui ne fait que s’accentuer. Après leur divorce en 1959, l’exil d’Elena et sa fille, accusées par le gouvernement mexicain d’avoir participé à l’organisation des révoltes du mouvement étudiant de 1968, marque un tournant central. Elles quittent le Mexique et s’éloignent d’Octavio Paz. Dans une lettre écrite après leur divorce, l’écrivaine affirme qu’il n’a été « ni un bon mari, ni un bon père ». Elle lui demande également d’avoir ne serait-ce qu’un peu d’attention pour sa fille qu’il a, selon elle, bien trop laissée de côté.

La correspondance entre Octavio Paz et Elena Garro reflète à leur relation, celle de deux artistes consumés par la soumission, la jalousie et l’oppression dans un mariage qui les a détruits. 

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