Un gentil, un méchant. C’est le concept originel de tout récit. Mais que se passe-t-il lorsque les deux camps sont réunis en un seul personnage ? C’est le parti qu’ont pris plusieurs genres cinématographiques, à commencer par les thrillers.
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La dualité est un thème récurrent dans ces œuvres à suspense. Nous sommes autant fascinés que terrifiés par elle. Prenons quelques exemples. Le film Fight Club est un des plus emblématiques sur ce sujet. Le personnage principal (Edward Norton) connaît une vie des plus monotones. Il rencontre Tyler Durden (Brad Pitt), un homme qui incarne tout ce qu’il n’est pas, charismatique et débordant de confiance en lui. Il est l’image de l’homme qu’admire le protagoniste. Pourtant, leur amitié fusionnelle finit par virer au cauchemar. Tyler n’est qu’une création du héros, un dédoublement de sa personnalité. À travers ce film, on comprend que les deux ne peuvent pas coexister en deux entités distinctes. Le bien et le mal en chacun doit être accepté et canalisé.
Un autre exemple ?
Dans Black Swan, la dualité est représentée à travers les rôles des cygnes blanc et noir du ballet Le Lac des cygnes de Tchaïkovski. Les deux doivent être interprétés par une seule danseuse, Nina Sayers (Natalie Portman), ce qui la mène à la folie. Alors qu’elle représente parfaitement le cygne blanc car elle est calme et « trop » gentille, le cygne noir lui demande plus de travail. Elle doit révéler sa part d’ombre, la femme sûre d’elle, charismatique et talentueuse. Elle s’immerge tant dans le rôle que cet alter ego finit par la persécuter dans sa vie quotidienne.
Pourquoi ces films nous passionnent-ils ?
Le visionnage de ces thrillers installe un sentiment de malaise, mais capte entièrement notre attention. Cette ambivalence est possible notamment car ils autorisent l’interdit. En montrant la dualité des héros, ils nous renvoient à la nôtre. Ils permettent d’imaginer notre vie telle qu’elle serait si nous avions laissé notre part de mal prendre le dessus. Cet effet peut être retrouvé dans des principes philosophiques comme celui du surhomme de Nietzsche, selon lequel l’humain a besoin d’accomplissement et de dépassement. D’où le sentiment de jalousie éprouvé par le héros envers son alter ego, ce qui entraîne souvent la fin tragique du double permettant un retour à l’équilibre.
Ludivine Pimparel