Quatre ans après la crise sanitaire : une jeunesse rétablie ? 

Le 17 mars 2020, le président Emmanuel Macron décide de mettre en place un confinement de la population pour des raisons sanitaires. Les jeunes, âgés de 16 à 24 ans, en subissent les conséquences. Tout d’abord, ravie de ce confinement parce que l’éducation est suspendue, la « génération Covid-19 » est vite rattrapée par la solitude. En réalisant un petit sondage post-covid sur 124 jeunes, nous avons constaté que 50 % des personnes interrogées durant le confinement ont ressenti beaucoup d’ennui. Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) a exposé son baromètre DJEPVA (Direction de la jeunesse de l’éducation populaire et de la vie associative) en 2021. Cette étude est réalisée chaque année depuis 2016 à la demande du ministère de l’Éducation nationale, et est pilotée par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP). Les personnes interrogées évoquent principalement l’isolement et le manque de sociabilité dus aux mesures de distanciation sociale. Cette analyse invoque les difficultés rencontrées pour les jeunes de 18 à 30 ans, attribuées à la crise sanitaire. En effet, 50 % des jeunes manquent de motivation et de relations sociales, et 26 % sont tombés dans un état dépressif. 

Les jeunes eux-mêmes avouent avoir décroché scolairement. Notre sondage indique que 30 % des jeunes n’ont pas maintenu un rythme scolaire régulier durant le confinement. La « génération Covid-19 » est la première génération qui a dû suivre sa scolarité en distanciel, puis de façon fragmentée. « Encore aujourd’hui, des jeunes ont du mal à raccrocher au monde habituel, au rythme de travail qu’exige le lycée. On a beaucoup d’absents », constate Patricia Berthault, proviseure du lycée professionnel de Sully de Nogent-le-Rotrou. Anne Ulpat, psychologue de l’éducation nationale, relève qu’on a « assisté à un décrochage scolaire massif lors de la pandémie et [que] cette tendance est restée importante depuis ». 

L’impact délétère se fait aussi ressentir dans les études supérieures avec davantage de réorientations. Déborah Caquet, professeure d’histoire-géographie au lycée de la Vallée de Chevreuse à Gif-sur-Yvette, déclare que « les élèves changent beaucoup plus de voie en première année d’études » et qu’« ils abandonnent plus facilement », en particulier pour la génération qui a obtenu son bac en 2020-2023. Beaucoup d’enseignants y voient la conséquence d’un apprentissage plus fragile au secondaire qui implique une baisse de niveau globale. Durant le confinement, les jeunes ont subi une limitation des interactions entre les professeurs et les élèves. Ce qui a entraîné un décrochage scolaire évident pour les élèves moyens. En effet, ils n’ont pas pu être aidés par des professionnels, tels que les professeurs, les conseillers d’orientation… « On peut faire l’hypothèse que la pandémie a augmenté les inégalités d’orientation », analyse le sociologue Camille Peugny. 

Anna Ulpat rappelle que les jeunes « ont beaucoup souffert de l’isolement et du manque de contacts à une période de la vie où l’on est à la recherche de l’autre, de sorties et d’expériences. Ils ont été privés de tout cela et ont connu un stress important ». En effet, une des séquelles les plus remarquables du confinement est la baisse de sociabilité. Selon notre étude post-covid, 40 % des 16-24 ans sont devenus moins sociables. Le « monde d’après », est un monde dirigé par la tendance du « slow life », c’est-à-dire prendre du temps calme, rien que pour soi, sans rien faire de particulier. 42 % des 18-30 ans déclarent davantage appliquer ce credo désormais. Ainsi, 38 % des jeunes sortent moins qu’avant le confinement, et 33 % voient moins de spectacles ou vont moins souvent au cinéma. Le confinement a renfermé les jeunes sur eux-mêmes et a atteint leurs centres d’intérêts. 

Les jeunes se retrouvent face à des difficultés d’ordre psychologique, devant les difficultés socio-économiques comme la perte d’argent ou de logement. Le baromètre DJEPVA sur la jeunesse de 2021 constate que 25 % d’entre eux ont perdu leur logement et que 21 % ont perdu leur emploi étudiant, ce qui joue énormément sur leur moral. C’est pour cela que nous analysons, selon le même baromètre en 2023, que 43 % des 18-24 ans sont au chômage et 61 % habitent toujours le domicile parental. 

La principale conséquence de la crise sanitaire pour les jeunes de 18 à 30 ans est le manque de perspective individuelle et professionnelle dans l’avenir. 

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