Rachida Dati accueillie en Richelieu

Débattre en Sorbonne invite le maire du VIIe arrondissement de Paris

C’est en riche lieu qu’a été accueillie Madame Rachida Dati, le 10 novembre dernier. Invitée par l’association Débattre en Sorbonne, le maire du VIIe arrondissement s’est rendue à la Sorbonne du Vème pour discuter frontalement avec les étudiants. Dans l’amphithéâtre Richelieu, des sujets tels que la propreté de la ville, la sécurité, le budget ou encore la gestation pour autrui (GPA) ont pu être abordés.

En cette soirée du 10 novembre, Alma Mater s’est rendue à la conférence organisée par Débattre en Sorbonne, où Rachida Dati était mise à l’honneur. Maire, porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007, puis garde des sceaux au sein des deux gouvernements Fillon, Rachida Dati est membre du parti de droite Les Républicains (LR). Avec l’élection de Nicolas Sarkozy à la tête de l’État, LR et Dati sont propulsés sur le toit de la politique française. Mais cela n’a pas duré. En 2012, à l’issue du second tour de l’élection présidentielle, Sarkozy tombe face à François Hollande du Parti socialiste (PS). Depuis, LR ne cesse de dégringoler. En 2017, suite aux accusations d’emploi fictif que l’on nomme « Penelope gate », le candidat LR François Fillon est mis hors course et termine à 20 %, échouant ainsi dès le premier tour des présidentielles. Valérie Pécresse, cinq ans plus tard, ne fait pas mieux avec seulement 4,7 % des voix. Rachida Dati, consciente des déboires de son parti, s’érige de nouveau, après 2007, en porte-parole de LR, et ce, auprès des étudiants de la Sorbonne. Faculté, soit dit en passant, réputée à gauche de l’échiquier politique si l’on s’en tient aux résultats des élections récentes. Lors de son arrivée dans l’amphithéâtre, la nouvelle ministre de la Culture se dit « ouverte au débat » et est persuadée de l’utilité d’aller au contact des étudiants.

Lorsque l’on se trouve à une conférence de Rachida Dati, on suppose que la majorité du public est en sa faveur, ou du moins, se rapproche de ses idées politiques. Force est de constater que cela est plus complexe. Bien qu’une grande partie de la salle lui soit globalement favorable, nous retenons tout de même l’intervention d’un jeune homme qui interpelle l’ancienne garde des sceaux quant à ses propos tenus sur la GPA. Rachida Dati garde la ligne politique sur laquelle elle s’était déjà fixée sur cette thématique : « Le corps de la femme devient un commerce avec la GPA, et il faut réfléchir aux conséquences que ça implique, notamment pour les enfants nés de la GPA qui, à un certain âge, se posent des questions auxquelles il est difficile, voire impossible de répondre ». 

Quant au budget, on aurait pu s’attendre à ce que Madame Anne Hidalgo, maire de Paris, soit controversée de manière virulente. L’ancienne ministre de la Justice s’est contentée de poser des questions : « Pensez-vous qu’il est normal que les rues de Paris soient si sales, alors même que le budget alloué à la propreté n’a jamais été aussi élevé [284 millions d’euros] ? ». Là-dessus, Rachida Dati exprimait son désaccord profond avec la politique menée par Anne Hidalgo : « La ville de Paris n’a jamais été aussi endettée, et pourtant la propreté et la sécurité n’ont jamais été aussi préoccupantes ». Le maire pointe du doigt l’insécurité régnant dans Paris et, contrairement aux idées reçues, même au sein du VIIe arrondissement : « Tous les jours, on nous rapporte que des plaintes ont été déposées pour agression sexuelle ou même pour viol. Vous ne pouvez plus vous promener sur le Champ-de-Mars en toute tranquillité ».

De facto, Rachida Dati tient à préserver l’indépendance idéologique de LR. Cependant, elle s’aligne sur la position d’Eric Ciotti, le président du parti, sur des sujets majeurs. Source de polémiques en lien direct avec la démocratie et l’emploi de la Constitution, l’ancienne ministre réaffirme son soutien au gouvernement Borne et au président Macron quant à l’usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution qui, rappelons-le, a pour vocation de promulguer un texte de loi sans passer par le vote du Parlement, soit du Sénat et de l’Assemblée nationale. Celui-ci a récemment été de nouveau utilisé pour le vote du budget 2024. En l’espace de dix-huit mois, le gouvernement Borne a employé le 49.3 à dix-sept reprises. Dati ne s’insurge pas pour autant : « Certains textes majeurs méritent qu’on utilise le 49.3 ». À cet égard, Rachida Dati se rapproche de la branche LR que l’on nomme « Macron-compatible » (Richard Ferrand, 2017), c’est-à-dire assimilable d’un point de vue politique aux idées de la majorité relative présidentielle, le groupe Renaissance. L’autre branche, incarnée, entre autres, par Laurent Wauquiez, se rapproche davantage des idées du RN, et représente une droite plus dure que celle évoquée ci-dessus, notamment en matière d’immigration : « Dans l’intérêt de la France, il faut faire l’union sacrée autour de mesures fortes sur l’immigration, la sécurité et le mérite » (Laurent Wauquiez, Le Figaro). Nous pourrions également mentionner Bruno Retailleau, qui a porté le projet de loi immigration au Sénat (cf. journal papier n°40). 

Rachida Dati s’est également exprimée sur les logements sociaux, intimement liés à l’immigration : « Je ne suis pas contre les logements sociaux, mais à vouloir à tout prix en construire partout, on finit avec des habitats qui n’offrent pas des conditions d’hébergement décentes ». En tant que maire d’arrondissement, la représentante LR se veut rationnelle. Se dresser contre la construction de logements sociaux serait pour elle trop radical. Elle est néanmoins consciente que « la France ne peut pas accueillir massivement si, derrière, les gens se retrouvent entassés sur le périph dans des tentes ». Derrière une rhétorique aux apparences impétueuses, on perçoit tout de même l’intérêt de Rachida Dati pour le social : « Moi, je vais sur le terrain pour me rendre compte par moi-même, et pour rencontrer les gens directement ». 

Zone grise en revanche concernant les élections européennes. Tandis que des candidats tels que Jordan Bardella pour le RN ou Léon Deffontaines pour le Parti communiste français (PCF) ont déjà commencé leur campagne pour juin 2024, LR semble à la traîne et peine à désigner une tête de liste. Les noms de François-Xavier Bellamy ou de Michel Barnier ont circulé, sans grand enthousiasme. Sur ce sujet, Rachida Dati a fait l’impasse.

Sources :

https://www.lefigaro.fr/politique/laurent-wauquiez-au-figaro-dans-l-interet-de-la-france-il-faut-faire-l-union-sacree-autour-de-mesures-fortes-sur-l-immigration-la-securite-et-le-merite-20230712

https://www.touteleurope.eu/institutions/elections-europeennes-2024-voici-les-candidats-tetes-de-liste-en-france/

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-brief-politique/elections-europeennes-lr-va-prendre-son-temps-pour-designer-sa-tete-de-liste_6028835.html

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